La Mecque: Plus de 1.800.000 pélerins pour la fête du sacrifice

La Mecque: Plus de 1.800.000 pélerins pour la fête du sacrifice

Muslim pilgrims arrive to throw pebbles at pillars during the "Jamarat" ritual, the stoning of Satan, in Mina near the holy city of Mecca, on September 12, 2016.
Pilgrims pelt pillars symbolizing the devil with pebbles to show their defiance on the third day of the hajj as Muslims worldwide mark the Eid al-Adha or the Feast of the Sacrifice, marking the end of the hajj pilgrimage to Mecca and commemorating Abraham's willingness to sacrifice his son Ismail on God's command in the holy city of Mecca. / AFP / AHMAD GHARABLI        (Photo credit should read AHMAD GHARABLI/AFP/Getty Images)Plus de 1,8 million de pèlerins musulmans célèbrent lundi l’Aïd al-Adha, la fête du Sacrifice, et se consacrent au rituel de la lapidation de Satan à Mina, endeuillé l’an dernier par la pire tragédie de son histoire.

La lapidation, lors de laquelle les pèlerins jettent symboliquement des cailloux sur des stèles, va constituer un moment à haut risque du hajj. Le 24 septembre 2015, le rituel avait tourné au cauchemar: quelque 2.300 pèlerins, dont 464 Iraniens, avaient péri dans une gigantesque bousculade.

Lundi matin, il a débuté sous haute surveillance. Des caméras filmaient tous les mouvements depuis les hauteurs où elles étaient fixées à quelques mètres de distance les unes des autres. Des centaines de policiers étaient déployés à chacun des quatre étages, reliés par des escaliers mécaniques, depuis lesquels les pèlerins pouvaient jeter leurs pierres sur les stèles.

Aux abords des stèles, des dizaines d’entre eux régulaient le flux de pèlerins sous une nuée de bras qui s’agitaient nerveusement alors que pleuvaient les pierres, de la taille de graviers.

Au-dessus de leurs têtes, trois policiers postés sur un promontoire en métal blanc transmettaient par talkie-walkies à leurs collègues au sol des instructions ou signalaient des pèlerins qui s’attardaient trop ou bloquaient le passage.

Au pied de chacune des trois stèles, les murets de pierres qui gardent les pèlerins à distance étaient recouverts d’une épaisse couche de mousse pour éviter l’impact en cas de bousculade.

« Nette amélioration » après le drame

Brahim Ayed, pèlerin saoudien de 40 ans, avait l’habitude de faire le pèlerinage tous les ans. Mais en 2006, il a arrêté. Il revient cette année pour la première fois et se dit impressionné. « Tout est totalement différent: la lapidation avant, il fallait s’y préparer dès la veille pour pouvoir accéder à la stèle, aujourd’hui, tout ça s’est passé rapidement, il y a eu une nette amélioration », affirme-t-il à l’AFP depuis l’une des voies suspendues qui permet aux pèlerins de rejoindre les campements de Mina après avoir lancé leurs pierres.

Pour Farouq Hamlaoui, la « catastrophe de l’année dernière » est pour beaucoup dans ces améliorations. « Les gens ont appris et compris que seuls l’organisation et le respect des parcours imposés pour réguler la foule permettaient d’éviter des drames », dit cet Algérien qui guide des groupes de compatriotes au hajj depuis des années.

Ryad n’a toujours pas annoncé les résultats de son enquête sur la tragédie de 2015, la plus meurtrière de l’histoire du hajj, mais assure avoir pris cette année des mesures, notamment en équipant des pèlerins d’un bracelet électronique stockant leurs données personnelles.

« Je me sens en sécurité, le reste dépend de Dieu. Moi, je me réjouis seulement d’avoir réalisé mon rêve, accomplir le hajj », se félicite Mohammed Rahman, un Bangladais de 65 ans.

Au total, 1.862.909 pèlerins participent cette année au pèlerinage, dont 1.325.372 venus de l’étranger, selon les autorités.

Dimanche, ils s’étaient rassemblés sur le Mont Arafat, puis, après le coucher du soleil, avaient reflué sur la plaine de Mouzdalifa pour y collecter les pierres nécessaires au rituel de la Lapidation de Satan qui se poursuit sur trois jours.

Ils ont ensuite pris la route de Mina, située à environ sept kilomètres de Mouzdalifa, à bord de bus qui ont créé des embouteillages monstres, ou à pied, déferlant par vagues blanches –la couleur de l’habit de pèlerin– pendant des heures sur Mina.

« Ligne rouge »

Mais pour la première fois depuis près de 30 ans, il n’y a pas de contingent venu d’Iran.

En dépit de négociations, l’Iran chiite et l’Arabie sunnite, les deux puissances régionales rivales, ne se sont pas entendues sur les modalités d’envoi d’Iraniens au pèlerinage. Depuis, c’est la guerre des mots entre Ryad et Téhéran, aux rapports déjà tendus.

Dirigeant la prière de midi au Mont Arafat, cheikh Abderrahman al-Soudeis, responsable des affaires des lieux saints musulmans, a souligné que la sécurité « était une ligne rouge à ne pas franchir par des slogans politiques ou confessionnels », une allusion à l’Iran, accusé par Ryad de chercher à politiser le hajj.

Des centaines de milliers d’Iraniens ont convergé ce week-end vers la ville sainte chiite de Kerbala, en Irak, pour y accomplir un pèlerinage de substitution.