Écrit par Fadila Djouder
Le chercheur en théologie, animateur d’émissions religieuses, membre fondateur de la Ligue des oulémas du Sahel, et auteur, Kamel Chekkat était présent, jeudi dernier, au Salon international du livre d’Alger (Sila 2018) pour une séance de vente-dédicaces de son dernier livre «Authenticité de l’Islam à travers thèse et antithèse», publié aux éditions Necib.
Ce nouvel ouvrage est en fait une réédition de deux petits opuscules, intitulés «Thèse et Antithèse» et «Témoignages impartiaux», au profit de la construction en cours de la zaouïa du moudjahid et enseignant Cheikh Tahar Aït Aldjet à Béjaïa, confie l’auteur. Il précise à ce sujet : «Nous sommes en train de construire un grand centre qui est beaucoup plus scientifique qu’une zaouïa. Cet ouvrage est ma manière à moi de contribuer à cet effort.». Ajoutant : «Nous avons donné dans le livre certaines facettes de Cheikh Tahar que beaucoup de gens ne connaissent pas.» Pour le titre «Authenticité de l’islam», l’auteur explique que c’est un titre générique qui s’inscrit dans une collection baptisée «Juchia». Dans cette collection, il y a aussi un livre du professeur Elaalem intitulé « Oulamae Zouaoua » (les savants des souaoua), traduit tout récemment par Kamel Chekkat. Il porte sur une trentaine de personnalités, telles l’historien El Ghebrini, Cheikh El Mouloud Al Hafidhi, Cheikh Tahar Aït Aldjet ou encore Mechedellah. Le premier livre «Thèse et Antithèse» se penche sur un ensemble de thèses soulevées par des orientalistes qui ont abordé, dans leurs écrits, la religion musulmane à travers certaines thèses auquel «j’ai donné, un tant soit peu des éléments de réponses», a-t-il expliqué. Quant au second livre, «Témoignages impartiaux», c’est un ensemble de témoignages émanant de grands noms de la pensée universelle, «mis à part Napoléon Bonaparte, connu beaucoup plus en tant qu’homme politique qu’en tant qu’homme de science ou de lettre. Les autres sont des penseurs qui ont étudié l’Islam, ainsi que la biographie et l’histoire du Prophète. Ses témoignages sont, jusqu’à un certain stade, très objectifs et leurs auteurs ont parlé avec une certaine impartialité», a-t-il avancé.
Il souligne à propos du premier livre «Thèse et Antithèse» qu’il s’attelle à poser la problématique du rapport entre l’islam et les deux autres religions monothéistes et plus précisément sur la question est-ce que l’islam est une imitation du judaïsme et du christianisme ? Une thèse orientaliste que certains auteurs ont voulu rendre crédible et qui a été soutenue par un certain nombre d’historiens du monde occidental et chrétien qui disaient que «Mohamed était un homme vertueux qui, à un moment de l’histoire, visait la place du pape, quand cela lui a été refusé, il s’est mis en tête de forger une nouvelle religion ».
L’épineuse problématique de l’image de l’islam dans les médias
Kamel Chekkat mettra en exergue l’importance de soulever une telle problématique, en estimant que «quand on dit que l’islam a été monté de toutes pièces, beaucoup ne prêtent pas attention à ce genre de spéculation, car ils sont musulmans par conviction. Mais pour les futures générations et avec tout ce qui circule sur le Web comme fausses informations, un minium de vigilance s’impose. Car ils peuvent être facilement manipulés et ébranlés dans leur foi». Enchaînant sur l’importance d’être attentif à ce qui se diffuse sur les différentes plateformes virtuelles, il souligne que «c’est ce que j’appelle la sécurité du Web. Dès que nous sommes dans le débat religieux, il y a une intégrité que nous devons préserver».
Parmi les idées fausses qui circulent sur différents supports virtuels et médiatiques, notre interlocuteur citera l’étude de Christoph Luxenberg sur les origines syro-araméennes du Coran, ou «cette même pseudo thèse sur le dernier jour de Mohamed, qui est un plagiat et un amalgame de plusieurs thèses». Ajoutant qu’«aujourd’hui, il est presque devenu nécessaire d’y répondre, car nous sommes tellement frustrés de ce qui se dit des musulmans sur les médias ». Abordant la question de l’image négative des musulmans dans les médias internationaux, le chercheur en théologie habitué aux différents canaux médiatiques, souligne : «Quand on parle de violence à la télévision, ou encore d’extrémisme, c’est inévitablement associé à un musulman. A un moment donné, il faut se défendre. Mais le problème est que nous sommes arrivés à un stade où nous nous ne défendons pas uniquement contre les détracteurs de l’islam. Nous nous sommes aussi retrouvés dans l’obligation de nous défendre à cause de ce que font certains musulmans».
Soulignant à ce sujet que «si tous les regards et les projecteurs sont, aujourd’hui, braqués sur nous, en tant que communauté musulmane, c’est en majeure partie dû au mauvais comportement ou à la mauvaise image que nous-mêmes musulmans donnons de cette religion». Notre interlocuteur nous explique également que la diabolisation de l’Islam n’est pas un fait nouveau, en soulignant qu’«elle a toujours existé et a commencé très tôt. D’ailleurs dans le livre, je cite Innocent III, le pape qui disait que Mohamed (Qsssl) était Antéchrist. Mais, aujourd’hui, elle a atteint une dimension d’une gravité extrême». C’est dans cet esprit que le théologien souligne l’importance de défendre l’image médiatique des musulmans dans la mesure où « le but consiste à diminuer un peu de cet état de stress et de frustration que provoque cette mauvaise image chez les musulmans». Dans ce sillage, Kamel Chekkat estime qu’il y a aussi certaines études et écrits qui sont « tellement nuls », auxquels il n’est pas nécessaire d’y répondre afin de ne pas leur faire de publicité. Il citera à titre d’exemple «Les Versets sataniques» de Suleiman Rushdie, qui «dans le fond est un livre qui n’a aucun intérêt ni littéraire ni religieux. Je me demande comment les Iraniens ont pu lancer une Fatwa contre ce dernier à l’époque, et qui lui a permis d’avoir une publicité à l’échelle internationale».
Par ailleurs, annonçant son prochain ouvrage, Kamel Chekkat, tout en soulignant que «j’ai mis beaucoup de temps pour sortir ces deux petits opuscules», ajoute : «J’ai pratiquement aussi une dizaine d’écrits en attente, mais je pense qu’ils n’ont pas encore atteint leur maturité. Par contre, très bientôt, il y aura la publication d’une étude sur le livre «Matn Ibn Achir», que j’ai traduit en langue française, en respectant la construction du texte en vers. J’espère que cet ouvrage apportera un plus à la bibliothèque algérienne».