Industrie automobile : faute d’un tissu de sous-traitance, La facture des importations restera élevée

Industrie automobile : faute d’un tissu de sous-traitance,  La facture des importations restera élevée

d-la-facture-des-importations-restera-elevee-3f7e1.jpgLes mesures d’accompagnement pour développer un véritable réseau de sous-traitance restent insuffisantes.

Le projet de montage de véhicules Peugeot en voie de concrétisation, selon le ministre de l’Industrie, augure d’un développement, à moyen terme, d’une industrie automobile en Algérie. Après l’usine Renault et celle, sans doute, de Peugeot, d’autres projets sont dans le pipe, notamment celui des véhicules utilitaires de Fiat  et d’autres marques chinoises. Cette industrie prendra sans doute forme avec l’application de la disposition de la loi de finances obligeant les concessionnaires à avoir un projet industriel dans la filière, s’ils veulent encore avoir accès au marché algérien.

Plusieurs usines, spécialisées dans le montage de camions et de véhicules utilitaires, verront le jour dans deux ou trois ans. L’écueil qui se posera à cette échéance est la faiblesse du réseau de sous-traitance, d’où un taux d’intégration au départ très modeste. En d’autres termes, ces projets vont réduire modestement la facture d’importations, mais ne régleront pas les problèmes de fond : le taux d’intégration et la disponibilité d’un tissu de sous-traitance capable d’intégrer cette démarche industrielle. “Si la Renault Symbol a un taux d’intégration aujourd’hui de 17% , cela veut dire que 83% des éléments qui composent la voiture made in Algeria, seront importés”,

explique un spécialiste.

On aura, à peu près, le même topo avec Peugeot et les unités de montage de véhicules entrant dans le cadre de l’application de la disposition de la loi de finances. En d’autres termes, le réseau de sous-traitance ne sera pas prêt pour bien accompagner ce développement de la filière automobile.

Or, sans un véritable accompagnement de l’émergence de cette filière par un réseau de sous-traitance étoffé se posera la question de la rentabilité des projets et de l’impact de cette industrie naissante sur la facture importations. Si la question de la rentabilité peut être réglée par les avantages fiscaux et parafiscaux et éventuellement par la garantie du marché, en revanche tant que le réseau de sous-traitance ne sera pas  assez développé, il faut s’attendre à ce que la facture d’importation de véhicules reste élevée, gonflée par les collections importées en SKD et les pièces de rechange en augmentation en raison du développement de cette filière sans un dense tissu de sous-traitance.

On ne pourra donc espérer une réduction très importante de cette facture d’importations dans l’automobile qu’avec la mise en œuvre de mesures d’accompagnement. Il faut savoir “que les conditions d’émergence de cette industrie sont l’amélioration du climat des affaires, la mise à niveau des PME par rapport aux exigences des métiers de l’industrie automobile et aux cahiers des charges des constructeurs ainsi que la protection sur le plan monétaire des industriels de la filière par un mécanisme de change à terme”, explique le spécialiste Mohamed Kessel. Le faible taux d’intégration est peut-être le prix à payer pour qu’émerge cette filière. Il faut bien commencer, soutient-il. On peut tolérer au départ des taux d’intégration de 10 à 20% si on impose au constructeur un cahier des charges qui fixe un taux d’intégration de 40-50% dans trois à cinq ans. Il ne faut pas oublier que l’Algérie acquiert un savoir-faire, forme ses agents et cadres dans une filière où elle repart presque à zéro. “Où sont les usines spécialisées dans la sous-traitance des années 90 ? Qu’a fait l’État pour aider les PME algériennes à devenir des sous-traitants”, ajoute-t-il. Il n’existe pas, selon lui, conclut-il, une approche intégrée du développement en Algérie. Les mesures d’accompagnement pour développer le tissu de sous-traitance sont quasiment absentes : l’accompagnement bancaire par la prise en charge des besoins de fonds de roulement, la protection par la régulation, en un mot par un mécanisme de change à terme, observe Mohamed Kessel.

On peut, également, soutenir ce segment d’activité en imposant un taux d’intégration de 40%. En clair, instituer une règle :  le véhicule monté en Algérie ne sera éligible au crédit à la consommation que si au bout de trois ans, il atteint le taux d’intégration de 40% .