Il y a 27 ans, disparaissait tragiquement Slimane Amirat

Il y a 27 ans, disparaissait tragiquement Slimane Amirat

Tout au long de sa carrière politique, n’a eu de cesse de revendiquer haut et fort son nationalisme et son désir de construire une Algérie moderne tout en lui préservant ses valeurs ancestrales, le défunt Slimane Amirat a, comme le souligne sa célèbre citation : « Si j’avais à choisir entre la démocratie et l’Algérie, je choisirais l’Algérie », laissé le souvenir impérissable d’un homme qui aimait son pays au-dessus de toute considération.

Slimane Amirat est décédé le 1er juillet 1992, dans la cour de la présidence a El-Mouradia terrassé par une crise cardiaque juste après son recueillement sur la dépouille du président défunt, Mohamed Boudiaf, assassiné trois jours auparavant à Annaba.

Slimane Amirat est né le 24 juillet 1929 à M’chedellah, à Bouira. Il était père de quatre enfants. Il a rejoint les rangs de l’ALN très tôt, en 1955. Son contact se fera directement avec Abderrahmane Mira. Ce dernier remarquant son dynamisme et ses qualités d’homme de terrain, un homme dur et fonceur, le sollicita pour se rendre en France, afin de travailler à la sensibilisation de l’émigration algérienne.

Il est choisi par le FLN pour mettre sur pied et diriger les groupes de choc de la région parisienne, afin de lutter contre les messalistes du Mouvement nationaliste algérien (MNA). Il a été arrêté en 1958 et emprisonné à Constantine, à Djorf et à M’sila. Durant sa détention, il organise les prisonniers et fait en sorte de continuer la lutte. Une fois libéré, il rejoint la France muni de faux papiers et reprend la direction des groupes de choc de la région parisienne.

En 1961, il est arrêté, sur dénonciation, une seconde fois. Il sera torturé au camp de Saint Maurice de l’Ardoise, puis au camp de Larzac, d’où il ne sortira qu’au cessez-le feu.

Après le cessez-le-feu, le défunt a fait face à l’OAS, et ce, jusqu’au conflit des wilayas. Slimane Amirat suit la légitimité du GPRA. Il était de ceux, avec Krim Belkacem et Mohamed Boudiaf, Mohand Ould Hadj et d’autres, qui ont tenté de créer l’UDRS. Il se retrouvera ensuite au FFS et est condamné à mort par contumace pendant le procès contre Hocine Aït Ahmed et le colonel Chaabani.

Slimane Amirat entre dans la clandestinité et avec Krim Belkacem et d’autres militants de la cause nationale ; il participe à la création d’un nouveau mouvement d’opposition le Mouvement démocratique pour le renouveau algérien (MDRA) le 18 octobre 1967.

La réaction brutale du pouvoir conduit à son arrestation le 7 juillet 1968. Il est mis en détention secrète pendant plus de 9 mois pendant lesquels il a été torturé, avant d’être jugé et condamné à la peine capitale par la cour de la révolution d’Oran. Pendant quatre ans et demi, il restera enfermé au quatrième sous-sol de la prison militaire d’Oran, le tristement célèbre fort de Santa Cruz.

Alors qu’on lui demandait de formuler sa demande de grâce au président Boumediene, il réclamait le respect de ses droits de prisonnier politique ou l’application effective de sa peine, c’est-à-dire son exécution.

Après quatre années passées à la prison d’Oran, il est transféré à la prison de Berrouaghia où il reste en détention pendant deux autres années. Il est ensuite conduit à la prison d’El Harrach, où il passe six mois. Il est libéré enfin le 23 juin 1975, une semaine après le décès de son père. Le combat pour ses idées a continué dans la clandestinité jusqu’en 1989, date de la naissance du pluralisme. Le MDRA a officiellement été agréé en janvier 1990.