Il occupait le poste de vice-président chargé de l’exploration et de la production – Sonatrach : Salah Mekmouche démis de ses fonctions

Il occupait le poste de vice-président chargé de l’exploration et de la production – Sonatrach : Salah Mekmouche démis de ses fonctions

Le secteur pétrolier connaît depuis plusieurs années un trou d’air dans l’exploration, en raison du manque d’investissements et du climat des affaires qui reste défavorable.

Le P-DG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, vient d’opérer un large mouvement dans l’amont pétrolier. Il a ainsi mis fin aux fonctions de Salah Mekmouche, vice-président chargé de l’exploration et de la production, et d’Ali Naghmouche, directeur régional et chef de production au site de Hassi Messoud, apprend-on de source sûre à Sonatrach. Notre source ajoute que Salah Mekmouche a été remplacé par Slimane Arbi-Bey, ancien P-DG de l’Entreprise nationale des canalisations (Enac) et ex-DG adjoint chargé du transport par pipelines à Sonatrach.

Ali Naghmouche l’a été, lui, par Toufik Hamdane, directeur régional à Sonatrach. Ould Kaddour, indique notre source, a également effectué des permutations de cadres occupant des postes moins importants. Quelle lecture et quelle analyse peut-on en faire ? Le P-DG du groupe pétrolier n’est pas satisfait du fait que le top management et le management de terrain dans l’amont pétrolier n’aient pas réussi à réfréner la tendance à la baisse de la production des hydrocarbures et à intensifier l’effort d’exploration.

La situation est préoccupante et déconcertante (un recul de 17% de la production entre 2007 et 2017) et la direction de Sonatrach en connaît les causes exactes. Elle l’a souvent dit : le secteur pétrolier connaît depuis plusieurs années un trou d’air dans l’exploration, en raison du manque d’investissements et du climat des affaires qui reste défavorable. À première vue, Ould Kaddour a voulu faire le ménage dans la maison “amont” pour que pareille situation change. Mais à y bien regarder, on comprend qu’il a veillé à ce que l’équipe, qui n’a pas réussi à remettre à flot l’amont, ne soit pas blâmable. La preuve est que Salah Mekmouche a été appelé, indique notre source, à s’occuper de la stratégie de Sonatrach 2030 (SH-2030).

C’est un autre oxymore à Sonatrach. Pourtant, Ould Kaddour a toujours dit introduire de nouveaux réflexes dans la gestion du groupe pétrolier. Il fait fausse route ! Dans le cadre de cette stratégie, Sonatrach essaye de se restructurer pour relever les défis de l’heure et d’éviter au pays de se retrouver en situation de “précarité énergétique”. Ce contre quoi, Mourad Preure, expert en énergie, a voulu mettre en garde. Preure, qui s’exprimait hier sur les ondes de la Radio nationale, a, en effet, affirmé que notre modèle de consommation n’est pas soutenable, précisant que la croissance de la demande nationale en gaz progresse de 8% par an et que la consommation de produits pétroliers a été multipliée par trois depuis 2013.

Il faut donc produire plus pour pouvoir faire face à cette demande galopante. L’expert a, par ailleurs, indiqué qu’il reste encore des ressources dans les entrailles inexploitées du pays. Il ajoute que nous n’avons exploité que 15% des réserves de Hassi Messaoud avec un taux de récupération de 20 à 26%.

Et que rien qu’en relevant ces taux de 3 à 4%, nous pouvons augmenter la durée de vie de Hassi Messaoud de plusieurs années, insistant sur les réserves de pétrole et de gaz conventionnels et non conventionnels que recèle le pays. Aujourd’hui, Sonatrach a limité sa production de pétrole du champ de Hassi Messaoud autour de 400 000 barils par jour. Elle l’a fait conformément aux engagements pris par l’Algérie dans le cadre de l’accord signé entre les pays Opep et non-Opep.

La compagnie pourrait produire plus de pétrole à Hassi Messaoud, mais doit respecter le quota de l’Algérie à l’Opep. Sonatrach dispose de 1 500 puits et continue à creuser dans la région de Hassi Messaoud. Il est clair que l’accord bride la croissance de la production, mais qu’il constitue une occasion de faire des travaux d’entretien sur les installations de Hassi Messaoud.

Youcef Salami