Il a animé hier une conférence-débat à El-Oued : Hamrouche doute d’une possible application de l’article 88

Il a animé hier une conférence-débat à El-Oued : Hamrouche doute d’une possible application de l’article 88

d-2517hamrouche-doute-dune-possible-application-de-larticle-88-89281.jpgPoint de salut, selon lui, en dehors de sa proposition de faire de l’Armée un acteur à part entière dans cette entreprise.

Revendication phare de nombreux partis et personnalités d’opposition, l’application de l’article 88 de la Constitution sur le président Bouteflika affaibli par la maladie n’emballe pas trop l’ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche. “L’article 88 ne contient pas d’instruments pratiques ni la force pour imposer son application”, a-t-il déploré, hier, lors d’une conférence-débat animée à la Maison de la culture d’El-Oued, à l’invitation de l’association nationale Ligne Novembre 54. “Pratiquement, politiquement et idéologiquement, il n’y a pas d’article de loi qui s’appelle article 88”, a-t-il ajouté. De son point de vue, personne ne peut vraiment définir le contenu de cet article de loi. “De quoi parle-t-on au juste ?”, s’est-il interrogé.

Pour M. Hamrouche, on est face à l’impossibilité d’appliquer l’article 88 de la Constitution. Un point de vue qui est de nature à l’éloigner davantage de l’opposition réunie au sein de l’Institution de concertation et de suivi de l’opposition (Icso) de laquelle il a déjà pris ses distances. Pourtant, il partage avec les membres de cette institution et aussi avec le Front des forces socialistes (FFS) la même analyse : il y a aujourd’hui une nécessité vitale de construire un consensus national. “L’Algérie a besoin d’un consensus national. Cela ne veut pas dire que l’ancien consensus, c’est-à-dire celui de Novembre, est caduc. Mais il a besoin d’être réaffirmé”, a-t-il affirmé.

De son point de vue, ce consensus ne peut être l’affaire de la seule opposition. “Les partis ne peuvent, quelles que soient leurs attitudes et positions, à eux seuls, garantir sa mise en œuvre et lui assurer une stabilité”, a-t-il estimé. Autrement dit, point de salut en dehors de sa proposition de faire de l’Armée un acteur à part entière dans cette entreprise.

Et à M. Hamrouche de prodiguer sa recette : “La voie du consensus signifie que toute proposition d’où qu’elle vienne, d’un parti, du pouvoir ou de l’opposition dans sa diversité, n’est qu’une contribution parmi tant d’autres. Elle ne doit pas s’inscrire dans une logique de compétition ou être liée à des échéances politiques, mais converger pour sortir le pays de ses impasses.” “L’urgence n’est pas à l’affaiblissement du pouvoir, des partis ni à l’implosion des oppositions. Elle n’est pas non plus au maintien du statu quo ni à ramener un passé révolu”, a-t-il insisté.

À l’évidence, M. Hamrouche préfère tenir le bâton par le milieu et rester à équidistance entre le pouvoir et l’opposition.

Et d’aucuns ne manqueront certainement pas de le soupçonner de se mettre dans une posture d’arbitre, voire d’ultime recours. Mais on ne peut, en revanche, lui reprocher d’avoir ménagé le pouvoir en place, qu’il a sévèrement critiqué. “Notre gouvernance s’épuise dans une crise coriace malgré les efforts et les sacrifices consentis. L’impasse touche aujourd’hui tous les espaces économique, social, administratif et politique”, constate-t-il. “Y compris les partis”, ajoute-t-il, sans doute à bon escient.

La conclusion de M. Hamrouche : “Le régime ne peut ni rebondir ni donner un nouvel élan à l’Algérie.”