La grève des médecins résidents ne semble pas voir le bout du tunnel : Les patients perdent patience

La grève des médecins résidents ne semble pas voir le bout du tunnel : Les patients perdent patience

Comme pour le cas de l’Education nationale, la grève des résidents pénalise les citoyens des couches moyennes et pauvres.

En plusieurs mois de grève, les 15.000 médecins résidents ont montré une étonnante capacité de résistance, mais dans le même temps, ils se sont, petit à petit, coupés de la société qui ne comprend pas cet acharnement à camper sur une position dont les conséquences immédiates seraient de priver de soins des dizaines de milliers d’Algériens vivant dans les zones enclavées.

La persistance du débrayage a déjà eu un impact négatif sur la qualité de soins dans l’ensemble des CHU. On parle de centaines d’interventions chirurgicales reportées, d’une prise en charge dans les différents services de moins en moins efficiente et d’une forme de démobilisation des médecins eux-mêmes. L’impression qui se dégage, après tous ces mois de débrayage, c’est que les grandes victimes ne sont autres que les malades. En fait, comme pour l’Education nationale, tout mouvement de protestation d’une telle échelle dans le secteur de la santé impacte négativement des centaines de milliers de citoyens. Et comme pour le cas de l’Education nationale, la grève des résidents pénalise les citoyens des couches moyennes et pauvres. Les catégories de la société les plus aisées se rabattent sur les cliniques privées. Ce sont donc, les démunis parmi les Algériens qui souffrent de cet état de fait. Dans le même temps, la grève du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) va dans tous les sens. Si au plan de la mobilisation, les résidents semblent groupés derrière leur syndicat, pour ce qui concerne la gestion de ce mouvement au quotidien, c’est la débrouille. Tous les grévistes ne sont pas logés à la même enseigne.

Dans certains CHU, les grévistes ont réussi à maintenir une partie de leurs salaires, dans d’autres par contre, la radicalisation du mouvement a mis les résidents dans une situation autrement plus complexe. Ce qu’il faut retenir de cette trop longue grève, c’est une impression de cul-de-sac et d’une absence totale du moindre effort de sortie de crise par le haut. Les médecins résidents, qui sont aussi des étudiants en post-graduation, n’agissent pas vraiment comme des professionnels au sens plein du terme.

L’entêtement dont ils font montre par rapport au service civil n’est pas, au regard de nombreux observateurs, une attitude logique, en ce sens que leur proposition de rendre cette disposition volontaire et non plus obligatoire, ne peut constituer une proposition sérieuse, notent les responsables de la santé publique. Pareille démarche entraînerait instantanément une aggravation de la situation de déserts médicaux que connaissent déjà de nombreuses régions du pays. Les solutions préconisées par la tutelle qui a consisté en la réduction des spécialités médicales soumises au service civil, la prise en compte de la situation des médecins résidents mariés, l’assurance d’un logement sur place et autres «promesses» du ministère de la Santé constituent, en principe, pour les grévistes autant de victoires et donc d’acquis susceptibles d’améliorer «sensiblement» l’exercice de leurs métiers durant les quelques années de leur affectation obligatoire dans les Hauts-Plateaux et le sud du pays.

Mieux, du seul fait de la réduction de la liste des spécialités concernées par le service civil, c’est déjà une indication d’un effort fourni par la tutelle dans sa lutte contre les déserts médicaux. Cela suppose que d’année en année, cette même liste sera réduite, au fur et à mesure que des spécialistes choisissent de s’installer dans les régions reculées du pays. Il reste que du point de vue ministère de la Santé, même cette perspective ne saurait remettre en cause le service civil. Il est, en effet, considéré comme suicidaire de l’annuler purement et simplement, sachant que la problématique des déserts médicaux est posée partout et des pays pensent sérieusement à l’établissement dudit service pour lutter contre le phénomène de la désertification médicale. Il serait peut-être exagéré de parler d’égoïsme de la part des médecins résidents, mais au vu du gâchis que l’on constate chaque jour, on est poussé à se poser la question de savoir comment va finir ce mouvement et qu’elles en seront les séquelles en termes de rapport médecins-société en Algérie. Car, qu’on le veuille ou pas, cette grève est loin d’être populaire.

Par