Gestion de l’après-Mazouzi: Les enjeux d’un changement brutal

Gestion de l’après-Mazouzi: Les enjeux d’un changement brutal

La tâche d’Abdelmoumen Ould Kaddour à la tête de Sonatrach s’annonce ardue. Fragilisé par sa mise en cause dans l’affaire BRC, il devra absolument rassurer les cadres de l’entreprise et surtout les convaincre de ses bonnes intentions.

L’enjeu est leur mobilisation ou non autour des objectifs majeurs de la compagnie : accroître la production d’hydrocarbures, renouveler les réserves et les augmenter, commercialiser des quantités plus importantes d’hydrocarbures sur les marchés extérieurs et surtout amorcer l’augmentation des revenus financiers du pays, les prix du pétrole actuellement étant en hausse par rapport à ceux de 2016 et 2015.

Le nouveau P-DG devra également soigner l’image de l’Algérie écornée par ces changements brutaux à la tête de Sonatrach et par le choix d’un dirigeant éclaboussé par une affaire de surfacturation.

Rassurer les partenaires étrangers de Sonatrach devrait constituer également une priorité. Que demandent les compagnies internationales présentes en Algérie et sans lesquelles le développement des ressources

d’hydrocarbures prendra plus de temps ?

“Des interlocuteurs fiables, de la réactivité”, souligne un ancien P-DG de Sonatrach, aujourd’hui consultant pétrolier. Or, ces compagnies s’étaient plaint, à maintes reprises, de ne pas trouver à Sonatrach des interlocuteurs fiables, et de ne pas avoir des vis-à-vis réactifs. Elles attendent pendant longtemps une décision. Pour eux, le temps c’est de l’argent. Cette situation retarde les travaux d’exploration et de développement de gisements et partant la mise en service de nouveaux champs de pétrole et de gaz.

Par ailleurs, le top management de Sonatrach n’aura pas la tâche facile. Parce que des paramètres importants échappent à son contrôle : les prix du pétrole, la baisse de la demande gazière et les lenteurs à modifier une réglementation encadrant le secteur des hydrocarbures peu attractif pour ces compagnies. Il convient également de ne pas négliger un aspect de la gestion de l’après-Mazouzi : le nouveau P-DG de Sonatrach intronisera-t-il une nouvelle équipe au sein du top management de Sonatrach ? Dans ce scénario, on peut craindre une rupture dans la politique de son prédécesseur qui semble avoir réussi : poursuivre les investissements dans l’amont en dépit de prix du pétrole pas assez élevés, optimiser l’exploitation des gisements anciens, utiliser les synergies dans l’amont pour réduire les coûts.

Il ne faut pas oublier, également, le middle management : les numéros 2 et 3 de chaque division, les directeurs et sous-directeurs des complexes de liquéfaction, de raffineries, des unités de séparation de GPL, les responsables algériens de groupements, les directeurs régionaux… Cette richesse humaine risque d’être démobilisée en cas de mauvais choix du nouveau P-DG de Sonatrach.