Fin de la retraite anticipée : quand le gouvernement ne sait pas défendre la justesse de sa décision

Fin de la retraite anticipée : quand le gouvernement ne sait pas défendre la justesse de sa décision

retraite-sittler.large_-500x243.jpgLe gouvernement n’a pas de suite dans les idées. Force est de le constater. Lors de la dernière Tripartite une décision importante a été actée : la fin de la retraite anticipée. C’est une décision de bon sens, rendue aujourd’hui nécessaire par l’état des finances de la caisse nationale de retraite sur laquelle plane le spectre de la faillite. Mais une telle décision qui sous-tend de gros enjeux sociaux aurait due être accompagnée d’un travail d’explication et de sensibilisation en direction des travailleurs.

La décision a été annoncée et le gouvernement est passé à autre chose. Ce n’est pas normal, car le service après-vente aurait dû être assuré. Le ministre de la communication, son collègue du Travail en particulier, la CNAS… se devaient de monter en première ligne pour faire de la pédagogie sur les plateaux des télés, dans les colonnes des journaux pour expliquer aux algériens en général et aux travailleurs en particuliers le bien-fondé de cette décision. Sidi Said devrait aussi cesser un peu le confortable syndicalisme de bureau et monter au charbon pour se frotter aux travailleurs et leur faire toucher du doigt les raisons qui ont fait que cette mesure soit prise par la Tripartite.

Malheureusement, une semaine après que le gouvernement a annoncé cette mesure, qui doit être soutenue et défendue, c’est le silence radio. Pourquoi cette décision ? Pourquoi maintenant ? A partir de quelle date entrera-t-elle en vigueur ? Les travailleurs qui ont déjà entamé la procédure au niveau de la caisse de retraite sont-ils concernés ? S’achemine t-on vers un régime unique des retraites qui mettrait fin aux privilèges, au nom du « principe de l’équité invoqué par Sellal en faisant l’annonce.

Comme on peut le constater, c’est toute une foultitude de questions qui se posent. Que posent surtout les travailleurs qui totalement dans le cirage, faute justement d’éléments de langage pour appuyer la démarche du gouvernement sur cette question. Et c’est faute d’un travail d’explication que la grogne des travailleurs est en train de monter. Cela a commencé la semaine dernière à la zone industrielle de Rouiba, l’épicentre de l’agitation syndicale en Algérie. Des centaines de travailleurs ont quitté spontanément leurs ateliers pour organiser un sit-in de protestation. Ils ont demandé au gouvernement de renoncer à son projet, tout en lui recommandant « d’aller chercher l’argent où il se trouve pour renflouer la caisse de retraite ».

Cet argent, selon les syndicats de Rouïba se trouve dans les milliards de l’informel qui sont brassés par les islamistes, dans les entreprises qui ne déclarent pas leurs salariés. Ce qui n’est pas tout à fait faux, mais qui n’est pas aussi antinomique avec la fin de la retraite anticipée. Mais face à la montée de la grogne syndicale de l’ UGTA de Rouïba et qui risque encore de monter en puissance dans les prochains jours, à en juger par les dernières déclarations de nombreux syndicats autonomes, le gouvernement et la centrale de Sidi Said sont restés de marbre. Comme s’il n’y a pas le feu.

C’est une attitude pour le moins irresponsable et inconsciente de la part du gouvernement et de son allié l’UGTA qui sont en devoir, chacun selon son format de communication, d’aller sur le terrain pour expliquer, pour anticiper, pour empêcher la formation d’un front anti abolition de la retraite sans condition d’âge. Encore une fois, la décision prise en 97 , dans le cadre de l’application des mesures structurelles du FMI et dont la finalité était, à l’époque , de « dégraisser le mammouth » n’a plus sa raison d’être aujourd’hui. Elle est encore moins un « droit acquis » des travailleurs ». En revanche, elle est juste et pertinente. Sauf que le gouvernement ne sait, hélas, pas défendre ses positions même quand elles sont frappées au coin du bon sens et de la raison.