Ferrari s’introduit à Wall Street à 52 dollars l’action

Ferrari s’introduit à Wall Street à 52 dollars l’action

1167644_ferrari-sintroduit-a-wall-street-a-52-dollars-laction-web-tete-021418778334_660x281p.jpgLa marque italienne fait ses débuts en Bourse ce mercredi au Nyse de New York. Sa valorisation pourrait avoisiner 10 milliards de dollars.

Le symbole « Red » n’étant plus disponible, les titres Ferrari s’échangeront mercredi à Wall Street sous l’étiquette « Race ». Pas assez pour gâcher l’introduction en Bourse de la mythique marque automobile, détenue aujourd’hui par Fiat Chrysler Automobiles (FCA). Sergio Marchionne et sa « squadra » ont opté pour un prix d’introduction de 52 dollars le titre – le haut de la fourchette –, ce qui offrirait à Ferrari une valorisation de champion du monde, près de 10 milliards de dollars. Un montant pas si éloigné que cela de PSA, qui écoule 400 fois plus de voitures chaque année, et presque doublé par rapport aux premières estimations il y a un an.

Le secret ? Convaincre les investisseurs et Wall Street que Ferrari représente bien plus que de la voiture. « Ces derniers mois, Marchionne a tout fait pour convaincre que Ferrari est avant tout une valeur de luxe, et qu’elle doit être valorisée en ce sens », indique Alexis Albert, de Mainfirst. Jusqu’à inviter des « VIP » au berceau de Maranello pour leur montrer à quel point la marque relève d’un mélange d’artisanat et de technologie. A priori, la méthode a fonctionné : la marque au cheval cabré pourrait de fait valoir plus de 30 fois ses bénéfices annuels, le standard de l’industrie du luxe, et trois fois plus que le reste des industriels de l’automobile.

Nuancer le tableau

La lecture des comptes détaillés de Ferrari vient néanmoins nuancer le tableau. Nombreux sont les observateurs qui se demandent comment Ferrari peut mieux faire qu’actuellement. Aujourd’hui, la vente de bolides rouges, jaunes ou noirs représente 70 % des ventes de la marque, loin devant les revenus des produits dérivés ou des ventes de moteurs à Maserati ou à d’autres écuries de F1. On colle en fait à ce que voulait Enzo Ferrari, qui a commencé à commercialiser des voitures de tourisme pour financer son écurie de course. Et siSergio Marchionne, qui pilotera Ferrari au quotidien jusqu’à l’an prochain au moins, a promis d’augmenter les volumes de la marque, il a évoqué 9.000 unités en 2019, contre 7.000 en 2014. Pas plus.

Trouver des clients n’est pas un problème – pour recevoir ses clefs, il faut souvent attendre plusieurs trimestres. Mais il faut conserver l’aspect élitiste du produit qui fait en partie sa force. Côté marge, les choses s’avèrent aussi délicates, et peu en phase avec les maisons du luxe. A 14 %, la marge opérationnelle de Ferrari est certes supérieure au reste du secteur automobile, qui peine entre 5 et 10 %, mais la société italienne dépense bon an mal an environ 20 % de son chiffre d’affaires en R & D – la Formule 1 y étant pour beaucoup.

Quoi qu’il en soit, l’opération devrait déjà largement profiter aux actionnaires actuels de FCA. ­Concrètement, seuls 9 % du capital de Ferrari seront tout de suite cotés sur le Nyse. Courant 2016, 80 % des titres restants seront ensuite distribués aux actionnaires de FCA. Avec 29 % du capital de FCA, la famille Agnelli se taillera la part du lion, et devrait conserver 24 % du capital de Ferrari. FCA lui-même devrait engranger près de 1 milliard de dollars. Le solde de Ferrari – quelque 10 % – restera aux mains du fils du fondateur Enzo, Piero. Celui qui n’avait pas l’autorisation paternelle de monter dans une voiture de course – histoire d’éviter les vocations dangereuses.