Femmes travailleuses et droit à la retraite : Une étude de la Banque mondiale qui prépare de mauvaises réformes à venir !

Femmes travailleuses et droit à la retraite : Une étude de la Banque mondiale qui prépare de mauvaises réformes à venir !

Quand la Banque mondiale se met à publier des études sur la protection sociale, il faut se méfier des solutions qu’elle propose. Surtout quand une de ces récentes études s’interroge sur le droit à la retraite des femmes salariées, du genre «Dans quels pays les femmes peuvent-elles prendre leur retraite avant les hommes ?»

Un Argentin a changé de sexe pour partir à la retraite plus tôt, car les Argentines peuvent prendre leur retraite à 60 ans, contre 65 ans pour les hommes. L’histoire, relayée par les médias français pour son côté insolite, a le mérite de soulever la question de l’égalité des genres à la fin de la carrière. Il existe une base de données sur l’âge de départ à la retraite en fonction du genre. Compilée par la Banque mondiale, celle-ci nous apprend que quarante-sept pays à travers le monde ont un âge minimal pour bénéficier d’une retraite à taux plein, différente pour les hommes et pour les femmes. Lorsqu’un tel écart existe, les femmes peuvent systématiquement partir à la retraite plus tôt que les hommes.

Les travailleuses algériennes considérées comme privilégiées

Dans cette étude, figure un tableau reproduisant une carte mondiale chiffrant, selon le pays, la différence d’âge minimum de départ à la retraite à taux plein entre hommes et femmes : les Algériennes salariées y sont dans la tranche des «2 à 4 ans» avant l’âge légal de départ à la retraite pour les hommes. Elles sont considérées par la Banque mondiale comme privilégiées. Dans les pays où il existe un écart d’âge inscrit dans la loi, les femmes peuvent en moyenne prendre leur retraite quatre ans et quatre mois avant les hommes. La Suisse, la Bolivie, l’Albanie et l’Angola n’ont qu’une seule année de différence en fonction du genre. C’est la Chine qui a l’écart le plus important : les femmes peuvent en théorie prendre leur retraite à 50 ans, contre 60 ans pour les hommes.

Qu’est-ce qui justifie cette différence ?

Le fait que les femmes puissent prendre leur retraite plus tôt peut surprendre, car elles ont une espérance de vie plus élevée que les hommes.

Dans le monde, l’espérance de vie des femmes était de 73 ans et de 69 ans pour les hommes, selon le dernier rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) de 2017 confirmant les données sur la période de 2010 à 2015.

Les hommes ont également, en moyenne, des métiers plus dangereux. L’Organisation internationale du travail (OIT) recense environ 830 000 victimes femmes sur 2,3 millions de morts liées à l’activité professionnelle chaque année dans le monde, soit environ un tiers. Aucune étude n’explique de façon claire pourquoi les femmes, globalement, peuvent prendre leur retraite plus tôt que les hommes.

Le phénomène étant principalement limité à l’Asie, l’Afrique et l’Amérique du Sud, on peut supposer qu’il est lié à la culture de chaque pays vis-à-vis de la place des femmes dans la société.

Il peut également être lié au fait que les femmes assument de façon disproportionnée les tâches domestiques et l’éducation des enfants.

La capacité des femmes à donner naissance peut également être un facteur à prendre en considération.

Dans certains pays occidentaux, les mères peuvent récupérer des trimestres de cotisation retraite (quatre trimestres pour la naissance et quatre pour l’éducation de chaque enfant), bien qu’elles doivent attendre 62 ans, comme les hommes, pour percevoir une pension complète. Dans cette étude, la Banque mondiale sous-entend que cette différence n’est pas forcément justifiée….Donc à remettre en cause ?

Djilali Hadjadj