Y a-t-il un plan d’urgence du gouvernement Sellal ? Tous les observateurs s’interrogent sur la lente réaction du gouvernement, qui ne semble point mesurer le risque.
On a bien noté une certaine confusion, un brin d’incertitude et surtout une mauvaise appréciation de l’ampleur de la bataille des prix du brut, alors que depuis des mois, des experts ne cessaient d’alerter nos gouvernants sur les risques et l’éventuelle chute des cours.
D’ailleurs, on s’étonne de l’absence d’une vraie anticipation lors de la confection de la loi de Finances 2015, comme si les voyants étaient au vert.
De plus, le déficit en communication du cabinet Sellal n’arrange guère les choses, comme si la gestion d’un pays n’avait nullement besoin d’un vrai management médiatique ni d’un marketing « politique » pour justifier une démarche ou des décisions déchirantes. Selon des sources proches du gouvernement, on affirme qu’on « est conscient de la situation.
Mais que la première consigne est de ne pas affoler l’opinion publique ni mettre dans l’embarras des ministres ou des officiels qui ont fait des promesses, il y a juste quelques mois, lors de la présidentielle de 2014 ». Selon ces sources, « il est temps de réviser le langage politique.
C’est le moment opportun pour bâtir une nouvelle doctrine loin des discours démagogiques et populistes ». Autrement dit, il est question, non pas d’alarmisme, mais de tenir un langage de vérité. C’est ce langage qu’il faudra structurer dans la communication officielle, c’est ce langage qui doit être assumé par toutes les institutions de l’Etat.
Ce cabinet n’a pas non plus développé la créativité nécessaire pour imposer des scénarii et mettre en œuvre des projets performants. C’est pourquoi des observateurs s’interrogent sur la capacité du Premier ministre de changer subitement de discours, de lancer des réformes majeures et surtout de maintenir une ligne économique stable.
En plus de l’exigence de la transparence, du réalisme, du pragmatisme, il est également utile de dire qu’il faudra changer notre budget, le réviser et de plus avoir « les yeux plus gros que le ventre » pour reprendre la boutade de Mustapha Mekidèche, économiste spécialiste des questions énergétiques.
Ce dernier a fortement insisté, lors de son récent passage sur une chaîne de télévision publique, sur les marges de manœuvre du gouvernement, expliquant que ce dernier devra attendre la loi de Finances complémentaire, dans six mois, pour mettre en œuvre les « premières réformes ou les premières « économies ».
Selon l’expert, il existe des mécanismes ou des solutions pour endiguer le « tsunami » de la crise du pétrole, susceptibles de faire face aux périls. Il préconise d’abord la révision du plan quinquennal, le report d’un certain nombre d’investissements et de crédits, et la valorisation des autres ressources et autres richesses hors-hydrocarbures. De même qu’il est favorable à l’ouverture d’un vrai débat sur les dotations sociales et le ciblage des groupes sociaux qui en bénéficient.
D’autres experts rencontrés cette semaine ne versent pas dans l’alarmisme, comme ils savent que l’optimisme est de rigueur. Ils affirment que pour le moment, « le pouvoir n’a plus le crédit moral pour mobiliser la population, habituée depuis des lustres à l’assistanat, aux aides gratuites et aux dotations sociales ».
Selon leurs assertions, les choix sont nombreux pour mettre en valeur un plan économique, sauf que cela exige une unité dans le discours politique, une cohérence dans la stratégie des réformes engagées et une opinion publique convaincue. C’est peut-être cela qui fait défaut actuellement, et qui pourrait bien pousser le chef de l’Etat à remodeler son exécutif, à le changer en partie ou en entier pour mettre en œuvre ses promesses électorales.