Face à une mobilisation populaire qui ne faiblit pas: Le pouvoir use de manœuvre

Face à une mobilisation populaire qui ne faiblit pas: Le pouvoir use de manœuvre

L’opération qui vise à fabriquer des interlocuteurs, parallèlement à une campagne de discrédit de l’opposition, est actuellement en œuvre.

Face à la rue qui refuse d’abdiquer, le pouvoir cherche des solutions. Les trois hommes mis en avant pour servir d’interface avec l’opposition n’arrivent plus à trouver de solution tandis que l’administration, mise à contribution par ce même pouvoir, tente de faire diversion. L’opération qui vise à fabriquer des interlocuteurs, parallèlement à une campagne de discrédit de l’opposition, est actuellement en œuvre.

Devant l’impasse, le pouvoir, qui semble avoir épuisé l’essentiel de ses solutions, recourt aux vieilles recettes. Des opérations de dénigrement visant à discréditer les partis d’opposition et personnalités politiques sont actuellement en cours sur les réseaux sociaux.

Elles visent notamment à éviter qu’une personnalité politique, issue des partis traditionnels, n’émerge. Le but étant de laisser la rue sans représentation et de présenter le pouvoir qui se placerait comme seule alternative. Pour ne pas laisser ces attaques dans les réseaux virtuels, les officines du pouvoir transposent cela sur les plateaux des télévisions étatiques et certaines chaînes offshore. Ainsi, de façon quasi systématique, les journalistes répètent, de manière quasi pavlovienne, la question à leurs invités : “Mais l’opposition est-elle aussi rejetée ?” Pourtant, sur les milliers de pancartes et banderoles portées par les manifestants, il est quasiment impossible de dénicher une insulte ou un rejet clair visant l’opposition.

En dehors des quelques personnalités sifflées — avec des soupçons d’implication des services là encore —, tous les slogans et toutes les clameurs de la foule sont adressés au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika en tête. En parallèle, le pouvoir bat le rappel de ses clientèles. Pendant que des instructions sont envoyées aux walis pour recruter des jeunes issus des organisations satellitaires qui seront présentés comme “représentants des manifestants”, des dizaines d’associations, financées par le régime, se sont réunies, samedi, à Sidi-Fredj, pour lancer “le dialogue national”. Ces “associations de la société civile” ont, dans leur majorité, été aux avant-postes lorsqu’il s’est agi de soutenir l’option du cinquième mandat.

C’est le cas de l’organisation des femmes et d’autres organisations dont le rôle est souvent de servir de faire-valoir au régime politique. Elles vont se refaire une virginité à l’occasion de la tenue de la Conférence nationale, prévue dans la feuille de route du chef de l’État et rejetée par l’opposition. Ce sont donc ces “masses” qui vont servir de décor au dialogue national rejeté par l’opposition dans sa forme actuelle.

En plus de ces initiatives internes, le pouvoir déploie ses hommes sur le front extérieur. Ramtane Lamamra et Lakhdar Brahimi sont donc envoyés pour tenter de vendre les solutions du régime auprès des grandes capitales. Le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères se rendra, demain mardi, à Moscou, pour rencontrer son homologue russe, Sergueï Lavrov et, probablement, le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, ou peut-être même le président Vladimir Poutine. Le lendemain, Lakhdar Brahimi, qui n’a pourtant aucune fonction officielle, se rendra à Pékin pour expliquer les choix de Bouteflika aux dirigeants chinois.

Avant ces deux visites, des médias ont rapporté que le nouveau chef de la diplomatie s’était déjà rendu à Paris la veille de l’annonce du retour au pays du président Bouteflika.

Ces tentatives vont certainement se poursuivre. Mais tout indique qu’elles ne vont pas durer encore longtemps.

Ali Boukhlef