Découvrir l’univers de la plasticienne Saléha Khelifi, c’est adopter les symboles et les signes berbères qu’elle apprécie en les revoyant à sa manière et selon sa propre vision.
Cette fois-ci pour cette nouvelle exposition, elle nous fait entrevoir son œuvre par le biais de la calligraphie arabe et des énigmes qu’elle utilise à bon escient pour transmettre un message de paix, de liberté et de tolérance. Cette exposition a été conçue pour le mois sacré de Ramadhan au centre des arts islamiques et, par la suite, a eu une visibilité au TNA. Les compositions originales de Saléha Khelifi, que l’on retrouve à la galerie Asselah-Hocine du 16 juillet au 04 août, émanent pour quelques-unes des années 2011 et d’œuvres récentes de 2O17. La trentaine de toiles où la prépondérance va à la calligraphie arabe témoigne de l’intérêt de la plasticienne chevronnée à cet art pour exprimer ses ressentis, ses préoccupations et ses espérances. Consternée et désappointée par ce qui se passe en Algérie et dans le monde, elle utilise cette écriture pour passer ses messages empreints d’humanisme.
D’ailleurs, toutes ses compositions se référent à des titres dont Le pardon, Dialogue, Tendresse, L’espoir, La justice, La générosité, L’indépendance, L’amour, L’armée, La mère , La paix, La sagesse, L’espoir , L’éloquence, L’Honneur, Le Coran, Le don légal, L’entente, Le savoir, L’engagement, La terre, La conviction, et La colère. «Par mes travaux, j’essaye de promouvoir les valeurs humaines à travers la calligraphie de feu algérienne où les lettres se terminent par des flammes. Elle symbolise toute la souffrance humaine», dit-elle quelque peu désillusionnée.
Chacune des toiles revoit une qualité qu’elle préconise ou un défaut qui emmure notre société dans un carcan de non-dits et de choses délétères qui corrodent la qualité de vie et les relations entre les personnes. Par ses propos, la plasticienne consacrée précise : «Je suis sensible aux valeurs humaines, c’est la base de toute civilisation».
Sans être passéiste, ni nostalgique Saléha rêve d’une période à jamais révolue où le respect, l’éducation et la tolérance étaient érigés en principes de vie. Actuellement, elle se désole de voir la société s’altérer et se déliter. Adhérant au changement inévitable, elle réfute cette détérioration sociale. Aussi, elle s’évade dans son univers pictural où l’harmonie des chromatiques est adéquate. Sa palette est radieuse préconisant des tons en adéquation à ses thématiques comme ce tableau sur l’amour tout de rouge, ou la paix en bleu. Dans tous ses tableaux, Saléha a su avec aptitude et adresse symboliser avec des nuances appréciables ses sujets.
Sa concordance de couleurs est judicieusement élaborée avec grâce et subtilité. Ce choix d’une palette rayonnante et gaie dévoile tout l’espoir de l’artiste pour un monde meilleur. Elle espère des lendemains favorables. Il est à relever que chaque tableau recèle une énigme se rapportant au thème choisi par la plasticienne.
Toutes les compositions de Saléha montrent une grande maîtrise picturale et une technicité. Elle sait batifoler la lettre arabe et folâtrer avec la latine.
Imaginative et très créative, elle donne force et mordant à cette calligraphie et, par la même, vigueur à la composition.
Dans certaines toiles, on retrouve des caractères latins en concordance avec d’autres arabes ; à ce sujet, Saléha évoque sa prochaine exposition au Canada.
Dernièrement, elle a exposé à Madrid où elle a fait également une communication sur les valeurs humaines. Ayant à son actif de nombreuses expositions individuelles et collectives en Algérie et à l’étranger, l’artiste talentueuse ne cesse de se renouveler au gré de ses émotions et impressions. Membre de l’Unac, elle est auteur d’un timbre en 2013 à l’occasion de la fête de Yennayer. «Par un plat de couscous, j’ ai représenté la fertilité et l’union», dit-elle.
En osmose avec sa peinture, elle y traduit ses peines et ses espoirs ; c’est un exutoire qui lui permet de transcender ce trop-plein d’amertume.
Par les agréables teintes de sa palette, elle suggère la quiétude et la douceur malgré ses contrariétés engrangées. C’est une très belle exposition à voir nécessairement ! Plaisir et enchantement assurés.