Erreurs médicales en Algérie,500 plaintes déposées à ce jour

Erreurs médicales en Algérie,500 plaintes déposées à ce jour

Le nombre de plaintes augmente sans cesse

Nos assureurs ne sont pas à la hauteur pour défendre le patient victime.

Nombre de personnes sont victimes chaque année d’accidents médicaux ou d’erreurs médicales provoquant pour certains des séquelles sévères et indélébiles. C’est autour de ce sujet délicat, que l’hôpital de pédiatrie de Hassan-Badi (ex-Belfort) à El Harrach (Alger), a organisé une rencontre.

La conférence, animée par le professeur Berkani Mohamed Bekkat, président du Conseil de l’ordre des médecins et modérée par le professeur Mostefa Khiati, président de la Forem (Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche), a rassemblé plusieurs jeunes médecins et étudiants en médecine, quasiment toutes des femmes, venus écouter un «cours» magistral dispensé par le professeur Bekkat.

Après avoir énoncé l’évolution de la médecine et la protection du patient à travers les âges, le Pr Bekkat est entré dans le vif du sujet pour expliquer «la responsabilité médicale» et «l’erreur médicale». Il a tenu à préciser que le médecin «doit obligatoirement avoir les moyens excluant l’obligation de résultats» tout en regrettant le manque ou parfois l’absence desdits moyens. Répondant à diverses questions lors des débats, le médecin doit, a-t-il dit, «entretenir l’espoir, notamment dans un pays musulman comme le nôtre où le patient est généralement fataliste». Nos compagnies d’assurances «ne sont pas à la hauteur» pour défendre et rembourser le malade en cas de nécessité. Il recommandera aux praticiens de ne pas omettre d’établir les constats médicaux à chaque auscultation «cela pourrait les sauver» en cas de plainte du malade auprès de la justice. Il a toutefois indiqué que la responsabilité peut être solidaire ou individuelle en cas de plainte.

Abordant le volet de l’expertise, il est désolé qu’elle ne soit pas enseignée en Algérie. C’est le médecin légiste qui s’occupe de certains aspects de contrôle. Du reste, les expertises peuvent rarement justifier la culpabilité du médecin a-t-il relevé. Le Pr Bekkat a rappelé que «le médecin, tout comme le citoyen, doit être surveillé par la justice et jugé par elle.» Il a insisté sur «l’information» du patient quant à sa maladie, quelle qu’en soit sa gravité.

A ce propos, il a conseillé de «questionner le malade pour le mettre au courant de sa maladie. Cette démarche sera à son actif en cas de parution devant la justice. Le Pr Khiati a, pour sa part, indiqué à la fin de la rencontre que «20% des connaissances de base cueillies à l’université disparaissent 5 ans après».

Aussi, leur a-t-il conseillé «poursuivre les études à travers la formation continue.» Actuellement, 500 plaintes ont été enregistrées et leur nombre augmente sans cesse au vu de la prise de conscience des citoyens malades ou proches. En 1970, aucune plainte n’avait été déposée avant l’année 1978 où les premières plaintes commençaient à être reçues. Le personnel paramédical de l’hôpital Hassan-Badi, où s’est déroulée la conférence, était à sa troisième et dernière journée de grève.