Elles protestent aujourd’hui devant le siège de l’UGTA et réclament la libération de leurs consoeurs de l’hôpital de Aïn Oussara : Sages-femmes, l’accouchement de colère

Elles protestent aujourd’hui devant le siège de l’UGTA et réclament la libération de leurs consoeurs de l’hôpital de Aïn Oussara : Sages-femmes, l’accouchement de colère

Le Syndicat national des sages-femmes observe aujourd’hui un sit-in de protestation devant le siège de l’UGTA à Alger. Il sera rejoint et soutenu par la Fédération des travailleurs de la santé, qui fait partie de la Centrale syndicale. Les deux collectifs syndicaux se rassemblent également en assemblée générale pour exprimer leur solidarité avec un médecin gynécologue, un « surveillant médical » et trois sages-femmes de l’hôpital d’Aïn Oussara dans la wilaya de Djelfa.

Ces personnes sont actuellement en détention préventive en attendant que l’enquête sur le décès de la parturiente dans cet hôpital délivre son verdict et désigne les responsabilités. Le Syndicat des sages-femmes appelle à leur libération en attendant que les résultats de l’enquête soient publiés. En quelques semaines, cette affaire est devenue le symbole même de la situation de déliquescence dans laquelle se trouve le système de santé algérien.

Elle déchaîne les passions et fait monter au créneau des collectifs syndicaux ainsi qu’associatifs dénonçant les conditions d’exercice des personnels médicaux et paramédicaux de la santé publique. En face, de nombreuses personnes n’hésitent pas à tirer à boulets rouges sur ces personnels. Elles les accusent de se cacher derrière une situation certes réelle, mais qui n’excuse pas des comportements scandaleux et une négligence conduisant à la dégradation de la santé des patients, voire à leur décès. Il faut se pencher sur la ressource humaine dans le secteur de la santé publique et chez les professionnels de l’obstétrique et de la gynécologie. « La sage-femme n’est pas responsable du manque de moyens humains et matériels. 70% des médecins spécialistes ont fui le secteur public vers le privé.

Pour réaliser les objectifs du développement durable pour 2030 et pour atteindre zéro décès maternel, il faut faire de la gestion stratégique et responsabiliser chaque acteur de la profession et non pas utiliser des boucs-émissaires», dira la secrétaire générale du Syndicat des sages-femmes Rachida Chetti. De l’autre côté de la barrière, nombreux sont ceux qui demandent que soient abordés également la responsabilité des personnels aujourd’hui directement ou indirectement mis en cause. « Les praticiens de la santé se mobilisent pour la libération de la gynécologue de Djelfa mise sous mandat de dépôt après le décès d’une parturiente et de son bébé. Solidarité corporatiste.

Soit. Pourquoi ne réagissent-ils donc pas aux décès qui se multiplient aux portes des hôpitaux?», s’est interrogé hier une internaute sur Facebook. Le réseau social s’est emparé de l’affaire et les questions cruelles fusent : « Est-il donc admissible que des femmes sur le point d’accoucher soient renvoyées d’un hôpital à un autre jusqu’à ce qu’elles perdent la vie? Est-il normal que des cas relevant de l’urgence médicale traînent dans les couloirs jusqu’à ce que leur pronostic vital soit engagé? Est-il tolérable que nos hôpitaux soient si sales, manquent de consommables et de médicaments? Peut-on dédouaner des médecins qui trichent lors de leurs gardes et qui abusent de congés de maladie sans assurer des remplacements ? », poursuit la même internaute.