Elle est de nouveau ciblée par des attaques islamistes: Torpilles d’été contre Benghabrit

Elle est de nouveau ciblée par des attaques islamistes: Torpilles d’été contre Benghabrit

Cette dame qui a toujours appelé à la protection de la scolarité des enfants est aguerrie pour batailler sur plusieurs fronts.

La canicule n’est pas pour calmer les esprits étroits. Les tenants de l’immobilisme s’échauffent en ce mois de juillet, particulièrement chaud, et fourbent leurs armes pour porter l’estocade à la ministre de l’Education nationale. Populistes à souhait, ils appellent, à partir d’une tribune improvisée, à défendre les constantes nationales que sont l’islam et l’arabité. A les en croire, l’école algérienne représentée par Nouria Benghabrit serait au bord du précipice et devrait être sauvée de l’aliénation par un sursaut populaire. Une cellule de gens bien-pensants est à ce titre convoquée pour extirper le mal, avec comme objectif l’édition d’un livre blanc qui établirait le bilan du système éducatif et de celui de bien d’autres secteurs. Une bien ronflante entreprise que suggèrent ici les islamistes qui estiment que «l’arabité et l’islam sont sérieusement menacés». Ils appellent, sous le pompeux titre d’experts, au rassemblement de tous les spectres de la société, dont des enseignants, professeurs, psychologues et même imams, à protéger le monde de l’éducation dont les livres regorgeraient d’erreurs et sacralisations du colonialisme. Le timing de cette agitation n’est nullement fortuit notent les observateurs, puisqu’il intervient à peine à deux mois de la rentrée scolaire. Cette montée des hostilités à laquelle est d’ailleurs habituée Benghabrit prélude même à d’autres épisodes à venir et dont l’objectif serait comme de bien entendu de déstabiliser cette femme d’Etat qui a entrepris d’une main ferme des réformes qui laissent bien des mécontents. Cette dame qui a toujours appelé à la protection de la scolarité des enfants est aguerrie pour batailler sur plusieurs fronts. Elle saura sûrement surmonter cet énième écueil qui se dresse sur son chemin, long et difficile. Ce groupe frileux à toute forme d’école moderne, n’y va pas de main morte et mobilise la mosquée aux fins d’une propagande via les canaux tant redoutables des lieux de culte. Et c’est Abdelhamid Zoubiri, présenté en qualité de secrétaire général des imams et fonctionnaires des affaires religieuses, qui est appelé à la barre pour mettre le holà à la transgression des lignes rouges. Il exhorte les partis au référent religieux, autant que les intellectuels et les médias à s’impliquer davantage dans ce dessein de sauvegarde. D’autres grosses pointures de la charia et autres sciences islamiques sont appelées à la rescousse pour mieux étayer le propos. Ainsi en est-il du président de la commission de l’éducation auprès de l’auguste Association des ouléma musulmans algériens, Mokhtar Bounab. Ce dernier affirme qu’un rapport dûment rempli sera présenté au département de l’éducation et ce pour aligner les fautes du livre scolaire. Selon Bounab, ce rapport de 80 pages comprend une étude relative à la première et deuxième années primaires, voire la première année du cycle moyen et dont les matières, notamment scientifiques et littéraires, regorgeraient de «transgressions». Cette liste de griefs et de personnalités appelées à défendre la cause de l’enseignement telle que vue par ce conglomérat est loin d’être exhaustive. Ainsi, et après avoir sagement négocié de graves et sensibles dossiers comme celui des retraites et des enseignants contractuels, Benghabrit se retrouve encore une fois devant la meute des islamo-conservateurs. Dès son installation à la tête du ministère de l’Education nationale, elle a affiché sa volonté de revoir le contenu des programmes scolaires. Quel péché capital? Cette dame va donc remplacer l’éducation religieuse par les «humanités», faire des sciences sociales, de l’enseignement de la philosophie, des mathématiques et de la physique un rempart contre l’obscurantisme, notait jusque récemment L’Expression. Benghabrit aura souvent été la femme à abattre. Elle a été accusée d’incarner «une menace réelle pour les valeurs du pays».