Des volets importants sur la table

Des volets importants sur la table

gouvernement-algerie1-300x198.jpgLe nouveau gouvernement a du pain sur la planche. Outre les dossiers du social et du politique qui l’attendent, le volet économique devrait constituer une des priorités du futur gouvernement.

La nouvelle équipe se penchera d’abord sur la finalisation des grands projets qui ont été lancés à l’exemple de ceux des travaux publics, concernant l’autoroute est-ouest, le métro, le tramway, l’électrification des réseaux ferroviaires.

Pour le secteur de l’habitat, il est attendu la finalisation du programme de la réalisation des logements. D’autres secteurs, comme la santé, le tourisme, la pêche sont également concernés par des projets importants.

LUTTE CONTRE LE CHÔMAGE DES JEUNES

Le chômage est le casse-tête de tout gouvernement. En Algérie, la question est toujours d’actualité. Ce problème est tellement crucial qu’il a une relation avec tous les secteurs, y compris l’économie du pays.

Donc la tâche qu’aura le prochain gouvernement, c’est d’essayer de favoriser la création d’emplois pour lutter contre le chômage endémique parmi les jeunes, d’améliorer les conditions de vie de la populationet de lutter contre l’économie informelle qui représente 40% de l’activité du pays.

Des fléaux qui menacent sérieusement la stabilité sociale. Le prochain gouvernement devrait, selon les spécialistes, renforcer les outils de création d’emploi, comme l’Ansej et l’Agem.

L’URGENCE DE DIVERSIFIER L’ÉCONOMIE NATIONALE

A terme, le gouvernement algérien doit travailler à la diversification de l’économie trop dépendante de la rente pétrolière et gazière. Les experts économiques prévoient une forte diminution des revenus pétroliers à partir de 2020, date de l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange entre l’Algérie et l’Union européenne (UE).

La diversification de l’économie nationale pour que l’Algérie devienne moins vulnérable face aux fluctuations des cours des hydrocarbures est un sujet qui domine l’actualité. La crise économique et financière de 2008 qui a provoqué l’effondrement du prix du baril doit convaincre le gouvernement à oeuvrer pour diversifier les ressources de l’Algérie, dangereusement dépendantes des recettes pétrolières.

Il s’agit surtout de la promotion des activités productives pour contribuer à la diversification de l’économie nationale, à travers notamment, la valorisation de l’investissement productif. Le gouvernement doit également promouvoir les activités productives en parallèle au secteur des hydrocarbures car cela est une nécessité plus avérée que jamais, à la lumière de la crise économique mondiale qui réduit de nouveau nos recettes extérieures.

La récession mondiale aux conséquences encore inconnues montre l’urgence d’aller vers une diversification tous azimuts de notre économie. Les investissements économiques que le programme entraînera constitueront un plan de charge exceptionnel pour les opérateurs locaux et contribuera à la diversification de l’économie nationale.

« La menace n’est pas très lointaine. Si on ne fait pas de découvertes d’hydrocarbures importantes, on sera importateur, sans ressources pour acheter à l’international, dans 15 ans », reconnaît le premier ministre, Ahmed Ouyahia. « La rente pétrolière va commencer à diminuer à partir de 2020, avertit l’ancien P-DG du groupe pétrolier public Sonatrach, Abdelmajid Attar.

C’est le moment de commencer à ‘investir une bonne partie de cette rente dans la transition énergétique qui interviendra entre 2025 et 2030 ». L’urgence est donc dès maintenant de préparer la transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales par une gouvernance renouvelée, l’Etat de droit, la réhabilitation de l’entreprise et son fondement, le savoir.

MISE À NIVEAU DES PME

Pour diversifier l’économie nationale, il faut d’abord développer l’industrie locale qui passe impérativement par la mise à niveau des entreprises. Depuis le lancement du programme de mise à niveau des PME en 2009, les résultats sont très timides. Les experts estiment qu’il accuse beaucoup de retard.

Mais récemment, le ministre de l’Industrie, à travers l’Andpme, veut accélérer la cadence dans ce domaine. Le nouveau gouvernement doit donc continuer dans cette foulée pour atteindre les objectifs consignés. Une enveloppe financière de 386 milliards de dinars sera consacrée à l’accélération du processus d’adhésion de plus de 300 entreprises au programme national de mise à niveau.

Ces entreprises relèvent principalement du secteur du bâtiment et des travaux publics. Cet argent vise à renforcer la capacité d’intervention des associations professionnelles et organisations patronales en vue de les repositionner comme des relais privilégiés pour l’accompagnement des projets de mise à niveau et du développement des PME algériennes.

Cet accompagnement se décline en trois phases d’application, à savoir : Une étape de diagnostic à travers laquelle l’entreprise identifie ses besoins en matière de mise à niveau, une seconde étape qui consiste à l’investissement matériel ou immatériel (formation des ressources humaines) et finalement une phase de mise en oeuvre du protocole, c’est-à-dire d’accélérer le processus de mise à niveau.

FAIRE FACE À LA CRISE FINANCIÈRE MONDIALE

Pour l’année 2012 et les années à venir, il convient de se poser cette question stratégique : La crise financière mondiale aura-t-elle un impact sur l’économie algérienne ? Bien entendu, s’accordent à dire les experts du domaine, qu’elle touchera l’Algérie qui connaît un répit grâce à ses réserves de change pour trois à quatre années.

Le tout sous réserve d’une compression de la dépense publique avec des risques de tensions sociales. Elle touche et touchera l’Algérie mais indirectement l’Algérie qui n’a pas d’économie productive et ce, par deux biais.

Certains économistes, comme le professeur Abderrahmane Mebtoul, prévoient deux scénarios. Le premier, en cas d’une persistance de la crise mondiale, dont des experts prévoient qu’elle atteindra un point culminant entre 2015/2016, il y aura forcément moins de demande d’hydrocarbures. Cela concernera les pays émergents, étant en interdépendance des économies qui d’ailleurs comme en Chine préparent l’après-fossile. A ce titre, rappelons la chute de 45% des recettes de Sonatrach en 2008.

Deuxièmement, la question concerne nos réserves de change placées à l’étranger, environ 94%, soit plus de 155 milliards de dollars répartis environ 45% en dollars et 45% en euros. D’ailleurs le problème qui se pose : Pourquoi pomper les hydrocarbures du fait de la capacité d’absorption limitée pour placer ces réserves à des rendements très faibles, voire négatifs tenant compte du taux d’inflation mondiale.

AMÉLIORER LE CLIMAT DES AFFAIRES

Face aux réticences des opérateurs étrangers depuis les nouvelles mesures concernant l’investissement, le gouvernement doit améliorer le climat des affaires qui s’est dégradé, selon l’évaluation de certaines institutions étrangères. Il est impératif de rendre le pays attractif dans ce sens. Beaucoup d’investisseurs étrangers boudent le pays en raison, notamment de l’instabilité juridique et de la bureaucratie tatillonne de l’administration locale.

Parmi les grands projets d’investissement en instance figure l’implantation d’une usine Renault en Algérie. En négociation depuis plusieurs années, ce projet est en voie d’être concrétisé à en croire les dernières informations de la presse française.

L’assouplissement du recours au crédit documentaire, la simplification du processus d’accès au foncier industriel et la mise en place d’une solution temporaire permettront d’améliorer le climat des affaires en Algérie. Le nouveau gouvernement doit donc prendre en considération ces points et prendre des décisions sur d’autres qui restent en suspens comme celui de la dépénalisation de l’acte de gestion, introduit à la faveur de l’amendement du code pénal.

Le dialogue pouvoirs publics-patronat, qui a connu une certaine détente, devrait lui aussi être repris pour apaiser le climat des affaires. De manière générale, les voies et moyens d’améliorer un climat des affaires fortement dégradé sont à l’ordre du jour. L’idée que les entrepreneurs soient effectivement associés aux questions touchant leur environnement économique fait ainsi lentement son chemin.

I. B.