Des citoyens reçoivent un «Courrier piégé» : Les nouvelles arnaques à l'”africaine”!

Des citoyens reçoivent un «Courrier piégé» : Les nouvelles arnaques à l'”africaine”!

Ce type d’arnaque relève souvent de techniques de manipulations psychologiques mettant en oeuvre de l’ingénierie sociale.

Mohamed est un père de famille qui comme chaque matin ouvre sa boîte aux lettres pour voir s’il n’avait pas reçu de courrier. Ce jeudi matin, 10 août 2017, il trouve une grande enveloppe marron à son nom, où il est mentionné au stylo rouge «urgent». Croyant à une lettre des impôts ou tout autre administration, il s’empresse de l’ouvrir. Là, il est stupéfait par ce qu’il découvre.

C’est la femme d’un ex-ministre de la République centrafrricaine qui lui écrit! Elle lui annonce d’emblée que certains de ses contacts en Algérie lui ont donné son nom et son adresse du fait qu’ils estimaient qu’il était une personne de confiance. Cette femme d’un ancien ministre, qui, selon ses dires, son mari a été tué en 2013 lors de la troisième guerre civile qui a frappé le pays, assure que l’objet de sa requête était de l’aider à récupérer une grosse fortune que son mari avait caché dans la Barclays Bank de Londres.

Elle parle de pas moins de 40 millions de dollars, dont elle promet 20% à Mohamed s’il lui venait en aide, car elle était bloquée dans son pays par les nouvelles autorités qui l’empêchent de quitter le territoire! Comment a-t-elle alors pu envoyer cette lettre qui a été postée dans la commune de Bordj El Bahri à l’est d’Alger?

Elle anticipe la question en affirmant à la fin de la lettre que c’était une hôtesse algérienne qui travaille chez Air France, qu’elle a rencontrée à Bangui (capitale centrafricaine, ndlr) et qu’elle avait chargée de la poster, de peur que si elle le faisait de son pays, les autorités ne l’interceptent et découvrent le secret bien gardé de son compte secret. Si Mohamed était d’accord, elle lui donne une adresse émail pour la contacter, elle lui donnera plus de détails. Le cas échéant, elle enverra son fils en Algérie avec qui il finalisera l’opération. Il faut toutefois, préciser que cette lettre a été écrite dans un français approximatif, sûrement traduite d’une autre langue à partir de Google traduction, chose déjà bizarre pour un pays qui a comme langue officielle le français et le sango. Vous l’avez sûrement deviné, c’est une arnaque pas…bien ficelée. C’est l’arnaque à l’africaine que l’on reçoit souvent de nos mails.

Mohamed qui connaît bien la chose a continué dans le jeu pour voir où cela allait le mener. Il a contacté la fameuse femme de ministre qui lui a de suite programmé un rendez-vous en Algérie avec son fils, et elle lui a demandé de lui remettre 400 euros qui représentent les frais pour pouvoir transférer cette cagnotte. Qu’est-ce que 400 euros quand on va gagner 8 millions? Mohamed a par la suite coupé court au manége, en la menaçant d’appeler la police. Mais croyez-le ou non, certains tombent dans le panneau. A l’exemple de Nabil, qui lui, a été pris comme proie par Internet. Il raconte avoir transféré près de 900 euros via Western-Union à l’un de ces escrocs.

Naturellement, son rêve est resté au stade de…rêve! Cette petite histoire de Mohamed nous renseigne sur le fait que certains petits escrocs africains, qui se sont installés en Algérie, ont trouvé un nouveau moyen pour pratiquer ce qui est appelé l’ arnaque à l’africaine. Selon l’explication que l’on trouve sur Wikipedia, les «arnaques à l’africaine» sont «matérialisées par des «spams» ou des échanges sur les réseaux sociaux et les sites de rencontre, ou tout autre moyen d’entrer en contact avec une future victime (un pigeon, appelé «Mugu»).

Ce type d’arnaque relève souvent de techniques de manipulations psychologiques mettant en oeuvre de l’ingénierie sociale (l’art de tirer les vers du nez afin de nuire, arnaquer, convaincre, etc…)». «Les «arnaques à l’africaine» sont massivement utilisées par l’Afrique noire visant à faire croire à une grosse part d’une énorme cagnotte, si vous aidez à transférer (à sortir de son pays d’origine) cette cagnotte (compte bancaire, argent liquide, coffre plein de lingots d’or ou de sacs de diamants, titres de sociétés, etc.). L’aide que croit apporter le pigeon («Mugu») au transfert de la cagnotte va bien engendrer quelques «menus frais à payer d’avance à l’escroc» (frais de dossier, frais de gestion, frais d’avocat, frais d’huissier, nécessité de corrompre un employé de banque, frais de déplacement, taxes, n’importe quoi d’autre qui peut sembler crédible, etc…)», explique la même source. Eux ont donc ciblé des «Mugu», qui comme Mohamed habitent dans des quartiers chics.

Ils prennent leurs adresses, et vont chercher sur l’annuaire le nom et prénom de la personne pour donner plus de crédibilité à l’arnaque. Les enveloppes que Mohamed et ses voisins ont reçues nous renseignent que ces groupes d’escrocs activent dans la région de Bordj El Bahri (où les lettres ont été postées), qui est connue pour être l’un des plus anciens et plus grands quartiers abritant des migrants africains.

C’est d’ailleurs dans cette région qu’a été arrêté, il y a quelques années, un groupe d’escrocs venus du Liberia qui vendaient une potion pour transformer le papier en billet de banque. Ces illusionnistes qui faisaient des démonstrations à ciel ouvert ont «berné» beaucoup de personnes avant de se faire arrêter. Cependant, ces petits escrocs, comme il en existe partout dans le monde, ne doivent pas renforcer le sentiment de xénophobie que certains partis ont tenté d’installer dans le pays.

L’amalgame ne doit pas être fait. Ces migrants clandestins, dont la plupart ont fui leur pays à cause de la guerre et de la famine, ne sont pas tous des mendiants ou des escrocs. La majorité gagne péniblement sa vie dans les chantiers du BTP ou dans les exploitations agricoles dans l’espoir d’une vie meilleure…