Dans les couloirs de l’hémicycle: L’air des années 1990 s’y est invité

Dans les couloirs de l’hémicycle: L’air des années 1990 s’y est invité

au lieu de suivre les interventions de leurs collègues, des députés ont préféré sortir pour fumer, prendre des consommations et parler au téléphone.

B’hémicycle Zighoud-Youcef a renoué hier avec les grands jours. C’est un air des années 1990 qui s’y est invité, se sont accordés à dire les anciens journalistes.

Le personnage de Ahmed Ouyahia et le contexte économique difficile que traverse le pays en ce moment ont accentué l’impression chez plus d’un parmi les femmes et les hommes de la presse qui restent- quitte à déplaire à certains – un témoin de marque de cette époque-là. L’avis des journalistes était partagé d’ailleurs par de nombreux députés qui ont tenu à attendre au même titre que les professionnels des médias l’arrivée de Ouyahia dans les couloirs de l’APN. L’homme évoque visiblement tant de souvenirs pour certains! Ponctuel comme d’habitude, Ahmed Ouyahia est arrivé, tel qu’il a été annoncé par l’administration de l’APN à 10h tapantes.

Accompagné du président de l’APN Saïd Bouhadja, Ahmed Ouyahia vêtu en costume gris foncé salue les journalistes avec un large sourire et entre directement dans la grande salle. Ainsi et après avoir permis à tout le monde de prendre place, le président de l’APN Saïd Bouhadja ouvre la séance et présente l’ordre du jour. Sans trop trader, il cède la parole à Ahmed Ouyahia. En bon «enseignant» qui prépare bien son cours, le Premier ministre a tenu à prévenir les députés que son intervention ne sera pas conforme au discours qui leur a été distribué depuis la matinée.

«Je voudrais vous la présenter ainsi afin d’enlever tout équivoque quant à sa compréhension et permettre aussi à travers vous à tous les Algériens de comprendre notre plan d’action», a-t-il expliqué d’emblée.

La séance, faut-il le souligner, a été transmise en direct par beaucoup de chaînes de télévision privées. Ahmed Ouyahia qui apprécie tant la presse nationale a tenu à rendre un vibrant hommage aux journalistes algériens et à exprimer une nouvelle fois la volonté de l’Etat de garantir et de consacrer davantage le droit à la liberté d’expression.

De leur côté et en élèves studieux, les députés ont tenu à écouter religieusement Ahmed Ouyahia pendant plus d’une heure. Bien entendu le recours de Ahmed Ouyahia de temps en temps dans son intervention à citer des exemples, des anecdotes, des rappels historiques était pour beaucoup d’entre eux aidant et salvateur. Terminée l’intervention de Ahmed Ouyahia, le président de l’APN a ouvert le débat. Plusieurs députés représentant les différentes formations politiques ont pris la parole. Comme si c’était un mot d’ordre qui a été donné aux députés, ces derniers ont tous tenu à exprimer leur satisfaction de voir Ahmed Ouyahia revenir aux commandes du gouvernement et féliciter ce dernier pour sa nomination à ce poste.

La période financière difficile que traverse le pays, a besoin, se sont accordés à dire les intervenants, d’un homme de rang et de l’envergure de Ahmed Ouyahia. N’ayant pas apprécié l’excès de certains députés des partis de la majorité dans leurs propos élogieux au Premier ministre, de nombreux députés des autres partis de l’opposition et d’obédience islamiste ont quitté la salle. Une tache noire qui persiste dans le fonctionnement de l’APN, et ce, malgré les nombreuses promesses de la direction de l’APN de remédier à cette insuffisance.

Il faut dire que beaucoup de députés sont sortis pour fumer, prendre des consommations ou parler au téléphone. Des comportements qui même s’ils ne sont pas condamnables à la première vue, restent complètement contradictoires avec la mission pour laquelle ils ont été délégués par les populations respectives de leurs wilayas et aussi avec les privilèges dont ils jouissent.

Malheureusement, le malheur des uns fait le bonheur des autres est valable aussi dans ce cas de figure. En effet, la sortie des députés très tôt de la salle d’audience a fait le bonheur des journalistes de la presse écrite et des chaînes de télévision en embuscade devant les accès donnant à la grande salle. Très «convoités» les chefs de groupes parlementaires des formations de l’opposition et des formations dites d’obédience islamiste, ont été les plus sollicités qui pour un direct qui pour une déclaration.

Ce sont, on l’imagine bien, les députés qui ne partagent pas l’avis du Premier ministre qui ont subi les assauts de la presse. Ce sont de bons clients et ça se comprend.