Damas impose des conditions à la reprise des pourparlers de genève : Encore un coup d’épée dans l’eau?

Damas impose des conditions à la reprise des pourparlers de genève : Encore un coup d’épée dans l’eau?

Le jeu trouble auquel est désormais habituée la délégation de l’opposition qui a maintes fois versé dans la surenchère et les exigences surfaites au point de réduire à néant les efforts de l’envoyé spécial de l’ONU semble encore à l’ordre du jour.

Au point mort depuis des mois et des mois, le processus de discussions entre les diverses composantes de l’opposition et le régime syrien devaient reprendre hier à Genève, sous les auspices de l’ONU, mais une déclaration provocatrice d’un membre du HCN affirmant que la revendication du «départ» du président Bachar al Assad était toujours de mise a aussitôt entraîné un report de 24 heures de l’arrivée dans la ville suisse de la délégation gouvernementale syrienne.

On ne peut que s’étonner de cette sortie intempestive qui est en totale contradiction avec les engagements pris par l’ensemble des parties présentes à la réunion de Riyadh, dimanche dernier, au cours de laquelle il a été convenu de faire table rase de certaines conditions devenues totalement obsolètes si l’on considère les victoires de Damas sur le terrain militaire.

Il semble que certaines sphères occidentales, rivées à leurs certitudes pourtant balayées par la réalité du terrain militaire, aient cherché à torpiller un processus déjà difficile. En effet, l’accord intervenu entre l’ensemble des factions sur une seule et même délégation de l’opposition a été, à la dernière minute, court-circuité par l’ajout du paragraphe exigeant le départ du chef de l’Etat syrien.

L’envoyé spécial de l’ONU, Staffan de Mistura, a fait contre mauvaise fortune bon coeur en maintenant ce huitième round, même si les sept précédents ont tous fini en queue de poisson dès lors que les représentants de certains groupes armés s’opposent violemment à toute concession de la part des autres représentants politiques. Ecartés et souvent même écrasés sur le terrain, ces groupes s’efforcent de sauvegarder l’illusion d’un bras de fer qui n’existe pratiquement plus en réalité, dans le fol espoir de parvenir à un partage des rôles égalitaire. Un haut responsable syrien a ainsi indiqué hier que le gouvernement a négocié pied à pied avec M. De Mistura au cours des deux derniers jours, insistant tout particulièrement sur le fait qu’il ne saurait être question de rencontre en direct avec l’opposition quelle qu’elle soit, pas plus qu’il n’y aura de pourparlers autour de la Déclaration de Riyadh.

Le jeu trouble auquel est désormais habituée la délégation de l’opposition qui a maintes fois versé dans la surenchère et les exigences surfaites au point de réduire à néant les efforts de l’envoyé spécial de l’ONU semble encore à l’ordre du jour, de sorte qu’on peut sans crainte de se tromper considérer que cette huitième réunion ressemblera comme deux gouttes d’eau à toutes celles qui l’ont précédée, avec les mêmes rengaines et le même aboutissement. Sachant parfaitement que l’allusion au départ du président Bachar al Assad constitue une ligne rouge, sans cesse déclarée inacceptable par Damas, l’opposition qui est minée par des positions contradictoires et des affrontements latents cède in fine aux pressions des capitales qui la parrainent et la financent.

Voilà pourquoi sitôt arrivé à Genève, le chef de la délégation de l’opposition, Nasser Hariri, a remis de l’huile sur le feu en proclamant que cette condition constitue un préalable avant toute transition vers des élections. Dire que la Russie a besoin de l’ONU en la circonstance pour protéger ses intérêts en Syrie et que, pour cela, des pressions auraient été exercées sur Damas est ni plus ni moins qu’une fumisterie.

Certes, des concertations ont eu lieu entre les deux alliés et la diplomatie russe connaît parfaitement les subterfuges et la mauvaise foi de plusieurs factions qui activent au sein de la mouvance dite de l’opposition. Moscou entend oeuvrer en faveur d’une solution politique pour traduire dans les faits la victoire déjà assurée sur le terrain militaire. Ce faisant, la Russie encourage tous les efforts qui vont dans le sens d’une paix et d’une réconciliation véritable, pour écarter une bonne fois pour toutes les ingrédients du terrorisme et de l’extrémisme que portent nombre de factions et supportent plusieurs pays occidentaux. A cet égard, la Russie et l’Iran, alliés de Damas, et la Turquie, soutien d’une partie de l’opposition, sont convenus d’organiser prochainement un Congrès national syrien avec tous les acteurs du conflit afin de baliser la voie à un processus de Genève décidément mal en point du fait des manoeuvres toujours stériles de ces mêmes pays qui cherchent encore à tirer les ficelles au moment où il est question de débattre d’une nouvelle Constitution et de la tenue d’élections.