Écrit par Hakim Ould Mohamed
La croissance de l’Algérie devrait baisser cette année à 2,5% contre un taux de 3% prévu plus tôt dans l’année par le Fonds monétaire international (FMI). La croissance marque ainsi le pas en dépit d’une hausse de près de 100% du budget injecté dans l’équipement et dans l’investissement au titre de l’exercice budgétaire 2018. En 2019, la croissance ne devrait progresser que de 0,2%, confirmant les précédentes prévisions qui étaient établies, faut-il le rappeler, sans la prise en compte de la baisse que connaît le budget d’équipement de l’année prochaine, exprimé dans le cadrage budgétaire de l’exercice 2019, débattu et validé récemment en conseil des ministres.
Ces chiffres, très attendus pour connaitre les conséquences réelles de la politique budgétaire du gouvernement, confirment bon gré, mal gré le trou d’air du premier trimestre qui se lisait dans les données du ministère des Finances pour les premiers mois de l’année. La loi de finances du prochain exercice est élaborée sur la base d’un cadrage macroéconomique prudent, dit-on, dont le taux de croissance prévisionnel est fixé à 2,6%. Le taux est donc presque identique aux projections du FMI pour 2019, mais serait insuffisant pour insuffler la dynamique nécessaire à faire tourner le marché de l’emploi. Preuve en est le taux du chômage avancé par les experts de Washington pour 2019 et qui se situerait à 12,3%, si l’on se réfère au rapport semestriel d’octobre 2018 de l’institution de Bretton Woods, consacré aux perspectives économiques mondiales, dévoilé, mardi, à Bali, en Indonésie. Les précédentes projections de l’institution de Christine Lagarde tablaient sur un taux de chômage de 11,6% pour l’année en cours, alors qu’il se situait à 11,7% en 2017. En juillet dernier, l’Office national des statistiques (ONS) annonçait un taux de chômage en baisse à 11,1% au mois d’avril 2018.
Cela dit, la hausse du taux de chômage serait la résultante d’un cadrage budgétaire légèrement austère pour l’économie, révisant à la baisse les budgets dédiés à l’équipement et à l’investissement, au titre du prochain exercice. Mathématiquement, tant que le pays ne sort pas du trou d’air qui affecte sa croissance, l’économie ne pourrait créer des emplois, en dehors de l’effort que consent l’Etat à travers la Fonction publique. Dans ses précédents cadrages budgétaires sur la période 2017-2019, le gouvernement avait décidé de geler les embauches et les promotions dans la Fonction publique jusqu’en 2020, exception faite des deux secteurs de la Santé et l’Education. L’Exécutif a quelque peu mis de l’eau dans son vin courant 2017, remettant en cause les coupes drastiques dans les budgets de 2016 et de 2017 et révisant à la hausse les dépenses prévues pour cette année dans la loi budgétaire de 2017. L’Exécutif espérait un retour à la croissance et une dynamique au front de l’emploi après les mises en garde lancées aussi bien par les institutions de Bretton Woods que par les organismes nationaux en charge de l’information statistique.
Le taux de chômage chez les jeunes flirtait dangereusement avec le taux de 30% sur les deux exercices 2016-2017, faute d’une croissance suffisante et d’un besoin en adéquation avec l’offre du marché. Les investissements des entreprises étaient moins solides et ceux des étrangers repartaient à la baisse, les secteurs pourvoyeurs d’emplois, dont l’agriculture et le BTPH, peinaient à trouver preneurs, tandis que certains autres domaines générateurs de croissance et de richesses, à l’instar des hydrocarbures, étaient moins demandeurs en main-d’œuvre. Les restrictions des importations ont également affecté nombre de métiers, dont l’automobile, le commerce et l’industrie du bois… En tout cas, le rythme de croissance semble s’essouffler, alors que l’Exécutif tablait sur un retour sur investissement après avoir multiplié les budgets par deux au titre de l’actuel exercice ; un revers non des moindres pour les partisans de la croissance par l’infrastructure et au moyen de la planche à billets.
Un léger rebond est cependant attendu pour 2019, même si les prévisions pourraient être révisées à la baisse suite aux cadrages budgétaires compris dans le projet de loi de finances 2019. Dans ce contexte de mauvaise croissance, les créations d’emplois resteront en berne, tandis que l’inflation rebondirait conséquemment aux restrictions des importations, la hausse des prix et les prévisions d’une politique monétaire favorable à la dépréciation du dinar.