Après avoir nié, des mois durant, l’impact dévastateur de la crise économique mondiale sur l’Algérie, le pouvoir avoue finalement que le pays est touché de plein fouet par cette crise, qui a engendré une accentuation du blocage de la dynamique de développement, estime le comité économique et social du Mouvement démocratique et social (MDS), dans un communiqué daté du 19 août dernier.
Ce document, qui se veut être une analyse des récentes mesures gouvernementales en matière économique, dresse un bilan des plus sombres quant à la situation qui prévaut dans les milieux de l’économie ainsi que dans la société.
« Ce sont surtout les travailleurs, les couches moyennes et les milieux les plus vulnérables qui paient le prix fort par une dégradation sans précédent de leurs conditions de travail et leur pouvoir d’achat », déplorent-ils, poursuivant : « Et c’est dans un pays livré à la spéculation que tous devront affronter la flambée des prix durant le Ramadhan ».
Réagissant suite aux dernières dispositions de la loi de finances complémentaire, notamment la suppression de l’octroi des crédits à la consommation aux particuliers, la formation démocrate estime qu’« au lieu de réguler le marché et d’augmenter les salaires pour éviter l’endettement des familles, le pouvoir interdit le crédit. Mais s’il y a un besoin réel de l’intervention de l’Etat pour lutter contre les abus et détournements et réduire certaines importations, il est injustifié de prendre des mesures en culpabilisant les familles et tous les opérateurs économiques ».
C’est le système incarné par le pourvoir qui est à l’origine de ces dérives, affirme le MDS qui soutient que le niveau de vie a chuté considérablement mettant dans l’insécurité la population.
« Salariés victimes de l’ajustement structurel, chômeurs désespérant de leur avenir, retraités qui s’inquiètent de leurs pensions qui ne connaissent que de misérables augmentations, tous ont besoin d’un Etat puissant, efficace et qui lutte contre les injustices et les inégalités », est-il déclaré dans le communiqué.
Et la suppression du crédit à la consommation n’est pas l’unique mesure qui suscite le mécontentement du MDS, qui relève des contradictions et un décalage dans l’action gouvernementale.
« Nous entendons les professions de foi du pouvoir qui affirme son patriotisme économique. Mais dans le même temps, il cède un pan de la souveraineté en confiant à des sociétés étrangères une partie des missions des douanes », affirment-ils.
De plus, et toujours selon la formation démocrate, le pouvoir encourage l’investissement du portefeuille plutôt que l’entreprenariat, puisque « l’on propose une privatisation partielle des entreprises publiques, ou que les chefs d’entreprises considèrent pour leur part que l’on fait des cadeaux aux banques », ajoutant : « Le pouvoir continue à créer des effets d’aubaine ».
Et ce n’est pas le seul reproche que le MDS formule à l’encontre du pouvoir.
Ainsi, pour le parti, la restructuration économique, vantée par les ministres, n’est finalement qu’une accentuation de l’orientation condamnée à travers le monde avec la crise financière.
« Les mesures que le pouvoir présente comme des avancées restent en deçà des exigences ».
De même, le MDS critique vivement le manque de concertation qui a caractérisé toutes les prises de décisions : « Hier, le pouvoir n’a pas consulté les syndicats autonomes pour établir un pacte social, aujourd’hui il ne consulte pas le patronat pour établir la loi de finance ».
« En l’absence de perspectives, il ne reste que la harga ou l’émeute », déclare le Mouvement démocratique et social.
G. L.