Crise diplomatique majeure au moyen-orient: L’arrêt de mort de l’Opep?

Crise diplomatique majeure au moyen-orient: L’arrêt de mort de l’Opep?

Trois pays membres de l’organisation sont directement impliqués dans cette affaire avec en toile de fond un règlement de comptes qui se profile entre Riyadh et Téhéran, deux poids lourds du cartel.

La rupture diplomatique décidée par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis…avec le Qatar s’apparente à un coup de poignard dans le dos du baril. Les cours de l’or noir ont en effet, contre toute attente, mal digéré l’information. Vers 14h10 à Alger, le prix du baril de «light sweet crude», référence américaine du brut, perdait 45 cents à 47,21 dollars sur le contrat pour livraison en juillet au New York Mercantile Exchange (Nymex). Aux environs de 15h00 le baril de Brent de la mer du Nord se négociait à 49,33 à Londres soit une perte de 60 cents par rapport à la clôture de vendredi.

Ce séisme politique qui a secoué le Moyen-Orient a vraisemblablement, dans le feu de l’alerte, focalisé les regards sur la façon dont il pourrait impacter l’accord de la baisse de la production des pays producteurs (Opep et hors Opep) de 1,8 million de barils par jour reconduit jusqu’en mars 2018. «Les craintes d’une éventuelle rupture d’approvisionnement laissent la place à une potentielle mésentente qui pourrait bloquer la coopération entre plusieurs producteurs», confirme John Kilduff de Again Capital.

C’est donc une certaine cohésion retrouvée au sein de l’organisation qui risque d’en prendre un coup. L’Algérie avait souvenons-nous été la cheville ouvrière de cette solidarité retrouvée. Le fruit d’une offensive diplomatique d’envergure initiée par le chef de l’Etat qui s’est concrétisée par un accord historique conclu le 28 septembre 2016 à Alger en marge du 15ème Forum international de l’Energie. L’Algérie avait réussi à mettre autour de la même table Iraniens et Saoudiens, à rapprocher leurs points de vue malgré leurs différends.

Avec cette crise diplomatique majeure que vit aujourd’hui le Moyen- Orient le risque de revenir à la case départ est grand. Trois pays membres de l’organisation (l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar) sont directement impliqués dans cette affaire avec en toile de fond un règlement de comptes qui se profile entre Riyadh et Téhéran, deux poids lourds du cartel. Signera-il ll’arrêt de mort de l’Opep? «Nous ne voulons pas surinterpréter les évènements récents et l’effet qu’ils pourraient avoir sur l’Opep, mais le fait que la relation du Qatar avec l’Iran soit au coeur de ces tensions pourrait compliquer les choses lors des prochaines réunions du cartel, si leurs problèmes n’ont pas été résolus dans l’intervalle», ont estimé les analystes de JBC Energy.

Il y a donc fort à parier qu’une crise entre la République islamique d’Iran et le Royaume wahhabite est en train de couver.

Les deux pays qui sont opposés pratiquement sur tous les plans, particulièrement dans leurs prises de position par rapport aux conflits syrien et yéménite…alors que l’Arabie saoudite qui s’était montrée favorable au maintien des sanctions occidentales contre l’Iran, dans le cadre de son programme nucléaire, voyait d’un mauvais oeil le retour de la République des Mollahs sur le marché pétrolier. Ces deux puissances régionales rivales avaient fini pourtant par s’entendre sur une baisse de la production des pays producteurs.

Cela s’était concrétisé le 10 décembre 2016 à Vienne par un retrait de 1,2 million de barils par jour pour l’Opep et près de 600 000 b/j pour ses alliés dont la Russie. C’est cet accord qui est désormais menacé. Les spéculations vont bon train. «En ce qui concerne l’accord, ce document a une vocation politique et non économique, de fait je ne pense pas qu’il y ait des effets sur le respect de l’accord. C’est un accord multilatéral, et tous les pays n’ont pas lâché le Qatar», a assuré Vladimir Voronkov. «Je ne crois pas qu’il faille s’attendre à d’importants changements» a ajouté le représentant permanent russe auprès des organisations à Vienne en Autriche. La situation fait, malgré tout, craindre le pire.