Morose. C’est le terme qui revient à chaque discussion consacrée à la campagne des législatives, alors que le citoyen lambda est plus emballé par la campagne présidentielle en France que les législatives sous ses cieux.
Il faut dire que les listes des différents partis en lice offrent un air de déjà-vu. « Ce sont les mêmes candidats pratiquement que lors de la dernière campagne », nous dira Madani, un enseignant universitaire. C’est vrai que les panneaux réservés à l’affichage exhibent des têtes « familières », non par la notoriété des personnes, mais par la récurrence de leurs passages sur les listes électorales et par un népotisme caractérisé.
C’est ainsi qu’un entrepreneur bien connu est promulgué tête de liste, après l’avoir été lors des deux précédentes campagnes avec… d’autres partis. Un retraité est lui aussi tête de liste après que deux de ses enfants aient échoué les années précédentes pour le passage au boulevard Zighoud-Youcef.
D’autres prétendants ont provoqué l’ire des riverains de la populeuse cité de Benchergui. Un convoi composé de 4×4 Mercédès, alors que le SNMG reste un vœu pieu chez les jeunes du quartier, un parti de l’alliance présidentielle ira coller ses affiches sur le pont géant Salah Bey, pour s’excuser par la suite et les retirer après l’avertissement adressé par des membres du comité chargé de la surveillance de la campagne et des élections. Nous ne reviendrons pas sur les candidates sans visage. Toutes ces frasques, et bien d’autres, interviendront après qu’un député sortant, FLN, ait été pris en flagrant délit de tentative de corruption pour s’offrir une place de choix sur la liste du plus vieux parti. L’enquête est en cours.
C’est dire que les élections du 4 mai prochain risquent d’aboutir sur un véritable camouflet pour les partis politiques. « Comment voulez-vous que j’aille voter pour ces gens-là. Ils ne connaissent même pas le rôle qu’ils auront à l’Hémicycle. Quand je vois plusieurs candidats promettre des logements, alors que le député n’aura qu’un rôle législatif, je n’ai plus envie de mettre un bulletin dans l’urne. Et il n’y a pas que ça.
Ils n’y vont que pour les 36 millions de salaire et l’immunité parlementaire, un bouclier pour leurs affaires scabreuses. » Propos d’un ancien P/APC de Constantine, quand « le maire » était au service du citoyen et non de son parti. La désaffection pour les joutes du 4 mai risque d’être importante car l’indifférence du Constantinois pour les élections a fait que les affiches des candidats n’ont même pas été déchirées (notre photo) et que les passants ne jettent que des regards furtifs et blasés vers « leur » futurs élus.
