Conférence nationale des présidents des assemblées locales, jeudi, au CIC : Bedoui met la pression sur les élus

Conférence nationale des présidents des assemblées locales, jeudi, au CIC : Bedoui met la pression sur les élus

“La commune ne peut relever de nouveaux défis que si elle compte sur ses propres ressources et libère ses initiatives”, a affirmé le chef de l’État.

Les Assemblées populaires communales et de wilaya (APC-APW) devront prendre des initiatives et ne plus compter sur l’État pour résoudre les problèmes qui leur sont posés. Dans un message, lu en son nom par le secrétaire général de la présidence de la République, Habba El-Okbi, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a exhorté, ce jeudi lors d’une rencontre nationale — instituée Journée nationale des collectivités locales — organisée au Centre international des conférences (CIC), les élus, issus des élections du 23 novembre 2017, à prendre en charge les préoccupations des citoyens, affirmant que “la commune ne peut relever de nouveaux défis que si elle compte sur ses propres ressources, libère ses initiatives et gère elle-même ses ressources. Cet objectif passe par l’approfondissement de la décentralisation”. Pour le chef de l’État, “les communes doivent s’affranchir de la bureaucratie et de la dépendance dans leurs rapports avec leur environnement et dans la gestion de leurs services” et

“se libérer des vieux réflexes en comptant sur soi” pour réaliser leurs objectifs. “Il y a de nouveaux défis qui se posent pour les collectivités locales, à savoir la modernisation des structures communales, la consécration de la décentralisation et la libération des initiatives économiques et du développement local (…) J’appelle toutes les franges de la société à soutenir les institutions de l’État notamment la commune, afin de réaliser ensemble nos objectifs de développement”, a encore souligné le chef de l’État, appelant les élus à “faire plus d’efforts, à fructifier les moyens, à s’ouvrir au partenariat et à placer le citoyen au cœur des assemblées élues en se basant sur la démocratie participative”. Et si le chef de l’État a rassuré les élus quant à l’aide du gouvernement dans la réalisation des objectifs en annonçant deux projets de loi relatifs au nouveau code communal et à la fiscalité locale, il n’en demeure pas moins qu’il met au défi ces mêmes élus à assumer leurs responsabilités devant les populations qui aspirent à un cadre de vie décent.

Partenariat et solidarité entre les assemblées

Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, a mis l’accent sur “la poursuite de l’amélioration du fonctionnement des services de la commune, l’activation de la fonction économique de la commune, l’attachement aux nouveaux principes du développement local durable basés sur l’utilisation des énergies favorables à l’environnement et l’accélération du processus de modernisation des services communaux et des infrastructures publiques”. Rappelant que son département avait procédé au lancement du guichet électronique unique, M. Bedoui, très évasif, voulait prendre à témoin l’opinion publique nationale sur la responsabilité des présidents d’APC et d’APW quant au succès des programmes et des projets budgétisés par l’État.

En ce sens, il dira que le projet de loi relatif aux collectivités locales, actuellement en cours d’élaboration, va encore approfondir la décentralisation et élargir les prérogatives des assemblées élues en vue de permettre aux communes de réaliser le développement local et prendre en charge les préoccupations des citoyens. Tout en réaffirmant le soutien des institutions de l’État aux nouveaux élus, il précisera que “les nouveaux élus devront répondre à un cahier des charges très lourd. C’est un passage obligatoire et difficile, mais pas impossible”. De l’approfondissement de la décentralisation, l’élargissement des prérogatives des assemblées élues et la promotion de la démocratie participative (une revendication de plusieurs partis politiques), M. Bedoui a mis la pression sur les élus qui, désormais, devront “consacrer les principes des bonnes pratiques en matière de gouvernance locale, d’activer le nouveau rôle économique de la commune et instituer un nouveau système de fiscalité locale”. M Bedoui ne le dira pas en termes clairs, certes, mais le commun des mortels aura compris que les élus ne devront plus compter sur l’État providentiel. “Vous êtes acteurs majeurs du développement local. il faudra s’ouvrir au partenariat, à la solidarité locale basée sur le jumelage entre les assemblées, activer les parcs industriels en berne, ouvrir de petites zones d’activité, exploiter les 100 locaux par commune à des fins utiles et se préparer à de nouveaux défis, comme l’exploitation des énergies renouvelables”, a encore développé M. Bedoui. Interrogés, des P/APC et des P/APW ont estimé que “l’élu ne peut pas développer d’initiatives tant que le nouveau code communal n’est pas encore promulgué. Les élus locaux sont prisonniers du cadre juridique et des luttes claniques et partisanes”.

FARID BELGACEM