L’Algérie mise essentiellement sur le spectacle vivant et les scènes musicales pour faire vivre son secteur du tourisme. Et si le pays étendait son offre culturelle ?
Conceptualiser un patrimoine historique pour en faire une offre touristique, voilà ce qui semble être un projet inatteignable pour les autorités algériennes. La crise festivalière survenue ces trois dernières semaines, suite à la défection des spectateurs, semble mettre en cause la politique publique qui consiste simplement à irriguer, à chaque Ramadan et vacances d’été, le nord du pays de grandes scènes, de sonos et d’une pléiade d’artistes de variété locaux ou venant d’autres continents.
Hérités des temps glorieux du socialisme, l’idée d’offrir une politique culturelle basée uniquement sur le spectacle vivant et principalement musical montre aujourd’hui ses limites. Il y a 40 ans, la population algérienne n’était pas connectée, comme aujourd’hui, avec des appareils qui lui permettent d’accéder d’un clic à tous le répertoire musical mondial.
Des vedettes de variétés sur des sites archéologiques
La semaine dernière, l’annonce par le ministre algérien de la Culture qu’un « plan d’animation culturelle de plusieurs sites archéologiques à travers le pays sera « prochainement » mis en place », pose la problématique de l’idée que l’on a d’une offre patrimoniale.
Au moment où des régions du monde peaufinent et rivalisent d’idées et de créations historiques pour valoriser le peu de vestiges qu’ils possèdent sur leur territoire, afin d’attirer les touristes culturels, l’Algérie offre dans ces multiples cite antiques, de simples vedettes de variétés orientales « mainstream ».
Il semble que la crise d’une politique culturelle algérienne ne concerne pas uniquement les vestiges romains, juifs séfarades ou des royaumes berbères, mais aussi un pan entier des terroirs arabo-berbères. Il y a l’exemple, de la petite ville de Sidi Lakhdar, sur le littoral ouest du pays. Elle abrite la demeure du mystique soufi Sidi Lakhdar Ben Khlouf, désigné poète du Prophète.
Voilà, à un moment où l’islam connaît de part le monde une crise politique, un chantre du « melhoun », mot qui regroupe toute la poésie populaire du Maghreb, et qui, encore aujourd’hui, est encore interprété musicalement dans de nombreux mariages et fêtes à travers le pays, ne possède même pas un événement international, à la mesure de son emprise sur la culture populaire en Algérie.
Il semble que la crise d’une politique culturelle algérienne ne concerne pas uniquement les vestiges romains, juifs séfarades ou des royaumes berbères, mais aussi un pan entier des terroirs arabo-berbères. Il y a l’exemple, de la petite ville de Sidi Lakhdar, sur le littoral ouest du pays. Elle abrite la demeure du mystique soufi Sidi Lakhdar Ben Khlouf, désigné poète du Prophète.
Voilà, à un moment où l’islam connaît de part le monde une crise politique, un chantre du « melhoun », mot qui regroupe toute la poésie populaire du Maghreb, et qui, encore aujourd’hui, est encore interprété musicalement dans de nombreux mariages et fêtes à travers le pays, ne possède même pas un événement international, à la mesure de son emprise sur la culture populaire en Algérie.
Un musée-palais pour le poète soufi Sidi Lakhdar Ben Khlouf
Sidi Lakhdar Ben Khlouf a vécu entre le XVème et le XVIème siècle et il est mort, dit-on, à l’âge de 125 ans. Des pèlerins viennent de tout le pays pour visiter son mausolée qui abrite un palmier extraordinaire en forme de serpent. Mais manque une grande idée pour offrir à ce lieu une dimension méditerranéenne de l’art poétique.
Peut-être un musée-palais, une sorte de Guggenheim du melhoun, pour accueillir des hôtes amoureux de la poésie maghrébine. Un musée-palais qui devrait offrir des documents rares à voir et un enseignement des textes sacrés vu sous l’angle de la déclamation et du verbe chanté.
Depuis la fin de ce qui est désigné par la « décennie noir », c’est-à-dire la guerre contre le terrorisme islamiste, l’Algérie officielle pleure chaque disparition d’un artiste ou poète issu de la tradition du barde soufi Sidi Lakhdar Ben Khlouf, mais elle n’a jamais su conceptualiser une offre de tourisme culturel avec ce trésor patrimonial unique.
Comme si, une absence de management des identités culturelles fait défaut à cet Etat au nationalisme chatouilleux et craintif. Le dernier exemple est celui du décès, la semaine dernière, de Blaoui Houari, un père du rai regretté dans tous les médias d’Algérie et pleuré par ses concitoyens sur les réseaux sociaux, mais dont aucun musée ni centre culturel n’expose et ne présente les oeuvres. L’Algérie a tant de qualité pour faire jaillir l’harmonie.
Nidam Abdi est consultant en transition et développement numérique des territoires urbains