Charlottesville: Trump fait marche arrière en dénonçant les “suprémacistes blancs, le KKK et les néo-nazis”

Charlottesville: Trump fait marche arrière en dénonçant les “suprémacistes blancs, le KKK et les néo-nazis”

Sa prise de parole était très attendue. Lundi 14 août, après plusieurs heures d’euphémismes et d’hésitations, Donald Trump a fini par dénoncer clairement la droite extrême dont est issu le militant néofasciste qui a projeté sa voiture contre des manifestants antiracistes à Charlottesville, faisant un mort et une vingtaine de blessés.

Sous le feu des critiques pour ne pas avoir clairement dénoncé les violences des suprémacistes blancs, dans l’est des Etats-Unis, le président le président américain est rentré à Washington pour y rencontrer son ministre de la Justice et son nouveau chef du FBI. Interrompant temporairement ses vacances, Donald Trump a retrouvé la Maison Blanche et en a profité pour -enfin- accuser de sa propre voix les « suprémacistes blancs, le KKK et les néo-nazis » d’être derrière les « violences racistes »

Le milliardaire, soutenu par ses mêmes groupuscules lors de la campagne présidentielle, a également appelé les Américains à s’unir contre les divisions. « Le racisme, c’est le mal », a-t-il notamment lancé, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article.

« Justice sera rendue »

Tout ceux qui ont agi de manière criminelle lors des violences racistes de ce week-end devront répondre de leurs actes devant la loi, justice sera rendue », a-t-il lancé lors d’une brève déclaration depuis la Maison Blanche. « Quelle que soit la couleur de notre peau, nous vivons tous avec les mêmes lois, nous saluons le même drapeau », a-t-il poursuivi.

« Ceux qui recours à la violence en son nom sont des criminels et des voyous, y compris le KKK, les néo-nazis et les suprémacistes blancs (…) qui sont à l’opposé de tout ce qui nous est cher en tant qu’Américains », a-t-il encore dit.

Dans sa déclaration de samedi, depuis son golf de Bedminster, dans le New Jersey, le président américain avait condamné les violences mais renvoyé les deux camps dos à dos en pointant la responsabilité « de diverses parties ».

Venant d’un dirigeant que l’on sait prompt à réagir sur Twitter et qui se targue d’appeler un chat un chat, sa réticence initiale à désapprouver nommément ces militants xénophobes avait suscité un véritable malaise à travers les Etast-Unis.

Donald Trump, qui à de multiples reprises a reproché à son prédécesseur à la Maison Blanche, Barack Obama, son laxisme présumé contre le « terrorisme » et son refus de prononcer les mots « islam radical », faisait face à des demandes émanant des démocrates comme des républicains de parler ici de « terrorisme intérieur ».

Donald Trump sous pression

Une partie de la droite alternative, ou « Alt Right », a soutenu Donald Trump dans sa course à la Maison Blanche, et celui-ci a plusieurs fois refusé de prendre clairement ses distances avec certains de ses groupes ou de ses leaders. Nombre d’observateurs rappellent aussi que le magnat de l’immobilier a pendant des années soutenu une théorie du complot sur le lieu de naissance de Barack Obama, avant de virer de bord durant la campagne.

En dépit de ce changement de pied soudain, cet épisode de Charlottesville pourrait marquer durablement la présidence de Donald Trump. Kenneth Frazier, le PDG du géant américain de la pharmacie Merck, a annoncé lundi qu’il démissionnait de ses fonctions de conseiller économique de la Maison Blanche.

« Les dirigeants américains doivent honorer nos valeurs fondamentales en rejetant clairement les manifestations de haine, de sectarisme et toute revendication de suprématie qui nient l’idéal américain voulant que tous les hommes ont été créés égaux », a indiqué Kenneth Frazier.

Là, le président américain n’a pas gardé le silence longtemps. Frazier « aura plus de temps pour se consacrer à réduire les prix totalement abusifs des médicaments », a immédiatement réagi le président américain dans un tweet.

De son côté la NAACP, grande organisation de défense des Afro-Américains, a affirmé que l’extrême droite américaine « applaudi(ssait) les déclarations » de Trump après les violences de Charlottesville.

De façon probablement opportuniste, les autorités judiciaires américaines ont annoncé lundi avoir bouclé une vaste investigation sur des gangs racistes actifs dans les prisons du Texas.