De son vrai nom Warda Ftouki, la diva du «tarab», Warda El Djazaïria, ou la Rose algérienne, a fait vibrer plus d’un cœur avec ses belles chansons.
Warda est venue au monde à Paris, d’une mère libanaise et d’un père algérien, originaire de Souk Ahras. Dès l’âge de 11 ans, elle commence à chanter au Tam Tam, un établissement appartenant à son père, situé dans le Quartier latin à Paris et qui accueille de grandes vedettes de la chanson arabe, tel que Farid El Attrache.
Après le déclenchement du 1er novembre 1954, Warda chante des chansons patriotiques et fait don des recettes au FLN. Mais en 1956, la police française découvre des armes destinés à la lutte armée algérienne dans l’établissement de son père. Le cabaret est fermé et la famille expulsée.
Sa mère meurt à cette période et la famille s’installe à Beyrouth, au Liban. Warda chante dans différents lieu de la ville et c’est ainsi qu’elle rencontre, en 1959, le grand compositeur Mohammed Abdel Wahab qui propose de lui composer des chansons. Warda reçoit la proposition comme un immense honneur et Abdelwahab devient son parrain. Il lui apprend le chant classique et lui adapte « Bi omri kullo habbitak », une qassida d’Ahmed Chawki. Peu de temps après, suite à une proposition de Gamal Abdel Nasser, Warda enregistre « Al watan al akbar », une chanson de Mohammed Abdel Wahab écrite pour un opéra panarabe, aux côtés d’Abdel Halim Hafez, Fayza Ahmed et d’autres chanteurs connus.
A la même époque, Warda signe un contrat avec Helmi Rafla, réalisateur égyptien de comédies musicales, et poursuit une carrière musicale et cinématographique en Egypte, apparaissant dans deux films de Rafla : « Almaz wa ‘Abdou al-Hâmoulî » et « Amîrat al-‘arab ».
En 1961, le père de Warda décède à son tour. L’année d’après, à l’indépendance de l’Algérie, elle se rend pour la première fois dans son pays d’origine. Elle rencontre un officier qu’elle épouse rapidement et abandonne la musique sous sa demande pour une dizaine d’années, se consacrant à sa famille.
En 1972, le président algérien Houari Boumediene lui demande de participer à la célébration du 10ème anniversaire de l’indépendance du pays. Warda chante accompagnée d’un orchestre égyptien.
De ce jour là, elle décide de reprendre sa carrière. Avec son mari, ils décident de divorcer par consentement mutuel, puis elle retourne vivre en Egypte, son pays d’adoption où elle épousera le compositeur Baligh Hamdi.
En Egypte, Warda travaille avec de grands compositeurs arabes. Sa carrière est au sommet. En 1990, elle divorce de son second mari, qui meurt trois ans plus tard, à Paris. Warda disparait quelques temps de la scène musicale et revient avec des tubes signés Salah Charnoubi. On se souvient encore de la très belle « Betwanes bik » et de « Haramt Ahibek » et « Ya khsara ».
Peu de temps après ces succès, Warda a des problèmes de santé. En 1996, elle subit une importante chirurgie du cœur, puis une greffe du foie au début des années 2000.
En 1999, elle sort la compilation « Nagham el hawa » qui mêle orchestration classique et arrangements modernes. Et en 2001, elle sort son dernier album, « Law Mehtagly, Ana Leya Meen Gherak ». Durant plusieurs années, elle se produit dans différents pays : Liban, Maroc, Algérie… où l’accueille est toujours chaleureux et le public très nombreux.
Le 17 mai 2012, alors qu’elle dort paisiblement, chez elle, au Caire, un arrêt cardiaque l’arrache à la vie, à l’âge de 72 ans. Sa dépouille est rapatriée dans un avion spécialement dépêché. La diva est enterrée le 19 mai dans le « carré des martyrs » du cimetière El-Alia.
Warda, ou la Rose algérienne comme ses fans aimaient la surnommer, a vendu plus de 20 millions d’albums à travers le monde, avec un répertoire comprenant plus de 300 chansons. Durant les années 2000, elle a reçu plusieurs distinctions : la médaille El Athir de l’Ordre du mérite national, en 2004 ; en 2009, elle a été faite « Commandeur » de l’ordre marocain Oissam Alaouite sur instruction du roi Mohammed VI, alors que le wali de Rabat lui remettait les clés de la ville ; et en 2012, elle est nommée au grade de chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.