CAN 2017 : La défense et l’entrejeu de l’équipe : À la recherche du juste milieu

CAN 2017 : La défense et l’entrejeu de l’équipe : À la recherche du juste milieu

Un match, deux mi-temps et deux visages. L’équipe nationale recherche toujours son équilibre.

Encore une fois, les Verts ont semblé sans repères lors de leur première sortie, à moitié ratée, dans la Coupe d’Afrique des nations 2017 (14 janvier-05 février au Gabon) contre le Zimbabwe (2-2). Bousculés et devancés au tableau d’affichage, ils ont dû compter sur le portier Raïs M’Bolhi, qui a longtemps retardé l’échéance, et le coup de patte de Riyad Mahrez qui leur a évité la désillusion in extrémis. La justesse, c’est ce qui manque, précisément, au schéma. Lecture dans l’électrocardiogramme d’un cœur du jeu présentant des troubles.

Projection, repli et jeu en bloc sont les fondamentaux du football moderne. Un petit mètre de décalage, de retard ou d’avance, peut causer la défaillance. Tout cela dépend de la cohésion et de la connivence. Deux éléments difficiles à instaurer au sein d’une sélection ne pouvant pas les travailler au quotidien comme en club. Dimanche, contre le Zimbabwe, l’EN a semblé sciée en deux. Que ce soit dans les phases de repli ou de projection vers l’avant, les trois compartiments paraissaient trop étirés. Le sélectionneur Georges Leekens a opté pour un schéma avec quatre défenseurs et deux récupérateurs, à savoir Bentaleb et Guedioura, pour essayer de sécuriser une arrière-garde fragile et densifier le cœur du jeu. Cependant, les Zimbabwéens ont décidé de passer par les côtés. Sur le flanc droit plus précisément où Mokhtar Belkhiter a pris l’eau devant le talent du très remuant et technique Belliat qui lui a donné du fil à retordre. Un déséquilibre qui a amené l’égalisation des « Warriors ». Le point faible décelé, le Zimbabwe a continué de frapper là où le bat blesse pour pousser le latéral à la faute dans la surface de réparation et obtenir un penalty. Au milieu du naufrage, personne n’a jeté la bouée au défenseur du Club Africain (Tunisie) qui a cédé sa place à la pause. Trop perméable, la dernière ligne a été punie et les dégâts auraient pu être collatéraux s’il n’y avait pas un dernier rempart qui a tenu les cloisons de la baraque sur ses épaules. M’Bolhi a sorti une autre prestation de grande classe pour maintenir les siens dans le « game ». Défendre, est un rôle dont doivent s’acquitter tous les joueurs. Et Aïssa Mandi, le capitaine d’équipe, a insisté sur cela au sortir de la partie : « arrêtez de parler que de la défense car c’est toute l’équipe qui est concernée par les tâches défensives », a réclamé le sociétaire du Bétis Séville.

La « Mahrez » trop haute et jamais basse

Voyant que son plan initial n’apportait rien, le driver d’« El-Khadra » a tenté de rectifier le tir. Le technicien belge a mis fin au calvaire de Belkhiter, qui n’a pas eu de cadeau pour son anniversaire, en le remplaçant par Rabie Meftah. Un changement qui a rééquilibré le dispositif tactique. La fraîcheur physique de l’Usmiste a contraint l’adversaire à trouver une autre faille. Ce que le sélectionneur adverse, Calisto Pasuwa, n’a pas tardé à constater en choisissant de percer un axe devenu trop laxiste et attentiste au fil des minutes. Entre Adlène Guedioura, qui a accusé le coup physiquement ne se voyant -toutefois- pas rappelé sur le banc, et Nabil Bentaleb, trop limité dans sa tâche et qui n’a pas trop pu dépasser sa fonction, l’apport de l’entrejeu était plus à vocation défensive qu’offensive avant-hier.

Brahimi, qui jouait derrière le trio Mahrez-Slimani-Soudani, avait beaucoup d’espace et de liberté mais jamais de soutien ni d’options pour faire les décalages. Pas de surnombre donc lors des attaques et des contres que s’était procurés le «Club Algérie ». Ce qui explique, en majeur partie, l’inefficacité et le manque de réalisme. Dans cette stérilité, il fallait que le génie vienne féconder la léthargie pour enfanter un but salvateur derrière lequel couraient Ramy Bensebaïni, assez convaincant pour sa première en match officiel, et consorts tout au long du second acte. C’est le talent et l’inspiration de Mahrez qui ont remis l’Algérie sur les rails du tournoi pour éviter que l’entame soit cauchemardesque. Un doublé pour sauver la mise, glaner un point qui pourrait s’avérer précieux et -surtout- confirmer le statut du Meilleur joueur africain en 2016. Le potentiel individuel a sauvé un collectif approximatif. Sur le plan personnel, le MVP 2016 du Championnat d’Angleterre a bien soigné ses statistiques. Ça lui a valu le trophée d’ « Homme du match ». Cependant, l’ailier de Leicester City ne s’est pas trop bougé pour revenir défendre lorsque le couloir droit prenait des allures d’autoroute et d’une plaie béante. Ça sera le reproche qu’on pourra faire au natif de Sarcelles qui a, certes, inscrit deux banderilles mais il a une part de responsabilité dans les deux buts concédés. Ses deux réalisations n’auraient pas pu compter sans les parades salvatrices du keeper M’Bolhi. Pas mal de choses à revoir donc pour le staff avant la seconde sortie contre la Tunisie jeudi prochain (17h00) pour le compter de la seconde journée dans le groupe « B ». Georges Leekens et ses adjoints devront trouver la recette pour faire en sorte que leur troupe soit plus dans l’action que la réaction et l’obligation de courir derrière le score.