CAN 2015, une finale sur fond de critiques

CAN 2015, une finale sur fond de critiques

7441425-11467486.jpgAlors que la population algérienne est toujours en état de choc après l’élimination des Verts en quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations de football, la 30ème CAN a livré son verdict ce dimanche et a élu un nouveau champion d’Afrique, mais aussi sifflé la fin d’une compétition dégradante , organisée en catastrophe par la Guinée équatoriale sur fond d’une CAN rattrapée par les scandales politiques.

Hier, était un dimanche, incomparable aux autres jours du continent africain, un jour de fête pour les supporteurs qui suivaient les cours des matchs et un jour de dénouement en Guinée équatoriale, le pays qui a hébergé la CAN : Les yeux braqués sur Bata, la capitale économique du petit pétro-Etat d’Afrique centrale. A 20 heures, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont disputé la finale de la CAN 2015. Pour ces deux grands pays de football, il ne s’agissait pas d’un match ordinaire pour s’assoir sur le trône du foot africain, c’est d’être sportif dans le sang et dans l’âme, mais , de renouer avec la victoire après une longue, très longue, période de disette pour endoctriner le moral naïf de leur population qui renoue toujours dans la pauvreté et la misère . D’un côté, Ebola qui est loin d’être éradiqué, et de l’autre côté, la crise pétrolière qui menace les deux pays d’une crise financière. La menace est grande pour les deux leaders des deux pays, qui ne sont pas à l’abri et qui tremblent à l’écoute d’un printemps africain. Le palmarès n’a plus été enrichi depuis le siècle dernier pour les « éléphants et la Côte d’Ivoire », et la population contaminée par les maladies et la pauvreté, vit avec la seule espérance, de voir leur sélection nationale championne d’Afrique, la mission était toujours difficile pour les rois africains, et la victoire est absolue, même sur fond de tricherie, de corruption, où autre ! Une seule voie pour les dirigeants africains, la chaise ou le championnat ! Ainsi, la CAN est venue aux secours des ‘’policos’’africains !

Des scènes de chasse aux étrangers

L’occasion de reparler enfin du football après une séquence de 48 heures monopolisée par des événements extra-sportifs : en l’occurrence les violences survenues jeudi soir à Malabo, en marge de la demi-finale entre le Ghana et le pays organisateur. Jugeant injuste la nette défaite de ses joueurs, une partie du public du Nuevo Estadio s’en était pris violemment aux supporters des Black Stars du Ghana, leur lançant divers projectiles (assiettes, objets métalliques, bouteilles, etc.) sur les fans et joueurs adverses. Conséquences : un match interrompu plus de trente minutes, des supporters ghanéens évacués sous haute protection, une intervention policière musclée pour « apaiser » les tribunes, émaillée d’appels au calme du capitaine équato-guinéen au micro du stade, le tout sous la surveillance bourdonnante d’un hélicoptère de la gendarmerie, en « stationnaire » une quinzaine de mètres au-dessus de la pelouse et des tribunes. Le calme revenu dans le stade, les violences se déplacèrent en ville, dans une atmosphère de chasse aux étrangers. Bilan de la soirée et de la nuit : 36 supporters ghanéens blessés, dont plusieurs grièvement. « C’est une chance qu’il n’y ait pas eu de mort », réagira le président de la Fédération ghanéenne, Kwesi Nyantakyi, avant de demander des sanctions sévères contre la Guinée équatoriale.

La CAF épargne la Guinée Équatoriale

Peine perdue. Dès le coup de sifflet final, la Confédération africaine de football activait le mécanisme de relativisation des faits. Ordre fut d’abord donné aux journalistes de limiter leurs questions d’après-match à l’aspect strictement sportif de la partie. Le lendemain, l’instance annonça bien des sanctions à l’encontre du pays organisateur, mais celles-ci étaient bien clémentes : une amende de 100.000 dollars US (une broutille pour la Fédération locale) et un match à huis clos dans le terrain de Malabo. Suite à des faits similaires, le stade Léopold Sedar Senghor de Dakar avait été suspendu pour une durée d’un an en 2013. Pire, l’annonce s’est faite dans la foulée des décisions à l’encontre de la Tunisie (coupable d’avoir mis en cause l’honnêteté de l’arbitrage du quart de finale contre la Guinée équatoriale) et du Maroc (coupable d’avoir refusé d’accueillir la CAN 2015 aux dates prévues) arriva à point nommé pour noyer le poisson.

La langue de bois de Blatter !

Afin que l’enfumage soit complet, les « décideurs » y allèrent de leur couplet moralisateur. On passera sous silence le discours teinté de paranoïa nord-coréenne du parti au pouvoir, accusant sans les nommer les « ennemis de la Guinée équatoriale ». Issa Hayatou, président de la CAF, balaya les critiques en accusant « la presse occidentale » de « vouloir pérenniser la colonisation. » Tellement commode… Son fidèle ami Sepp Blatter, le président de la FIFA, venu assister à la finale, servit lui sa plus belle langue de bois à un parterre de journalistes médusés : « Le football a vécu ici tout ce qui est beau dans le football, et tout ce qui peut ne pas toujours être beau, lâcha le patron du foot mondial avec un art consommé de la litote. Qu’est-ce que vous voulez, le football qui est composé de joueurs et d’un banc technique, est aussi composé de direction des opérations sur le terrain, d’arbitres, et du public. Alors, la perfection ne doit pas exister, mais félicitations pour ce tournoi. » Circulez, y a rien à voir ? Bien sûr que non : quel que soit le vainqueur de cette CAN, quelle que soit la beauté de la finale, le pari du gouvernement Obiang (se servir de la Coupe d’Afrique pour redorer le blason de son pays aux yeux de l’Afrique et du monde) n’aura pas été tenu jusqu’au bout.

Riad