BRACONNAGE À ANNABA : Des espèces d’oiseaux menacées d’extinction

BRACONNAGE À ANNABA : Des espèces d’oiseaux menacées d’extinction

En l’absence d’une lutte réelle et efficace contre le phénomène, l’environnement des oiseaux-chanteurs est sérieusement menacé.

En effet, après la disparition pure et simple des chardonnerets de leur milieu naturel à Annaba et dans les wilayas limitrophes, à savoir Guelma, Souk Ahras, El-Tarf et Skikda, c’est aujourd’hui le tour d’une autre espèce d’oiseaux d’être la cible d’une chasse sans limite par les braconniers locaux. Il s’agit du serin cini, du pinson, des linottes et verdiers, qui sont réellement menacés de disparation à leur tour.

À cette cadence, si la situation de “laisser-aller et laisser-faire” demeure inchangée, ils seront, le moins que l’on puisse dire, exterminés. Pourtant, tous les oiseaux de cette famille (pinson, chardonneret, linotte, serin cini…) sont des espèces totalement protégées dans les pays d’Europe et chez nos voisins. Malheureusement, en Algérie, tel n’est pas le cas, car cette catégorie d’oiseaux continue de faire l’objet d’un braconnage sauvage et de tous les instants, faute d’une protection digne de ce nom. Et pour s’enquérir de la gravité de la question, il suffit de faire un tour au marché des oiseaux, au-dessus du parking Stambouli. Il est vrai que depuis la nuit des temps, Annaba figure en tête, après Alger, dans la liste de ce type de marchés, rares sur le territoire national. L’élevage des oiseaux chanteurs a attiré les grandes foules ces dernières années. Il s’est transformé, d’ailleurs, en un véritable commerce. Des milliers de chardonnerets sont acheminés clandestinement, chaque semaine de l’ouest du pays, voire du Maroc, à travers des filières spécialisées. Des centaines de ces volatiles ont été saisies par les brigades de la gendarmerie et remises aux conservations des forêts. Pour les deux derniers mois seulement, des individus ont été interpellés, du côté des wilayas de Guelma, Souk Ahras et Skikda, en possession d’un important lot de chardonnerets. Les mis en cause transportaient les oiseaux principalement à bord d’un autocar, dit-on. Selon des indiscrétions, ces lots ont été libérés dans le massif de l’Edough par les employés des services des forêts en présence des gendarmes. Et devant “la rareté” des chardonnerets qui faisaient le charme des plaines de la cité des rives de la Seybouse, les tenants de ce commerce ont jeté leur dévolu sur l’ensemble des autres oiseaux chanteurs. À Annaba, il est pratiquement impossible aujourd’hui de croiser un chardonneret dans les champs. Dans un passé récent, il ne coûtait qu’entre 100 et 300 DA. Aujourd’hui, le prix du chardonneret, appelé communément à Annaba “bouziyen”, a atteint, particulièrement à l’est du pays et surtout à Annaba, un niveau insoupçonné. Mieux encore, un bon chardonneret (chnichen pour les Constantinois, el-meqnine pour les Algérois) dépasse souvent la somme d’un mouton. Ainsi, un plaqué en cage d’une année dépasse souvent les 15 000 DA, alors que celui d’un vieux “khaloui” varie entre 20 000 et 25 000 DA. Ceux importés du Maroc ou ramenés de l’Ouest, jeunes ou vieux, sont cédés entre 3000 et 5000 DA. La valeur d’un chardonneret nicheur en cage est pratiquement inabordable. Une telle situation a de quoi intéresser les gros spéculateurs, y compris les grainetiers. Espèce de la famille des passériformes pourtant censée être protégée par la loi, le chardonneret forme de nos jours le marché le plus rentable, affirment des vendeurs spécialisés. Sa commercialisation attire d’ailleurs un grand nombre de connaisseurs, y compris ceux en provenance de France. Ce trafic n’a pas connu de fléchissement malgré la disparition pure et simple du chardonneret à tête rouge vif, au dos brunâtre, au croupion blanc, à la couronne, ceux à ailes et queue noires.

B. Badis