Boumerdès : Le raisin de table, entre contraintes de production et opportunité à l’export

Boumerdès : Le raisin de table, entre contraintes de production et opportunité à l’export

Un salon dédié au raisin de table a été organisé, avant-hier, à la Maison de l’environnement de Boumerdès. Plus d’une trentaine de vignerons ont exposé une multitude de variétés de raisins produits localement.

Un grand nombre de citoyens étaient présents lors de l’ouverture de cette manifestation agricole, inaugurée par le wali Abderrahmane Madani Fouatih. Constatant la qualité et les variétés des raisins exposées, le wali a exprimé son encouragement aux paysans tout en insistant sur l’exportation de ce fruit qui n’a rien à envier à celui de l’étranger, lancera-t-il. Dans cette culture, la wilaya de Boumerdès, occupe la deuxième place à l’échelle nationale.

Elle contribue à hauteur de 45% à la production nationale avec une multitude de variétés de raisins de table. En dépit de la situation climatique ainsi que d’autres contraintes, la production viticole dans la région est jugée appréciable, selon la Direction des services agricoles. La région de l’est de la wilaya se distingue par une large production du vignoble pour ne citer que les localités de Dellys, Baghlia, Sidi-Daoud, Naciria, Bordj Menaïel, Legata, Issers, où l’on voit de vastes étendues de vignobles.

Engrangeant de gros gains, de nombreux agriculteurs se lancent dans la viticulture avec la réalisation de nouvelles plantations à l’ouest de la wilaya, à commercer par la région de Corso en allant vers Khemis El-Khechna et en passant par la vaste plaine de Boudouaou.

Plusieurs contraintes…

Rencontré au Salon, Kamel Ladada, un vigneron connu dans la région de Baghlia, désapprouve les déclarations du Directeur de l’hydraulique de la wilaya à propos de l’irrigation anarchique pratiquée par les paysans. Il a déclaré que la production de raisin a baissé de 30% à cause du manque d’eau pour l’irrigation des vignobles. Pour y remédier, notre interlocuteur suggère aux pouvoirs publics de réaliser des digues et des ralentisseurs d’eau au niveau de l’Oued Sebaou afin de stocker et rationaliser l’eau qui est en abondance au lieu de la laisser se perdre dans la mer.

Le manque d’eau pour l’irrigation des vignobles, la commercialisation, le manque de main-d’œuvre sont des contraintes évoquées par les participants à ce Salon du raisin de table. Ils souhaitent la levée de ces dernières pour augmenter davantage la production et la qualité du raisin de table qui reste l’un des fruits le plus prisé par les Algériens.

Ils déplorent l’absence d’une industrie de transformation et de conservation des produits agricoles dans la wilaya de Boumerdès. Des tonnes de produits agricoles de haute qualité, notamment les raisins, se détériorent vite et sont jetés sans que des solutions ne soient apportées pour éviter cet énorme gaspillage, regrettent-ils. Ils revendiquant, également, des facilités pour l’acquisition d’un matériel sophistiqué pour la mécanisation de leurs vignobles afin d’augmenter et d’améliorer la production du raisin.

Des projets d’exportation déjà entrepris

En matière d’exportation de raisin, Kamel Ladada dira qu’il a déjà exporté vers le Soudan 20 quintaux de raisins de marque Red Globe. Des projets d’exportation vers d’autres pays d’Afrique, ainsi que vers l’Amérique latine ont été entrepris dans le cadre de notre Fédération des exportateurs, précisera notre interlocuteur, qui voit dans ce créneau une potentielle rentrée de devises pour le pays.

Les nombreux visiteurs étaient heureux de découvrir les différents raisins dont le goût et la saveur sont fortement appréciés avec des explications fournies sur chaque variété, plus d’une dizaine, produites dans la wilaya de Boumerdès, le « Sabel » occupe la plus grande superficie avec 6 000 ha, soit 60% de la production. Son rendement peut atteindre 800 quintaux à l’hectare mais cette variété se détériore quelques heures seulement après sa cueillette.

Ce qui nécessite sa commercialisation et consommation en moins de deux jours, conseille-t-on. Contrairement au « Sabel », le «Red Globe», qui est de plus en plus cultivé, est reconnu pour sa robustesse et sa résistance après la cueillette. Son fruit peut tenir plusieurs jours sans se détériorer, mais son cépage est très sensible aux grandes chaleurs. Le «Cardinal», le «Gros noir» sont cultivés respectivement sur 2 143 et 2 010 ha et tiennent également une bonne place dans la production du raisin de table.

Le Muscat, le Dattier, l’Italia, la Sultanine, sont d’autres variétés qui s’ajoutent au panel de ce fruit délicieux qui peut frayer sa place à l’échelle internationale pour peu qu’une stratégie adéquate soit mise en pratique, suggère notre interlocuteur.

40% de la production nationale

La wilaya de Boumerdès assure un taux de plus de 40% de la production nationale de raisin, toutes variétés confondues, consacrant son leadership en la matière depuis une dizaine d’années, a-t-on appris, samedi, auprès de la Directrice des services agricoles (DSA). Ce leadership national est encore de mise pour la présente campagne agricole, puisque la wilaya s’attend à engranger une récolte provisionnelle de près de 2,5 millions de quintaux de raisin, par rapport à celle de la saison écoulée estimée à 2,6 millions de quintaux, a indiqué à l’APS Mme Ouerdia Belakbi, en marge de la première édition de la Fête du raisin à Boumerdès. La viticulture occupe un taux de 17 % de la superficie agricole de la wilaya, estimée à 99 000 ha.

Elle est principalement concentrée dans sa région-Est (Dellys, Bordj Menaïel, Baghlia, Sidi Daoud, Naciria), où la superficie consacrée aux vignobles est passée à 11 500 ha présentement, contre près de 5 200 ha il y a une quinzaine d’années, selon les données fournies par la même responsable. Durant cette manifestation d’un jour, organisée à l’initiative de la DSA et de la Chambre d’agriculture de la wilaya, des viticulteurs de Dellys, Baghlia et Bordj Menaïel ont exposé, à l’APS, l’une de leurs principales contraintes liées à la commercialisation de leur production, au double plan interne et externe, à cause notamment de leur manque de moyens en matière de conservation (chambre froides) de ce fruit hautement périssable, ont-ils assuré.

Interrogé à ce propos, Mme Belakbi a fait part d’une expérience en cours, en collaboration avec des experts étrangers, en vue de la conservation sous froid de certaines variétés, dont le Red Globe, dans un objectif d’organisation de la vente de ce produit aux plans national et mondial.

En procédant à l’ouverture de cette première édition du genre à Boumerdès, le wali Abderrahmane Madani Fouatih a fait part des efforts consentis en matière de facilitation des démarches administratives au profit des viticulteurs, ainsi que leur accompagnement dans la conservation et la commercialisation du produit.

Il a signalé l’installation, à cet effet, d’une commission technique chargée d’examiner la possibilité de création d’un marché de gros à caractère national pour la vente des produits de la vigne.

La manifestation a vu la participation de plus de 80 viticulteurs et professionnels de la filière issus de Boumerdès, Médéa, Tizi-Ouzou et Tipasa.