Belkhiri Laâlmi, artiste peintre et directeur de la maison de la culture de Batna: «Je n’aime pas m’enfermer dans un mouvement artistique»

Belkhiri Laâlmi, artiste peintre et directeur de la maison de la culture de Batna: «Je n’aime pas m’enfermer dans un mouvement artistique»

Artiste peintre connu à Batna, Belkhiri Laâlmi a à son actif de très nombreuses expositions à Batna, mais aussi dans plusieurs wilayas du pays. Il a commencé sa vie professionnelle comme enseignant à Djemora, avant d’occuper plusieurs postes à la direction de la culture. Actuellement, il occupe celui de directeur de la maison de la culture Mohamed Laïd Al-Khalifa de Batna.

Le temps d’Algérie : Comment organisez-vous votre temps entre la peinture et la responsabilité à la tête de la direction de la maison de la culture de Batna ?

Belkhiri Laâlmi : C’est une question d’équilibre. C’est vrai que ma nouvelle responsabilité à la tête de la direction de la maison de la culture de Batna me prend tout mon temps. Parfois, je n’ai pas la tête pour me consacrer à ma vie d’artiste. Je suis toujours préoccupé à gérer. Ce n’est plus comme avant où je disposais du temps pour la peinture, mais j’essaie de lier ma vie personnelle, artistique et professionnelle. D’ailleurs, parfois lorsque je suis dépassé et le rentre à la maison, au lieu de me reposer, je me consacre à la peinture pour me calmer, réfléchir, voir clairement dans mes décisions, me défouler pour oublier mes soucis, m’exprimer par le pinceau, pour dégager tout ce que j’ai dans le cœur et me ressourcer pour répandre mon travail. Vous savez avec les responsabilités de directeur de la maison de la culture, ce n’est pas facile de trouver du temps pour peindre. C’est généralement après le travail, lorsque je rentre à la maison. Je vous réconforte, si tel est l’objet de votre visite, que je n’ai pas délaissé la peinture, bien que je reconnaisse que c’est difficile de trouver du temps pour me consacrer à la finition d’une œuvre artistique…

Nous avons appris que vous y travaillez. Voulez-vous nous en parler ?

Effectivement, je travaille actuellement sur un nouveau tableau que je n’ai pas encore achevé. C’est une nature morte représentant de vieux bijoux en argent que portaient autrefois les femmes dans les Aurès. En plus de la réalité que reflète ce tableau, j’ai beaucoup accordé de l’importance à l’aspect esthétique. J’ai apporté quelques retouches pour montrer ou plutôt essayer de mettre en valeur la beauté de ce riche patrimoine ancestral dont les Aurès préservent encore les traces.

Nous notons, à travers votre œuvre picturale, une valse entre l’abstrait et le réalisme. Peut-on connaître à quelle école vous appartenez ?

Je n’appartiens à aucune école d’art. D’ailleurs, je n’aime pas m’enfermer dans un mouvement artistique. J’aime être libre et butiner à tout ce qui m’inspire. C’est vrai que mes tableaux alternent entre le réalisme et l’abstrait, mais cela ne m’a jamais empêché à toucher aux autres courants artistiques. Pour moi, la peinture est avant tout un métier de passion. Certes, ma formation initiale dans le décor intérieur me laisse pencher beaucoup plus sur la forme et la couleur. J’ai une préférence pour tout ce qui est architecture, surtout l’architecture traditionnelle et les motifs géométriques. Dans mes tableaux, j’ai beaucoup peint les vieilles maisons traditionnelles dans la vallée d’Oued Abdi et utiliser les deux gammes de couleurs : les tons chauds et les tons froids pour exprimer ce que je vois et je ressens.

Quels sont les thèmes les plus abordés dans votre œuvre ?

Généralement, c’est selon la lecture que fait le spectateur ou le lecteur d’une œuvre. En ce qui me concerne, les thèmes qui reviennent en répétition, dans mes tableaux, sont essentiellement le patrimoine et l’identité. J’aime bien le patrimoine local. Je m’inspire surtout des ambiances lumineuses, des paysages et des maisons traditionnelles

Justement, pourquoi cette peinture du patrimoine local, revient le plus souvent dans vos tableaux ?

D’une manière simple, c’est pour revaloriser notre patrimoine culturel, montrer sa beauté, le conserver, le pérenniser, le sauver de la déperdition et le transmettre aux générations à venir.

Votre dernier mot ?

Mon vœu le plus cher est de servir la culture dans la wilaya de Batna, voire en Algérie, de la développer, la moderniser et la pérenniser. Nous allons tous faire de la maison de la culture Mohamed Laïd Al-Khalifa de Batna le berceau de la culture et le phare, qui guidera tous les artistes de Batna à y adhérer et à participer au développement de la culture des Aurès. La tâche n’incombe pas uniquement au directeur et aux gestionnaires, elle est l’affaire de tous les intellectuels et artistes. Ils sont appelés à coopérer, à se solidariser. Afin de réaliser et concrétiser ce rêve, il faut que les efforts se conjuguent au pluriel.

A. A.