Bedoui sur la politique de prévention des risques majeurs : «Six mois» pour une nouvelle stratégie

Bedoui sur la politique de prévention des risques majeurs : «Six mois» pour une nouvelle stratégie

Écrit par Meriem Kaci

Les travaux de la première Conférence nationale sur la gestion des risques de catastrophes ont débuté, hier à Alger, sous le thème « Gestion de risques de catastrophes, pour une plus grande résilience ». Cette rencontre a pour objectif de réfléchir aux meilleurs moyens de « réduire les risques » car le pays est vulnérable à diverses catastrophes, notamment les séismes et les inondations qui ont détruit des villes entières et accusé des pertes humaines et matérielles importantes.

Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, qui a ouvert et présidé les travaux, a saisi l’occasion pour signifier qu’il était temps de revoir et d’améliorer les axes de la politique nationale de prévention des risques majeurs et de gérer les catastrophes dans le cadre du développement durable.

«Il faut, lors de cette conférence, rappeler que le renforcement et l’actualisation des programmes d’action dans ce domaine impliquent toutes les institutions nationales, les collectivités locales et toutes les parties concernées, car il s’agit là d’une question d’une extrême sensibilité ainsi que de la préparation morale, matérielle et opérationnelle d’un bon accompagnement lors de la survenue d’un grave incident aux conséquences désastreuses, en raison d’une négligence, d’un comportement inapproprié ou d’un manque de préparation », a-t-il ajouté. Il s’agit également « de réunir tous les responsables et toutes les parties concernées à cette conférence pour relever le niveau de prise de conscience et de mobilisation afin d’être au diapason, de définir les responsabilités et emprunter une voie claire afin de consolider les capacités de résilience de notre pays face aux catastrophes », a-t-il encore affirmé. Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur a pointé du doigt la loi 04-20 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable.

Cette loi, pour rappel, a pour objet d’édicter les règles de prévention des risques majeurs et de gestion des catastrophes et se focalise notamment sur le principe de la concomitance de l’action préventive et de la correction par priorité à la source, la participation et le principe d’intégration des techniques nouvelles. « Certes, certains textes d’application de la loi 04-20 ont été élaborés, mais on constate que les autorités compétentes accusent un retard dans les procédures et les aspects d’élaboration des textes d’application et réglementaires», poursuit M. Bedoui. Quatorze ans après la promulgation de cette loi, le ministre a appelé les autorités compétentes à la revoir et la mettre à jour car il faut consolider la réglementation en place, « manager » le territoire et définir les responsabilités sur les plans national et local en prenant en considération les caractéristiques de chaque région pour mieux agir.

« Vous avez une période de six mois pour améliorer la stratégie de prévention des risques majeurs», a dit M. Bedoui en direction des walis et experts ayant pris part à l’événement. « Il faut revoir et améliorer la politique de prévention et de gestion de catastrophe pour mieux accompagner le citoyen et les institutions de l’Etat en cas de catastrophe », explique le ministre.

Ce faisant, il est revenu sur les intempéries qu’a connues le pays récemment et qui ont provoqué d’importantes inondations qui ont causé pertes humaines et matérielles. Selon M. Bedoui, le président de la République a instruit le gouvernement de prendre au plus vite les « mesures nécessaires » pour prendre en charge les sinistrés et anticiper et prévenir ces sinistres. Le pays, ajoute le ministre, est confronté à des tempêtes de neige, des pluies torrentielles, des feux de forêt. « Le monde est confronté à un changement météorologique qui nécessite une bonne gouvernance territoriale pour la gestion des risques naturels », soutient-il. Par exemple, dans le volet des ressources en eau, la stratégie de lutte contre les inondations a permis l´identification de près de 700 sites à risques à travers le territoire national. Mais il a été relevé un autre phénomène qui accentue les risques, celui des constructions dans les zones à risques. Le ministre de l´Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelwahid Temmar, présent à la rencontre, en a fait part, affirmant que « malgré les efforts consentis par l’Etat pour réduire le risque des catastrophes naturelles et technologiques, les constructions persistent au niveau des zones, identifiées par des études, comme zones à risques ». Ces espaces à risque sont les zones non constructibles inondables, sols instables ou glissants, sols gonflants au niveau du sud, aux abords des oueds notamment par des constructions précaires ou émergence de bidonvilles, à proximité de failles et d’installation industrielles et technologiques, a-t-il détaillé. Présent aux travaux lui aussi, le ministre des Transports et des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane a, de son côté, fait savoir que son département est en train d’élaborer une

« cartographie des zones exposées aux mouvements de terrain ».

« Nous avons identifié comme première étape 17 wilayas, c’est une procédure anticipée notamment pour préserver le réseau routier », explique le ministre.