Après la fin du monopole sur le fret : Faut-il ouvrir davantage le transport aérien ?

Après la fin du monopole sur le fret : Faut-il ouvrir davantage le transport aérien ?

Des dossiers ont été déposés par des opérateurs en vue de bénéficier du feu vert des pouvoirs publics à la création de compagnies aériennes spécialisées dans le transport de marchandises.

Le ministère des Transports vient d’annoncer la fin du monopole de l’État sur le fret aérien et maritime. Ce qui veut dire que des opérateurs privés locaux peuvent intervenir dans le transport aérien ou maritime des marchandises. “Des dossiers ont été déposés”, a indiqué le ministre des Transports. La question est de savoir si cette ouverture partielle du ciel sera étendue au transport des passagers.

Pour des spécialistes, cette forme de privatisation interviendra tôt ou tard. Mais faut-il, aujourd’hui, confier à des compagnies privées détenues par des opérateurs algériens résidant en Algérie le transport aérien des passagers ?

Actuellement, l’État exerce le monopole sur le transport aérien des passagers sur le réseau domestique via ses compagnies, le pavillon national Air Algérie et Tassili Airlines, la filiale à 100% de Sonatrach. Sur le réseau international, ces compagnies sont concurrencées par des compagnies étrangères, Air France, Alitalia, Emirates, Qatar Airways, Iberia et des compagnies de droit français détenues par des Algériens résidant à l’étranger. En un mot, aucune compagnie privée locale n’intervient sur les liaisons de l’Algérie vers l’étranger ou de l’étranger vers le pays.

Parmi les raisons invoquées figure la préservation du marché d’Air Algérie qui, face à une plus grande concurrence, risque de faire faillite. L’autre raison rappelée est le syndrome Khalifa Airways, une compagnie privée créée par Abdelmoumène Khalifa et qui fut l’objet en partie du gros scandale Khalifa. Cette compagnie, aujourd’hui dissoute, était accusée d’avoir facilité  le transfert illégal de devises vers l’étranger.

Éviter le syndrome Khalifa

“La dissolution de cette compagnie a été une grosse erreur des gouvernants de l’époque. Il fallait maintenir cette compagnie en activité en la cédant à d’autres repreneurs, des professionnels du transport aérien, et en mettant des garde-fous pour que ce scandale ne se reproduise pas. Khalifa Airways avait un marché. Elle offrait le choix aux consommateurs algériens. Sur le réseau domestique, elle offrait une meilleure qualité de service. On ne ferme pas l’autoroute parce qu’il y a des accidents”, a argué un expert.

Dans ce dossier, il convient d’abord de fixer les garde-fous ou d’élaborer un cahier des charges de façon à éviter le syndrome Khalifa, et de ne retenir en somme que les professionnels. Tant qu’on n’a pas réuni ces conditions, il est dangereux d’ouvrir le transport aérien des passagers aux compagnies privées. Autre préalable : la volonté politique de privatiser.

À première vue, il semble que les autorités ne veulent pas aller plus loin. Mais cette ouverture du ciel aérien apparaît comme une nécessité, au regard des besoins de la clientèle, de la qualité de service obtenue grâce à une plus grande concurrence et de l’introduction inéluctable de compagnies low cost privées sur le marché du transport aérien national.

K. Remouche