Antar «Je songe à retourner en Allemagne»

Antar «Je songe à retourner en Allemagne»

Antar Yahia a été tout simplement l’un des meilleurs joueurs sur le terrain face à la Tunisie le 12 novembre dernier au stade Tchaker de Blida. Sa prestation avait surpris plus d’un, d’autant plus que beaucoup avaient déjà évoqué une retraite internationale un peu forcée. Pour son retour en sélection, le capitaine des Verts a montré qu’à 29 ans, il n’était pas encore fini et qu’il peut encore donner beaucoup en sélection.

Néanmoins, malgré sa bonne forme, il ne cesse de faire l’objet de critiques en Arabie Saoudite au cours de ces derniers jours. Voulant avoir son avis sur ce sujet, nous l’avons joint hier par téléphone, et le moins que l’on puisse dire, c’est que Yahia a tenu à mettre les points sur les i. Le défenseur de l’équipe nationale nous a même fait la confidence qu’il quittera l’Arabie Saoudite probablement cet été ou même bien avant, cet hiver, pour un probable retour en Allemagne.

– On croit savoir que vous êtes très critiqué en ce moment en Arabie Saoudite, un commentaire ?

– Ce que je peux dire à ce sujet, c’est que depuis le début de cette saison, je n’ai jamais été impliqué dans les buts qu’on a encaissés. Ensuite, si elles venaient de gens qui connaissent vraiment le football, ces critiques me toucheraient, mais comme la critique n’est pas du tout objective, ça ne me touche pas du tout. Je sais que je travaille et que je fais de bons matchs et ce n’est pas les trois étrangers qui font gagner les rencontres, il y a toute une équipe. Actuellement, je me sens bien physiquement, et les gens ont pu le constater face à la Tunisie. De plus, avant même de venir, je savais très bien que quand ça ne marchera pas, on s’en prendra aux étrangers du club, donc je ne suis pas du tout étonné.

– Est-ce un championnat qui ne vous convient pas ?

– Je ne vous cache pas que j’étais habitué à un rythme différent en Allemagne, car le championnat n’est pas du même niveau. Mais il y a aussi le fait que notre équipe peine en ce moment, car on n’est pas organisés sur le terrain et ça se ressent au niveau des résultats.

– On sent à travers votre discours que vous ne souhaitez pas vous éterniser en Arabie Saoudite ?

– Honnêtement, non, je pense que cette expérience ne va pas aller au-delà de la saison prochaine. Il reste encore quelques mois avant la fin de la saison, et donc, on se réunira avec mon agent et mes dirigeants pour voir quelle décision prendre surtout qu’en ce moment la situation du club est très difficile.

– Pensez-vous pouvoir partir avant même la fin de la saison, c’est-à-dire en hiver ?

– Peut-être bien, tout est possible ici. Ça pourrait bien arriver au mercato d’hiver. J’aime beaucoup le football et là en Arabie Saoudite, il y a beaucoup plus de blabla que de football. A un moment donné ça devient fatiguant.

– Vous quitterez le championnat saoudien pour un retour en Allemagne…

– On ne va pas devancer les choses, mais, je dirais que, Dieu merci, j’ai toujours la cote en Allemagne. Quelques clubs du haut du tableau de la Ligue 2 allemande me veulent, donc peut-être bien un retour en Allemagne. On verra bien.

– Parlons de l’équipe nationale. Les fans ont été agréablement surpris par votre prestation contre la Tunisie. C’était quoi le secret ?

– Comme je le dis souvent, le seul secret, c’est le travail. Moi, je travaille beaucoup pour être en forme et pour être dans les meilleures conditions physiques, car je suis un joueur qui aime beaucoup l’équipe nationale et je travaille énormément pour être à la hauteur. Je veux encore donner en sélection et pour mon pays en faisant de bonnes performances.

– Le fait que vous ayez fait un bon match à Tchaker va certainement vous encourager à travailler encore plus…

– Depuis que je suis petit et dans tout ce que j’entreprenais, mon père m’a toujours dit que tôt ou tard le travail paye. Et quand tu vois que tu récoltes les fruits de tes efforts, tu travailleras encore plus pour t’améliorer et rester dans le top niveau. Aussi, le discours du coach qui dit que, quel que soit l’âge d’un joueur, même si je n’ai que 29 ans, en travaillant on peut apporter quelque chose à l’équipe, c’est un discours des plus motivants. Et c’est ce que je suis en train de faire pour être performant.

– Le fait qu’Halilhodzic ait affirmé que quel que soit le nom du joueur, seuls les meilleurs joueront, cela vous pousse aussi à travailler…

– Quand il y a une concurrence, forcément on a envie de se surpasser. Dans une concurrence loyale, chacun a envie de donner le meilleur de lui-même pour jouer, mais, après, ce n’est pas une fin en soi de jouer, il faut aussi être bon.

– Le pressing exigé par Halilhodzic sur le terrain permet à la défense de moins subir…

– Le problème qu’on a dans mon club, c’est qu’on n’a pas d’organisation de jeu et la défense subit beaucoup. En équipe nationale, ces derniers temps, tout un chacun fait son boulot et c’est beaucoup plus simple pour tout le monde. A Enasr, ce n’est pas le cas.

– Vous deviez jouer contre le Cameroun, mais cette rencontre n’a finalement pas eu lieu. Votre sentiment en tant que capitaine des Verts…

– D’abord ça a été une très grosse déception et c’est vraiment dommage, car les gens qui étaient à l’origine de cela ne sont pas conscients de la mauvaise image qu’ils donnent de leur pays et du football africain au monde. On aurait souhaité un autre comportement vis-à-vis de l’Algérie, car c’est un manque de respect.

Justement, Samuel Eto’o, en tant que capitaine, est convoqué pour une audition par la Fecafoot à propos de cette affaire…

– Un capitaine d’équipe a un rôle où il a beaucoup de responsabilités et c’est normal qu’il soit convoqué afin qu’il soit entendu et qu’il s’explique sur ce qui s’est passé. Nous, on avait un match et on ne l’a pas joué, et comme je vous l’ai déjà dit, c’est un manque de respect pour notre pays et c’est vraiment vexant.

– Qu’est-ce qui a changé depuis l’arrivée d’Halilhodzic ?

– Personnellement, je ne veux pas lancer de fleurs. Moi, ce que je veux, c’est qu’on travaille dans la sérénité. Je n’ai pas envie de critiquer nos anciens entraîneurs, d’ailleurs, ce n’est pas mon rôle de le faire. Donc, je ne veux pas rentrer dans ce débat, on connaît les qualités de chaque entraîneur et les qualités des joueurs dont dispose l’équipe nationale. Tout le monde doit participer au projet de retrouver une équipe nationale performante en passant par le travail de chacun dans son club. Ce n’est pas à moi de faire des commentaires sur l’entraîneur. Nous, en tant que joueurs, notre mission est de travailler pour être en forme et être à la disposition du coach justement.

– Le prochain match aura lieu le 29 février contre la Gambie. 3 mois c’est un peu long, non ?

– Je pense que chaque joueur algérien a coché la date dans son calendrier et qu’il veut faire partie de cette aventure. Maintenant, il ne faut pas croire que ça va être un match facile. Moi, qui ai eu déjà l’occasion de jouer en Gambie, je peux dire que ça sera difficile, il faut respecter l’adversaire et il faut être à 100% de ses moyens. En quatre jours, on n’aura pas le temps de beaucoup travailler, c’est pour ça qu’il est impératif d’arriver en sélection en grande forme et au top.

– Le fait que vous ayez renoué avec les victoires, ça doit faire du bien…

– Ce qui est bien surtout, c’est de connaître le projet de l’entraîneur et de savoir ce qu’il attend de toi. Si toi tu adhères, tu es convoqué et tu sais quel est le plan de la sélection. En fait, tu n’es pas dans le flou et à toi de faire le travail qu’on te demande. C’est vrai que cette date me tient à cœur et je mettrai tout en œuvre pour y être. A. H. A.