Amina – Géhane Khalfallah, écrivaine, à l’expression: “J’ai voulu raconter l’histoire d’un de mes aïeux…”

Amina – Géhane Khalfallah, écrivaine, à l’expression: “J’ai voulu raconter l’histoire d’un de mes aïeux…”

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Amina – Géhane Khalfallah est née en Algérie et vit au Maroc depuis 2007. Diplômée en biologie, elle devient journaliste en 2001. Elle écrit pour le théâtre et la marionnette. Ses pièces sont jouées en Europe et en Afrique. Le naufrage de La Lune est son premier roman. Il retrace un fait historique ayant eu lieu à Jijel le 22 juillet 1664: Les côtes de Jijel (Gigéri à l’époque) sont attaquées par la flotte de Louis XIV, roi de France. Les habitants de la région et les janissaires dépêchés par le pouvoir central ottoman infligent aux assaillants une défaite cuisante. Faisant revivre cet épisode historique peu connu, l’auteur tisse un récit orignal et subtil où se mêle nombre de personnages flanqués de situations et d’intrigues des plus foisonnantes que palpitantes faisant revisiter la richesse de notre patrimoine de la plus belle manière qu’il soit. Elle nous en parle…

L’Expression: Votre roman est basé sur des faits historiques véridiques, mais peu connus, pourquoi le choix de cette histoire?

Amina-Géhane Khalfallah: Tout à fait. Parce que je suis de Jijel et cette histoire même si elle est méconnue un peu partout dans le monde même en France et en Algérie, elle est très présente dans la mémoire collective des Jijéliens. On en parle encore. Elle est assez présente et d’ailleurs je l’écris au présent parce que cela fait partie de l’histoire de Jijel et il y a plein de familles qui sont issues de cette expédition-là. On en parle encore. C’est une histoire qui m’a toujours interpellée car dans ma famille aussi il y a cette légende selon laquelle un de mes aïeux est venu dans un des bateaux de Louis XIV. J’ai voulu le retrouver, mais je n’ai pas pu, alors je lui ai inventé une histoire.

Vous avez abordé autour de cette célèbre légende en «fictionnant» la réalité historique..

Complètement, oui. Tous les faits historiques sont vrais. Tout est vérifié, mais après j’ai romancé ce qu’il y a autour de cette histoire pour faire vivre mes personnages, dans ce contexte là.

Outre le roman, vous vous intéressez aussi au théâtre et au cinéma, votre écriture est plurielle donc?

Je suis dramaturge à la base. Cela fait un peu plus de 10 ans que j’écris pour le théâtre. C’est mon premier roman, mais c’est vrai que je viens plus de l’univers du 4ème art. Ceux qui lisent le livre me disent qu’ils ressentent un peu l’empreinte théâtrale dans l’écriture.

D’où vous est venue cette envie de passer au roman alors?

Ce n’était pas une envie de passer au roman. Absolument pas. L’envie c’était de raconter cette histoire. Et je n’arrivais pas à la raconter sous forme théâtrale en fait. En écriture dramatique j’ai essayé. J’ai toujours été dans ce format-là, j’ai essayé donc par ce format-là, mais cela ne marchait pas. J’ai laissé de côté. Je suis revenu.

A un moment donné, je me suis dite qu’il fallait que je me libère de ces questions de forme, que j’allais écrire cette histoire et qu’elle prendra la forme qu’elle prendra. Et elle a pris la forme d’un roman. Il y a beaucoup de personnages, de lieux, et même s’il y a un côté «théâtre» car la guerre est très théâtralisée, on retrouve aussi des personnages comme Molière, qui viennent de mon univers de dramaturgie, mais la forme romanesque sied mieux à cette écriture-là et s’est imposée toute seule au final. Et je n’ai pas résisté…

Et l’écriture cinématographique dans tout ça?

J’ai fait effectivement un court métrage. Je me suis aussi lancée dans l’écriture cinématographique. C’est en fait l’univers de la marionnette qui m’a emmené vers l’écriture cinématographique. Car j’écrivais et pour le théâtre et le théâtre de la marionnette aussi. Ce sont des écritures très différentes et je me suis rendu compte que l’écriture de marionnettes était très cinématographique parce qu’on écrit en images. Ce sont des images d’abord qu’on pose, puis on pose les mots. Et ça m’a un peu conduit vers l’écriture cinématographique et j’ai signé l’année dernière un premier court métrage.

Ce qui importe pour vous est d’abord l’écriture déclinée après sous différentes formes?

Oui d’autant que j’ai commencé par être journaliste. Et puis je suis passé vers la fiction, car cette dernière nous permet de dire beaucoup de choses et de façon plus libre et je laisse mon imagination vagabonder.