Alors que le directeur des domaines de la wilaya d’Aïn Témouchent se défend: Le propriétaire du village touristique dénonce un harcèlement

Alors que le directeur des domaines de la wilaya d’Aïn Témouchent  se défend: Le propriétaire du village touristique dénonce un harcèlement

Le village touristique Dorian Beach Club fonctionne à longueur d’année et nourrit plusieurs familles.

Implanté dans la commune d’Ouled Boudjemaâ à quelques encablures de la centrale électrique de Terga, le village touristique Dorian Beach Club du promoteur Brahim Torki, est considéré comme un fleuron aussi bien de la wilaya d’Aïn Témouchent que de l’Algérie qui tente vaille que vaille de se débarrasser de sa dépendance du pétrole pour se retourner vers l’investissement touristique, véritable industrie pour les pays qui en connaissent la valeur.

C’est dans cette perspective que Torki Brahim s’est lancé dans la réalisation de ce bijou devenu avec le temps une destination privilégiée de nombreux touristes aussi bien nationaux qu’étrangers et pas uniquement, car de nombreuses personnalités et des diplomates y ont séjourné et laissé leur empreinte comme en témoignent leurs impressions sur le livre d’or que le propriétaire de ce beau village a eu du plaisir à exhiber. On y trouve celles de Mme l’ambassadeur des Pays-Bas lors de son séjour effectué en mai 2016, de l’ex-ministre du Tourisme Abdelwahab Nouri, d’un dirigeant émirati, de Mounia Meslem, l’ex-ministre de la Solidarité nationale, du président du Groupe industriel local holding de plus de 400 entreprises et de l’inspection dépêchée par le ministère du Tourisme. Ce bel endroit qui fonctionne à longueur d’année et qui nourrit quelque 152 familles en saison basse, avec un chiffre doublé en saison haute a attiré 15 684 estivants en 2016.

Cependant, Brahim Torki, le propriétaire de ce village touristique étoilé, fait face, selon la lettre qu’il a adressée au DG des Domaines, au ministre des Finances, du Tourisme et de l’Artisanat, au wali ainsi qu’au président du FCE où il requiert une inspection pour enquêter sur le bien-fondé de sa requête et dont Liberté détient une copie, ‘‘à un chantage et à un harcèlement de la part du directeur des Domaines de la wilaya de Aïn Témouchent depuis mon installation dans cette wilaya’’. Selon la lettre, M. Brahim Torki dit avoir été ‘‘surpris de recevoir des inspecteurs des Domaines qui nous ont obligé à arrêter les travaux portant sur l’ouverture d’une piste d’une distance de 1,1 km qui mène directement à la plage située au-dessous d’une falaise en contrebas du village touristique après avoir dépensé la bagatelle de 38 millions de DA suite à laquelle une plainte a été déposée à notre encontre, près le tribunal où nous avons été condamnés par défaut avant l’introduction d’une opposition. Condamnation signifiée par un huissier de justice’’, et ce, malgré l’autorisation par écrit du wali portant le n°125 en date du 2 août 2015 pour l’ouverture d’une piste, la création et l’exploitation d’une plage. Pour cet investisseur, le comportement du directeur des Domaines aura un lien avec le reportage effectué par les journalistes de la chaîne de télévision Beur TV dont il est actionnaire et directeur régional à la suite d’un travail d’investigations sur les problèmes que rencontrent certains investisseurs. Reportage qui n’a pu être diffusé sur une demande du wali suite à sa promesse (honorée) de régler tous ces problèmes.

Les tracas de Brahim Torki ne se sont pas arrêtés là, puisque ‘‘mes comptes bancaires personnels y compris mon compte devises ont été bloqués alors qu’aucun avis ne m’a été adressé’’, nous a-t-il déclaré tout en précisant que le dépôt d’une plainte relève des prérogatives du wali. Dans un souci d’équité, nous avons sollicité M. Larbi Bentourkia, directeur des Domaines de la wilaya d’Aïn Témouchent, qui a bien voulu nous recevoir malgré le fait que notre sollicitation coïncidait avec la journée de réception des citoyens. D’emblée M. Bentourkia a laissé comprendre qu’il ne peut donner des informations sur des dossiers personnels des citoyens qu’ils gèrent à son niveau. Sur notre insistance, car s’agissant d’un opérateur économique qui a beaucoup investi dans la wilaya de Aïn Témouchent, Bentourkia a fini par être coopératif sans vouloir s’étaler sur des détails. En effet au sujet du chantage et du harcèlement dont fait allusion M. Brahim Torki, le directeur des Domaines a affiché son étonnement précisant que ce dernier était régulièrement bien reçu dans son bureau.

‘‘Je ne sais pas de quel chantage il parle ?’’ Au sujet de son opposition à l’ouverture de la piste menant vers la plage, le directeur des Domaines nous a renvoyé à la loi 90-30 relative aux Domaines qui définit les prérogatives de chaque secteur. Quant à l’autorisation par écrit qu’a accordée le wali, il dit n’en pas être au courant du moment qu’il n’a pas été destinataire dudit document puisque copies pour information n’ont été adressées qu’au directeur du tourisme de la wilaya et au chef de la daïra d’El- Amria. Il a saisi cette occasion pour s’interroger sur l’utilité de cette autorisation. ‘‘Le wali aurait pu établir un arrêté d’exploitation. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait comme il l’a fait pour un autre promoteur touristique ?’’ En ce qui concerne les avis à tiers détenteurs adressés aux banques pour bloquer ces comptes, le premier responsable des Domaines de la wilaya s’est dit en sa qualité de garant du patrimoine domanial public il est tenu de recouvrer les droits et taxes auprès de ceux qui ont bénéficié de biens dans le cadre de la concession ou de la vente. ‘‘Brahim Torki doit au Trésor public plus de 1,4 milliard de centimes au titre des droits à la concession du terrain à raison de 150 millions de centimes annuellement, et ce, sans compter les arriérés”, nous a indiqué sans pouvoir nous expliquer le pourquoi du blocage des comptes personnels alors qu’il s’agit d’une entité qui s’appelle Village touristique Dorian Beach Club. ‘‘M. BrahimTorki ne s’est jamais manifesté pour régulariser sa situation financière alors que je suis prêt à lui établir un échéancier de paiement comme je le fait pour tous ceux qui ont des difficultés pour payer au comptant’’, se défend M. Larbi Bentourkia qui se dit être tenu par des objectifs de recouvrement tracés par sa tutelle.

De son côté, M. Brahim Torki n’a pas caché sa volonté de résister et de ne pas être influencé par ce genre de contraintes malgré l’idée de brader ses biens au premier venu. ‘‘J’ai eu plusieurs propositions d’offres pour l’acquisition du village touristique Dorian Beach par des Tunisiens, des Émiratis et même par une entité industrielle de souveraineté qui a mis sur la table 450 milliards de centimes. Mais chaque fois le wali de Aïn Témouchent Ahmed Hamou Touhami s’interpose. La dernière en date est celle d’un Émirati qui a offert 50 millions de dollars. Mais nous sommes mis d’accord pour la réalisation en partenariat d’un hôtel pour un coût de 300 millions d’euros.’’ Dans le sillage de ses investissements, M. Brahim Torki nous apprendra qu’il vient de racheter l’ex-hôtel du commerce situé en plein cœur de la ville d’El-Malah (ex-Rio Salado) qui sera totalement démoli pour en faire un superbe hôtel de luxe en R+8 avec une aile hôtel-appartements, une aile chambres et suites, salle des fêtes, discothèque, trois restaurants, hammam turc, piscine, fitness, boutiques, une agence bancaire, parking souterrain d’une capacité d’accueil de 100 véhicules, et ce, tout en respectant l’aspect architectural extérieur de l’ex-hôtel pour sauvegarder le cachet colonial de la ville suite à un engagement pris avec le wali.