Al-Qaida nomme un nouvel émir au Sahara

Al-Qaida nomme un nouvel émir au Sahara

images (10).jpgLe conseil de la shoura d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a nommé le chef de la brigade Al Vourghan, Jemal Oukacha, alias Yahya Abou El Hammam, nouvel émir du Sahara, a fait savoir l’agence ANI le jeudi 4 octobre.

Citant un dirigeant d’AQMI, l’agence ANI a indiqué qu’Abdel Mejid Abou Zeid avait été nommé lieutenant d’Abou El Hammam. La nouvelle est tombée un mois après que l’ancien émir du Sahara Nabil Makloufi, alias Nabil Abou Alqama, eut trouvé la mort dans un accident de voiture entre Gao et Tombouctou.

Abou El Hammam, né en Algérie, est l’un des leaders d’al-Qaida les plus importants dans le nord du Mali, et est proche du leader d’AQMI Abdelmalek Droukdel (alias Abou Moussaab Abdelouadoud). En début d’année, Abou El Hammam avait été nommé gouverneur de Tombouctou.

Jemal Oukacha est originaire de Réghaia, à l’est d’Alger. Cet homme de 34 ans est un proche de Droukdel et l’un de ses principaux lieutenants au Sahel. Abou El Hammam avait été emprisonné à Alger à la fin des années 1990 et avait passé dix-huit mois en prison avant d’être acquitté et libéré. Dès sa sortie de prison, il avait rejoint le GSPC algérien, devenu par la suite AQMI.

En 2004, il avait rejoint les combattants dans le nord du Mali et le sud de l’Algérie, où il avait servi sous le commandement de Khaled Abou El Abbas, alors émir du Sahara. Abou El Hammam avait été condamné à mort par contumace par le tribunal de Biskra lors d’un procès pour terrorisme en 2006. La France l’accuse également d’avoir assassiné Michel Germaneau, un ressortissant français enlevé et tué par AQMI.

Abou El Hammam a participé à plusieurs affrontements avec les armées algérienne et mauritanienne, notamment une attaque en 2005 contre la caserne de Lemgheity dans le nord de la Mauritanie, au cours de laquelle dix-sept soldats mauritaniens et six militants avaient été tués. Fin 2007, il avait personnellement commandé l’opération d’El Ghallaouiya, lors de laquelle trois soldats mauritaniens avaient été tués près de la ville d’Ouadane, dans la province de l’Adrar. Il avait également participé à l’attaque de Tourine en 2008, conduite par Abdelhamid Abou Zeid, l’émir de la brigade Tariq Ibn Ziyad.

Les leaders d’AQMI tentent de mettre fin aux différends entre les émirs sahariens. Mais ils ont également exclu le leader de la brigade Moulethemine, Mokhtar Belmokhtar (alias Khaled Abou El Abass ou « Laaouar »), qui a récemment suscité des rapports contradictoires à propos de tentatives d’assassinat le visant de la part de militants du MUJAO.

Bien qu’un porte-parole de la brigade Moulethemine eut catégoriquement réfuté que Belmokhtar eut été blessé, l’oncle de sa femme, qui vit à Tombouctou, a déclaré au quotidien algérien El Khabar que Belmokhtar avait été blessé lors d’un affrontement armé. Il a ajouté qu’il avait contacté une personne proche de Belmokhtar qui avait confirmé l’information.

Le journaliste Abi Ould Zidan a souligné que c’était la brigade d’Abou El Hammam qui détenait les otages français. Sa brigade regroupe plusieurs éléments, parmi lesquels des Algériens, des Mauritaniens, des Maliens et des Marocains, ce qui lui confère un grand poids et une grande importance au sein de l’organisation.

« Pour résumer, Yahya Abou El Hammam est un choix consensuel pour ceux qui portent les armes au sein des différentes factions d’AQMI, notamment le MUJAO et Ansar al-Din, et il a la même valeur auprès des réseaux affiliés à AQMI, comme les réseaux de trafiquants, leurs bénéficiaires et les dignitaires tribaux », a expliqué le politologue Ahmed Ould al-Salek à Magharebia.

Et d’ajouter : « Cela est parfaitement compréhensible à un moment où le monde se prépare à lancer une guerre contre ces groupes. »