Alger, Washington et l’UA soutiennent la résolution sur le Sahara occidental: La décolonisation en marche

Alger, Washington et l’UA soutiennent la résolution sur le Sahara occidental: La décolonisation en marche

Le nouveau texte adopté le 28 avril à l’unanimité par le Conseil de sécurité appelle le Front Polisario et le Maroc à des négociations directes comme il garantit au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination.

Une page nouvelle s’ouvre pour le dossier du Sahara occidental. C’était prévisible avec le départ de l’ex-secrétaire général de l’Onu et la démission de son représentant personnel. Ban Ki-moon et Christopher Ross n’étaient plus en odeur de sainteté auprès du Palais royal. Au point d’avoir servi d’alibi pour l’expulsion du personnel civil de la Minurso sur une décision intempestive du souverain marocain. Décapitée, la mission s’est retrouvée pratiquement inopérante.

Depuis, c’est le statu quo. La situation s’est davantage tendue le 11 août 2016 lorsque les forces d’occupation marocaines ont procédé au Sahara occidental, et à plusieurs reprises, à la traversée du mur militaire marocain vers la zone d’Al Guergarat, située dans le secteur de la 1ère Région militaire sahraouie. On était à deux doigts du retour à la confrontation armée. Le terrain devait être déminé avant la prolongation du mandat de la Minurso. Le Conseil de sécurité de l’ONU y est parvenu. Une nouvelle résolution (2351) a été adoptée à l’unanimité par ses membres le 28 avril.

Le nouveau texte appelle le Front Polisario et le Maroc à des négociations directes comme il garantit au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination. L’Algérie l’a accueilli avec satisfaction. «Cette unanimité retrouvée au sein du Conseil de Sécurité constitue un message clair de la communauté internationale en faveur des efforts du secrétaire général de l’ONU en vue de la relance rapide d’un processus politique effectif auquel l’Algérie est profondément attachée et auquel elle a toujours appelé, à travers des négociations entre les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario», a souligné un communiqué du ministère des affaires étrangères.

Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a salué «l’esprit constructif et la détermination du secrétaire général de l’ONU (Antonio Guterres) à relancer le processus de négociations en vue de parvenir à une solution au conflit» du Sahara occidental qui pourvoie à l’autodétermination du peuple sahraoui. Le successeur de Dlamini Zuma a en outre mis l’accent sur «la nécessité d’une mission effective pour surveiller l’accord de cessez-le-feu» et a «jugé impératif que les deux parties (Maroc et Front Polisario) respectent cet accord et coopèrent pleinement avec la Minurso».

L’Union africaine qui s’est engagée à démanteler le dernier bastion du colonialisme en Afrique compte bien à ce que le Maroc qui a adhéré en son sein respecte pleinement son acte constitutif qu’il a ratifié. Il consiste à respecter les frontières héritées de la colonisation. Ce qui fait du Sahara occidental un territoire distinct du royaume. Une situation confirmée par l’arrêt rendu par la Cour de justice européenne le 21 décembre 2016. Les Etats Unis qui sont à l’origine de la nouvelle résolution votée par le Conseil de sécurité sans y faire référence ont clairement inclus l’option d’un Sahara occidental affranchi de la tutelle marocaine.

Les obstacles à la relance des négociations sous la bannière de l’Onu doivent être levés et le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination garanti, ont-ils noté. «Notre objectif: trouver une solution politique mutuellement acceptable au conflit qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental», a affirmé la représentante adjointe des Etats-Unis auprès de l’Organisation des Nations unies dans la foulée du vote de la résolution qui proroge le mandat de la Minurso tout en y exprimant la satisfaction de son pays. Il aura fallu franchir bien des difficultés pour y parvenir. «Sur le terrain les soldats de maintien de la paix ont fait face à une série presque infinie d’obstructions frustrantes qui ont nécessité des mois,voire des années d’engagement de haut niveau pour les éliminer» a signalé Michele J. Sison.».

«Cette situation doit changer, les parties doivent laisser la mission faire son travail sans ingérence, et dans le respect de tous les accords existants», a prévenu la diplomate américaine. «C’est le minimum de ce que nous devons nous attendre» a-t-elle ajouté soulignant que les Etats-Unis «appuyaient pleinement l’appel du secrétaire général pour relancer les négociations avec une nouvelle dynamique et un nouvel esprit.». Un gage pour que la décolonisation du Sahara occidental se remette en marche.

Le Polisario prêt à négocier avec le Maroc

Le Front Polisario «est prêt à entamer des négociations avec le Maroc sur la base du droit des Sahraouis à l’autodétermi-nation», a affirmé hier à Alger Mhamed Khaddad, coordinateur sahraoui avec la Minurso, qui a précisé que «ce conflit doit être traité conjointement par l’Union africaine (UA) et l’ONU». Les négociations devraient aboutir «à la liberté et à l’indépendance nationale», a-t-il ajouté.Concernant le retrait du Polisario de Guerguerat, cette décision a été prise afin d’ éviter «de donner au camp adverse la possibilité d’utiliser Guerguerat pour stopper le processus politique», a expliqué le responsable sahraoui. M.Khadad a d’autre part salué la mise en place d’un centre de surveillance onusien permanent à Guerguerat, qui selon lui permettra de surveiller les «éventuelles incursions» et mettre fin à la théorie «des frontières marocaines avec la Mauritanie».