Agroalimentaire : Une industrie dépendante des importations

Agroalimentaire : Une industrie dépendante des importations

d-une-industrie-dependante-des-importations-9058b.jpgLes céréales et le lait demeurent les deux produits dont les besoins nationaux ne peuvent être satisfaits sans l’apport de l’étranger.

La stratégie adoptée par le gouvernement pour les industries agroalimentaires (IAA) est fondée sur l’identification et le développement des filières nécessitant une valorisation. Les IAA ne doivent leur existence qu’à celle d’un secteur de l’agriculture développé. La politique du renouveau agricole et rural mise en œuvre par l’Exécutif a pour objectifs d’augmenter la production des produits de grande consommation, d’accroître les rendements agricoles et de diminuer la dépendance de l’étranger, tel que prévu dans le programme arrêté pour la sécurité alimentaire.

L’État s’est vite rendu compte qu’une synergie entre les filières de production et la transformation s’avère indispensable. Cette nécessité est vérifiée d’autant plus que le volume des importations pour le 4e trimestre 2013 a atteint les 13,41 milliards de dollars sachant que les biens de consommation alimentaires ont enregistré une hausse de près de 14%. Un volume qui ne peut être réduit qu’avec un encouragement de la production nationale, notamment les produits agroalimentaires. Plus de 70% des besoins en denrées alimentaires de l’Algérie sont assurés par les importations.

Ce qui classe notre pays parmi les premiers importateurs de biens alimentaires dans le monde.

Les produits, qui ont connu une hausse des importations, sont essentiellement des produits alimentaires avec un total de 8,63 milliards de dollars durant les 9 premiers mois de l’année 2014. Ces derniers représentent plus de 25% de la valeur des importations globales. Les exportations de ces biens, en revanche, sont estimées seulement à 210 millions de dollars durant cette période. L’insuffisance de la production agricole nationale et les besoins de plus en plus croissants en produits agroalimentaires obligent l’Algérie, faut-il le souligner, à recourir systématiquement à l’importation. Parmi les produits importés en grandes quantités, l’on cite les céréales.

L’Algérie est l’un des plus grands pays consommateurs de céréales au monde. On évalue la consommation moyenne à hauteur de 220 kg par an et par habitant, et celle-ci peut atteindre jusqu’à 50% du budget total consacré à l’alimentation. La demande nationale est estimée à environ

8 millions de tonnes/an, toutes céréales confondues. Elle n’est couverte en moyenne qu’à 25% par la production locale, très dépendante de la pluviométrie.

Faible production de blé tendre

L’Algérie est un pays producteur de blé dur essentiellement. Ce qui explique sa dépendance totale des importations de blé tendre. Or, les variétés de la faible quantité de blé tendre produit ne sont pas panifiables et ne conviennent pas ainsi à fabriquer la baguette de pain. Après avoir enregistré un record en 2009 avec une production de 61 millions de quintaux grâce à une pluviométrie exceptionnelle, la production céréalière n’a cessé de baisser depuis en raison du déficit hydrique. La dernière campagne s’est soldée par une production de 34 millions de quintaux, en baisse de 30% par rapport à la saison 2012-2013, à cause d’un manque flagrant d’eau vers la fin mars dernier et durant le mois d’avril, une période sensible dans le processus de croissance du grain. La céréaliculture continue d’être tributaire de la pluviosité, un aléa que l’OAIC tente d’atténuer en s’impliquant dans le financement des équipements d’irrigation.

L’office mène le programme d’irrigation qui devrait porter la superficie céréalière irriguée à 600 000 hectares (ha) d’ici à 2019, contre 350 000 ha actuellement sur une superficie totale réservée à la production céréalière de 3,4 millions d’hectares. L’OAIC s’est également engagé à financer l’achat des équipements d’irrigation dont 50% du prix sont remboursés par l’État, tandis que les 50% restants sont remboursés par l’agriculteur à travers la livraison de sa production à hauteur du montant correspondant. L’office a financé, jusqu’ici, l’équivalent de 24 000 ha durant la campagne 2013-2014 et compte réaliser le double durant la saison prochaine.

L’autre produit, qui fait augmenter sensiblement la facture des importations, reste le lait. Les besoins des Algériens en lait et produits laitiers sont également considérables. Avec une consommation moyenne de 110 l de lait par habitant et par an, estimée à 115 l en 2010, l’Algérie est, selon certaines estimations, le plus important consommateur de lait au Maghreb.

La consommation nationale s’élève à environ 3 milliards de litres de lait par an, la production nationale étant limitée à 2,2 milliards de litres. C’est donc près d’un milliard de litres de lait qui est importé chaque année, majoritairement sous forme de poudre. D’autres statistiques indiquent que le pays consomme environ 6 milliards de litres-équivalent-lait par an (tous laits confondus), à savoir 4 milliards de litres sont des produits transformés et presque 2 milliards de litres correspondraient à l’autoconsommation et à l’alimentation des veaux.

Trois milliards de litres sont importés sous forme de poudre, 250 millions de litres sous forme de fromages et 150 millions de litres sous forme de poudres infantiles. L’Algérie importe environ 300 000 tonnes/an de poudre de lait, dont plus de la moitié est importée par l’Onil et le reste par le secteur privé. L’Algérie veut profiter des revenus pétroliers pour aider au développement de la production dans les secteurs fortement déficitaires (céréales, lait, viandes…).

B. K.