3 000 pilleurs d’or arrêtés en 3 ans

3 000 pilleurs d’or arrêtés en 3 ans

Depuis 2013, le grand Sud algérien fait l’objet de pillages d’or perpétrés par des trafiquants originaires de plusieurs nationalités, notamment des Soudanais, des Libyens, des Maliens, ou encore des Nigériens, des Ivoiriens, des Tchadiens, qui, avec la complicité de trafiquants d’or algériens, envahissent l’immense désert algérien à la recherche de pépites d’or.

Les mines isolées font l’objet d’un envahissement par des trafiquants de divers horizons, et pour cause : de l’or enfoui sous terre s’y trouve en grandes quantités. La nouvelle s’est propagée comme une traînée de poudre dans les milieux des trafiquants africains, atteignant le nord-est de la mer Rouge, le Soudan. Entre 2014 et 2017, les différents détachements de l’Armée nationale populaire (ANP), appuyés par les GGF de la Gendarmerie nationale, ont arrêté plus de 3 000 trafiquants d’or, parfois pris en flagrant délit d’extraction. Pour la seule année 2017, les forces de ANP ont arrêté 116 orpailleurs dans le Sud et saisi 476 détecteurs de métaux, 668 groupes électrogènes et 520 marteaux-piqueurs en plus de 900 véhicules utilisés par les trafiquants.

L’année d’avant, le bilan des arrestations de pilleurs d’or a battu tous les records, selon le ministère de la Défense. 1977 orpailleurs, dont la plupart sont des étrangers (1274), notamment de nationalités africaines, ont été arrêtés. En outre, les forces de l’Armée ont saisi plus de 18 armes de guerre en possession des orpailleurs. Ces derniers étaient suréquipés. En effet, 1722 détecteurs de métaux en plus d’un grand nombre de groupes électrogènes et de marteaux-piqueurs, 170 véhicules tout-terrain et 65 motos utilisés par les trafiquants dans leurs déplacements vers d’autres pays frontaliers ont été saisis. A Tamanrasset, In Guezzam, Bordj Badji-Mokhtar et dans d’autres contrées du Sud, des milliers de trafiquants algériens, subsahariens, soudanais, tunisiens, égyptiens, libyens ont investi les mines où ils pillent les pépites du précieux métal jaune à l’aide de détecteurs de métaux précieux, avant de les transférer hors du pays, voire jusqu’à Israël. Un créneau qui rapporte beaucoup d’argent aux trafiquants. Après le trafic de drogue, le trafic d’humains et la contrebande, voilà que le sud du pays connaît, désormais, le trafic d’or.

Un trafic juteux

La lutte contre la criminalité organisée dans le Sud que mènent sans relâche les forces de l’ANP a pris une nouvelle dimension plus vaste et plus menaçante, que ce soit sur le plan économique que sécuritaire. L’arrivée de trafiquants d’or dans le sud du pays, avec des moyens colossaux, a créé une sérieuse menace sur les mines d’or qui sont complètements délaissées par les pouvoirs publics, alors que les experts estiment que de très appréciables quantités d’or y sont encore enfouies. D’après une source sécuritaire, le trafic d’or dans le Sud est en train de s’amplifier, devenant même un sérieux danger potentiel qui, non seulement, menace la sécurité du territoire national mais, surtout, affecte l’économie du pays vu les pertes que subit cette richesse. Toujours selon la même source, les trafiquants qui viennent des pays de la région et au-delà bénéficient d’une complicité inespérée des contrebandiers algériens. Ces derniers, très connaisseurs du désert algérien, n’ont pas hésité à « collaborer » avec les trafiquants d’or venus d’ailleurs pour construire de véritables réseaux. A partir de cette relation « gagnant-gagnant », les deux parties tirent leurs profits en se partageant le butin. Cette nouvelle forme de pillage, après celle ciblant les sites archéologiques, où sont vandalisés des objets d’art anciens et archéologiques a pris une ampleur

inquiétante, souligne une source sécuritaire. Les forces de sécurité font face à de véritables réseaux, parfois armés, qui sont munis de grands équipements nécessaires à l’extraction de l’or. Des réseaux qui possèdent, poursuit la même source, des détecteurs de métaux haut de gamme, des véhicules 4X4, des groupes électrogènes, des marteaux-piqueurs et des denrées alimentaires pour pouvoir passer plusieurs jours dans les mines et extraire les pépites du précieux métal jaune. Certains trafiquants possèdent même des camions et des téléphones satellitaires de type Thuraya. C’est avec ces engins que les trafiquants de différentes nationalités arrivent sur le territoire national, puis localisent les mines d’or et passent à leur pillage. La situation risque d’échapper à tout contrôle, d’autant plus que ces « mercenaires » ont déjà réussi à faire passer d’importantes quantités d’or vers les pays voisins.

La grande mobilisation

Face à cette atteinte aux richesses nationales, les forces de sécurité, entre Gardes frontaliers (GGF) et militaires, ont déployé une stratégie pour surveiller plus rigoureusement les mines du pays et parer à toutes tentatives d’extraction illégale de l’or. Des postes de contrôle ont été même installés à proximité des mines, après que des pillages ont été signalés à répétition aux militaires et GGF. En plus, des centaines d’opérations suivies souvent par des interventions ont été menées par les forces de l’Armée et les GGF dans plusieurs région du sud du pays. C’est suite à ces offensives que l’ANP a confirmé l’implication de contrebandiers algériens dans le pillage de l’or algérien. Il n’y a pas longtemps de cela, onze trafiquants maliens, sur le point de quitter le territoire algérien vers le Mali, ont été arrêtés avec, à bord de leur camionnette, une quantité d’or, un important lot de médicaments, des marteaux-piqueurs, des détecteurs de métaux et des pièces de rechange pour divers engins. La traque des forces de sécurité est fructueuse car cette fois ce sont quatre autres Subsahariens qui ont été interceptés, il y a trois jours, par les gendarmes de Tamanrasset.

La fouille de leur véhicule a permis de découvrir quatre pierres parsemées de pépites de métal jaune et un téléphone satellitaire de marque Thuraya. L’interception des trafiquants s’est déroulée près du village Amsel, faut-il le souligner. Les quatre étrangers font partie d’un réseau de trafic d’or. Ces derniers étaient en contact avec leurs acolytes qui, eux, se trouvaient près d’une mine pour passer à l’acte. Les deux groupes de trafiquants s’échangeaient des renseignements à partir du téléphone satellitaire. L’or algérien est en péril, mais c’est compter sans la vigilance des services de sécurité qui traquent sans relâcher les contrebandiers.

Sofiane Abi