10eme session du conseil d’association Algérie-UE: La montagne accouche d’une souris

10eme session du conseil d’association Algérie-UE: La montagne accouche d’une souris

Mogherini a qualifié l’Algérie de «partenaire clé» de l’UE. Une langue de bois très européenne qui cache mal le refus de renégocier l’Accord d’association.

L’Algérie et l’Union européenne ont finalisé l’évaluation de l’Accord d’association qui les lie depuis 2005, trois ans après sa signature, en 2002. Cette évaluation réalisée à la demande de l’Algérie qui a constaté une asymétrie flagrante en faveur de l’Union européenne dans la mise en oeuvre dudit accord, a tenu à rappeler à l’UE l’énorme déséquilibre entre les deux parties en matière d’import-export. Un constat de terrain, chiffres à l’appui, a amené l’Algérie à demander les comptes d’un Accord d’association, plus ruineux que satisfaisant pour elle.

Le constat a été relevé et si les deux parties ont entériné le document portant «conclusions de l’évaluation conjointe de la mise en oeuvre de l’Accord d’association Algérie-UE», c’est qu’une sorte de consensus s’en est dégagé. «Nous entendons tout faire pour tirer le meilleur de l’Accord d’association et nous projeter ensemble résolument vers l’avenir, un avenir qui sera qualitativement meilleur pour les deux parties», a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lors d’un point de presse à l’issue des travaux. En termes clairs, disons que le consensus n’est pas véritablement au rendez-vous. Lamamra a choisi un langage diplomatique pour dire que les Algériens changeront de ton et défendront crânement leurs intérêts, à défaut de renégocier le fond de l’Accord. «Nous avons constaté qu’il y a une asymétrie structurelle dans la manière dont l’accord a été appliqué.

Nous estimons que s’il doit y avoir une asymétrie à l’avenir, elle doit être au bénéfice de l’Algérie et de l’économie algérienne», a plaidé le ministre, non sans préciser que l’Algérie demeurera «respectueuse de sa signature et de ses engagements». Son coanimateur de la conférence de presse, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, reconnaît au ministre algérien le droit de réclamer des dispositions de l’accord afin qu’il «profite davantage au développement de l’Algérie». Mme Mogherini, qui doit retenir la détermination du pays de son hôte à ne plus se laisser faire, a qualifié l’Algérie de «partenaire clé» de l’UE. Une langue de bois très européenne qui cache mal une sorte d’esquive qui risque de déboucher sur un conflit latent.

Son collègue dans l’UE, le commissaire Hahn n’a pas dérogé à la tradition de langue de bois, en soulignant que les accords signés à Bruxelles étaient de nature à aider l’Algérie à diversifier «son économie en contribuant à la création d’emplois et à la modernisation de ses finances publiques». En somme, les Européens tiennent à leur mouture qui leur est très favorable et tentent de maintenir une sorte de relations minimales, histoire de justifier un bilan. «Notre objectif est d’aider l’Algérie à remédier aux difficultés économiques auxquelles elle est confrontée actuellement et à forger des liens plus étroits avec les entreprises européennes», a affirmé le fonctionnaire, sans évoquer un quelconque programme d’investissement ou de transfert de technologie.

L’autre volet de la présence de Lamamra à Bruxelles et sans doute plus important que l’Accord d’association est en rapport avec le dialogue Algérie-Otan. En effet, le ministre des Affaires étrangères s’est entretenu avec le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan), Jens Stoltenberg, au siège de l’Alliance à Bruxelles. Engagé dans le dialogue méditerranéen de l’Otan depuis mars 2000 aux côtés de six autres pays sud-méditerranéens, l’Algérie est un interlocuteur de poids, même si ses appels n’ont pas été entendus lors de l’invasion de la Libye. Il reste que, diplomatie oblige, les liens n’ont pas été rompus et le développement de la situation dans ce pays, replace l’Algérie au centre de l’équation libyenne.