Alors que l’occupation marocaine mise à nu : Mohamed VI choisit Dakar pour discourir sur sa politique coloniale

Alors que l’occupation marocaine mise à nu : Mohamed VI choisit Dakar pour discourir sur sa politique coloniale

Un rassemblement de soutien à la cause du peuple sahraoui, se tiendra demain, à place Trocadéro, au cœur de la capitale française, Paris, sous deux principaux slogans «maintenant le référendum d’autodétermination au Sahara occidental et Libération des prisonniers politiques sahraouis ».

À l’appel des associations de la Communauté des Sahraouis en France (ACSF) et de la Plateforme française pour la solidarité avec le peuple du Sahara occidental, les manifestants se retrouveront au Trocadéro, Paris. Point de départ de la marche des manifestants jusqu’à la représentation diplomatique du royaume, en France, pour exiger l’application du droit international au Sahara occidental, dernière question de décolonisation en Afrique, inscrite sur l’agenda des Nations unies (ONU).

La manifestation de Paris des réseaux de soutien à la cause du peuple sahraoui est un message fort, notamment aux responsables du gouvernement français, qui n’a cessé d’appuyer la colonisation marocaine au Sahara occidental, depuis novembre 1975, date de l’invasion de l’armée du Palais royal, des territoires sahraouis, en violation avec le droit international. L’occasion pour les manifestants de réaffirmer leur opposition à la politique de soutien inconditionnel aux autorités coloniales marocaines au Sahara occidental, par les différents gouvernements français, depuis 1975, de droite comme de gauche.

Une donne qui a considérablement contribué, notamment par le rôle de la France au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, à ajourner la tenue du référendum d’autodétermination au Sahara occidental. Une manifestation au cœur de la capitale française, qui rappellera pertinemment qu’après 41 ans de l’invasion militaire marocaine du Sahara occidental, la lutte du peuple sahraoui pour sa liberté et son indépendance demeure un droit légitime à ce jour, et l’organisation du référendum au Sahara occidental est la solution incontournable, au regard de la nature fondamentale du conflit opposant le Front Polisario et le Maroc, car il s’agit d’une question de décolonisation.

Si le roi du Maroc a préféré, hier soir et pour la première fois, s’adresser à ses sujets marocains, à partir de Dakar, c’est que de part ses accointances dans ses relations avec la France, le Sénégal n’a cessé de suivre Paris dans son soutien à la colonisation marocaine au Sahara occidental. Une tribune à Dakar, loin d’une distance à vol d’oiseau de 1544,9km, de Terfaya, ville marocaine située à l’extrême sud du territoire du royaume chérifien, celui reconnu par la Communauté internationale et l’ensemble des États de par le monde, dont la France et le Sénégal.

Les Sahraouis dans les territoires du Sahara occidental subissent de plein fouet et au quotidien les violations des autorités coloniales de Rabat. Des pratiques que les peuples d’Afrique ont vécu, dans leur chair et sang, durant la longue nuit coloniale, avant le déclenchement des luttes pour les indépendances menées, par les, Sankara, Lumumba, Abane , Basssiri, Omar El Mokhtar, Mustapha el-Ouali, Nelson Mandela et le martyr le président sahraoui Mohamed Abdelaziz. Ce qui rend difficile voire impossible pour le souverain marocain, et à partir de Dakar, de vendre «la marche verte» projet hérité de son père Hassan II, à une opinion africaine, hostile et opposée farouchement à toute idée de nature coloniale ou néocoloniale.

Et si à partir du Sénégal le souverain marocain a choisi de discourir sur les «bienfaits» de sa colonisation au Sahara occidental, hier, à partir de Dakar, des Institutions, des ONGs et des associations à travers le monde lui ont rappelé fortement qu’il s’agit d’une occupation illégale et que le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination est incontournable. Le comité de l’ONU pour les Droits de l’Homme a en effet avec Reporters sans frontières (RSF) et les Associations en charge des droits de l’homme, pointé du doigt la responsabilité du système colonial marocain dans les territoires sahraouis, des souffrances du peuple sahraoui et dans la dilapidation de ses richesses naturelles.

Pour le Comité onusien des Droits de l’Homme, «l’État marocain doit poursuivre et renforcer les efforts engagés dans le cadre du processus de négociation relatif au statut du Sahara occidental mené sous les auspices du Secrétaire général des Nations unies» de façon est-il indiqué dans ses recommandations «à garantir le droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental», souligne le comité. Demeurant préoccupé par les informations, selon lesquelles Rabat «ne prendrait pas toutes les mesures nécessaires» précisent les membres du Comité onusien «pour consulter le peuple du Sahara occidental sur l’exploitation de ses ressources naturelles».

Indiquant que le Maroc «devrait poursuivre et accélérer ses efforts pour élucider tous les cas de disparition forcée, y compris ceux liés au Sahara occidental» souligne-t-on, le Comité somme Rabat « de procéder sans délai à des enquêtes en vue d’identifier, juger et punir les responsables de disparitions forcées». De son côté RSF a demandé vendredi dernier, à Rabat de «lever toute entrave sur l’information au Sahara occidental», sous occupation marocaine, et à cesser de «bafouer le droit des journalistes sahraouis et étrangers à couvrir» l’actualité dans les territoires occupés.

Citant dans son communiqué notamment l’actualité liée à des « agressions lors des manifestations, procès contre des journalistes-citoyens sahraouis, expulsion de journalistes étrangers » précisant, plus loin « le maintien d’un contrôle abusif sur l’information au Sahara occidental» RSF indique que «les autorités marocaines y rendent pratiquement impossible le travail des reporters» selon la même source.