Santé: 130 greffes rénales réalisées en deux ans

Santé: 130 greffes rénales réalisées en deux ans

Le CHU de Batna projette d’atteindre en 2017 la norme internationale de 80 à 90 greffes/an.

En dépit de la cadence soutenue des interventions, quelque «200 dossiers sont en attente» par manque de moyens pour satisfaire une forte demande exprimée en greffes rénales émanant de tout le pays.

Tout au début, il était difficile d’imaginer que de jeunes médecins, établis dans une ville de l’intérieur du pays comme Batna, pouvaient en quelques années seulement effectuer avec succès des greffes rénales et se dresser chacun en leader national dans ce type de chirurgie si délicate.

En 2016, cette équipe a pu dépasser le seuil des 50 transplantations rénales fixé par la tutelle, prouvant que l’expérience des transplantations était loin d’être une «aventure passagère», se réjouit le chef du service néphrologie au Centre hospitalo-universitaire (CHU) Touhami-Benflis de la capitale des Aurès, Ahmed Bougroura.

La «ferme conviction» que les greffes constituaient l’unique et seul moyen de rompre la dépendance des insuffisants rénaux aux appareils de dialyse, a amené ces jeunes médecins à persévérer pour réussir, indique ce praticien.

Depuis le 31 mars 2014 en effet, plus de 130 greffes ont été réalisées par le service de néphrologie de Batna et plus de 200 dossiers y sont en attente, assure Bougroura. Il a ainsi relevé que le staff médical «est dans l’incapacité de satisfaire cette forte demande en dépit de la cadence soutenue des interventions».

Pour ce praticien, le mérite de cette réussite, revient au Pr émérite Hocine Chaouche, le doyen des greffes en Algérie.Le Pr Chaouche nous a accompagnés, soutient-il, depuis le début et après deux années et demie, soit en novembre dernier, l’équipe médicale locale a commencé à réaliser en toute autonomie ces interventions», a-t-il précisé et d’ajouter que «aujourd’hui, nous ne faisons appel au Pr Chaouch que pour les seuls cas compliqués».

Pour le Dr Othmane Chinar, membre de l’équipe médicale de transplantation, le succès des greffes rénales à Batna atténue les souffrances des malades du service dont, regrette-t-il toutefois, seuls deux patients ont pu se faire greffer durant la période de 2012 à 2014. Après avoir obtenu, fin 2014, l’autorisation de procéder à des greffes rénales au terme de 10 greffes réussies, le service de néphrologie du Centre hospitalo-universitaire de Batna a pu s’affirmer en pôle de référence dans ce domaine. «Ayant pu dépasser en 2016 l’objectif initialement tracé, nous projetons d’atteindre en 2017 la moyenne internationale de 80 à 90 greffes par année», a encore affirmé Bougroura.

Pour lui, le principal défi sera toutefois de réaliser des transplantations de reins à partir de donneurs décédés. Le même praticien assure qu’à cet effet, une formation sur ce type de greffe a été organisée au profit du staff médical local avec le concours de l’Agence nationale des greffes (ANG). Il a été également procédé à une mise en place des dispositions techniques nécessaires dont une équipe spécialisée de réanimation médicale affectée au service des urgences. «Nous sommes entièrement préparés pour réaliser, à tout moment, une telle intervention», a indiqué Bougroura. Il a par ailleurs souligné que durant l’année 2017, le staff médical en charge des greffes rénales à Batna, effectuera des déplacements vers certaines wilayas du Sud-Est et du Sud-Ouest dans le cadre des échanges d’expériences.

Selon le directeur de la santé de la wilaya, Idris Khoudja El Hadj, l’équipe médicale formée à Batna sous l’égide du Pr Chaouche, devra programmer entre huit et 12 greffes de reins mensuellement, soit quelques 100 transplantations par an. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, avait honoré, le 18 septembre de l’année écoulée à Batna, l’équipe médicale réalisatrice de ces greffes, lors d’une cérémonie tenue au CHU. Il avait alors relevé que Batna a réussi à se hisser à la première place dans le pays en termes de greffes rénales, dessinant ainsi les contours d’un futur pôle d’excellence médicale implanté dans la région des Aurès.