Le cri d’alarme du Pr Karima Achour : Le kyste hydatique, un cancer blanc à prendre très au sérieux

Le cri d’alarme du Pr Karima Achour : Le kyste hydatique, un cancer blanc à prendre très au sérieux

n-PR-KARIMA-ACHOUR-large570.jpgKarima Achour est professeur au CHU de Bab El Oued et chef du service de chirurgie thoracique. A la veille de la fête de l’Aïd Al-Adha, elle revient dans un entretien au HuffPost Algérie sur le kyste hydatique, ce cancer blanc qu’il faut d’autant plus prendre au sérieux que la prévention laisse à désirer.

Qu’est-ce que c’est, le kyste hydatique ?

« Le kyste hydatique, que nous appelons communément le cancer blanc, une maladie parasitaire. C’est un parasite qui touche le corps humain à travers un contact animalier. Un être humain est dans ce cas un être intermédiaire, accidentel dans la chaîne de parasites.

Lors de l’Aïd, lorsque nous égorgeons les moutons, dans le Nord du pays, ou les chameaux, dans le Sud, nous retrouvons souvent des foies et des poumons infestés de kystes. Les gens les mettent alors dans des sachets et les jettent. Ce qui se passe est que des animaux, à commencer par les chiens et les chats, déterrent ces organes pour les consommer et deviennent notre intermédiaire. A ce moment là, ils vont contribuer à ce que la maladie touche l’homme, à travers leurs selles qui contaminent le sol et les légumes ou quand les gens les caressent. Automatiquement, le contact est là et la maladie, dont le traitement est chirurgical, survient. »

C’est la veille de l’Aïd, beaucoup d’Algériens ont tendance à ne pas prendre au sérieux les mises en garde sur le kyste hydatique. Ont-ils tort…?

Oui ! D’abord, le terme kyste hydatique est très « gentil ». Nous, chirurgiens, appelons cette maladie le cancer blanc. Quand elle touche plusieurs organes, dont le foie et le poumon, une partie ne fonctionne plus. Le parasite, très virulent, se développe au détriment de l’organe, même au niveau du cerveau, du cœur et d’autres parties du corps.

kyste hydatique

Le problème en Algérie est d’autant plus dangereux en raison de l’absence de prévention. Nous ne contrôlons pas la vaccination des animaux primaires, nous ne contrôlons pas non plus l’abattage des chiens errants. Et même le traitement médical n’existe pas. Nous sommes défaillants sur les trois chaînes. Les gens sont plus concentrés à acheter un mouton qu’à prévenir de cette maladie.

Quels sont les effets de cette maladie et son étendue ?

Cette maladie se développe au détriment du foie, des poumons ou des organes touchés. Il bouffera l’organe jusqu’à ce que celui-ci soit défaillant. Et nous découvrons cette maladie accidentellement.

Le kyste hydatique touche des milliers de personnes. Son traitement est essentiellement chirurgical, les médicaments sont inexistants en Algérie. C’est une maladie d’hygiène qui existe en Amérique latine, en Turquie et en Europe de l’est.

Ce parasite ne touche pas le muscle et les gens peuvent manger la viande le jour de l’Aid.. Mais il faut brûler les vésicules qui apparaissaient sur les organes. Le parasite doit être brûlé car il a la capacité de vivre dans le mouton, le chien ou l’être humain bien que nous soyons génétiquement très différent.

C’est une bête atroce que vous pouvez attraper dans votre maison, que vous ayez déjà égorgé un mouton ou pas. Vous pouvez attraper le kyste hydatique partout où que vous soyez car son parasite est très violent, très virulent ».

Quelle précautions doit on prendre le jour du sacrifice à propos du mouton de l’Aïd ?

C’est très simple, à l’abattage, il faut un contrôle. On se rend compte des vésicules car ceux qui abattent ont de l’expérience même s’ils ne sont pas du domaine médical. Les vésicules qui apparaissaient sur les organes doivent être brûlées. Il faut également multiplier les actions de préventions.

Nous avons créé une société cette année pour que les gens du domaine puissent faire quelque chose et éradiquer le kyste hydatique. Mais les autorités pensent que nous n’avons que quelques cas. La maladie est là, et de plus en plus alors qu’il n’y a aucun contrôle. Les gens ne sont même pas prévenus qu’il faut incinérer les organes malades. Ils sont tous enterrés. Il faut aussi vacciner les animaux malades pour éviter que les chiens ou les chats ne transmettent le parasite.