A la veille de l’examen du procès du Dr Ouali de Djelfa : Les praticiens brandissent la menace de la rue

A la veille de l’examen du procès du Dr Ouali de Djelfa : Les praticiens brandissent la menace de la rue

Le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) mobilise ses troupes en prévision d’une vague d’actions de protestation prochainement. La situation dans laquelle se trouve le secteur, les conditions de travail et la pression qui s’abat sur le personnel médical en plus de la fermeture des portes du dialogue ont fait que le recours à la rue reste la seule voie à même de faire valoir les revendications en suspens.

« Nous ne pouvons plus continuer à travailler sous la menace. Si les choses restent en l’état actuel, nous allons entamer une série d’actions de protestation », a déclaré, hier, Lyès Merabet, président du SNPSP, lors d’une conférence de presse animée à Alger, en présence de maître Amine Sidhoum, avocat du Dr Oulai, gynécologue incarcérée dans l’affaire de la parturiente décédée à Djelfa. Dr Merabet n’est allé avec le dos de la cuillère, estimant que cette affaire a donné à réfléchir pour réévaluer les risques auxquels s’exposent les praticiens médicaux dans le cadre de leur travail.

L’issue de ce procès, réexaminé demain au tribunal de Aïn Oussara, « va être en tout cas déterminant », a-t-il averti. Et quel qu’il soit, la base est actuellement en concertation et « un conseil national se tiendra au début du mois d’octobre prochain pour définir les moyens de poursuivre le combat ». Dans cette affaire qui a défrayé la chronique durant l’été, « le personnel médical a été enfoncé, alors que personne n’a osé parler de la responsabilité du directeur de l’hôpital de Aïn Oussara, du DSP de wilaya », regrette Dr Merabet, reprochant au ministère de la Santé « de se constituer partie civile ».

Le conférencier ne ménagera pas non plus le premier responsable du secteur, Mokhtar Hasbellaoui, qui, critique-t-il, « n’a dit aucun mot sur cette affaire ». Pire, quatre mois après sa nomination à la tête de ce département, « rien n’a changé et le personnel médical continue d’être le bouc émissaire d’un système défaillant », assène le syndicaliste pour qui, « il est malheureux qu’en 2017, on parle encore d’insécurité sur les lieux de travail ». Ceci, au moment où le dialogue tant attendu avec le nouveau ministre tarde à voir le jour. Selon Dr Merabet, Hasbellaoui a rencontré le syndicat SNPSP, le 17 juillet dernier, « pour une séance de connaissance et de prise de contact ». Depuis, c’est le silence radio !

Le flou reste entier sur toutes les revendications, de même pour la loi sanitaire dont le projet a été retiré de l’agenda de la huitième législature. Pourtant, le président du SNPSP ne nourrit pas trop d’espoir, puisque, dit-il, « ce n’est pas cette loi qui va faire sortir le secteur de la situation dramatique dans laquelle il se trouve ».

Des zones d’ombre !

Amine Sidhoum, de son côté, est revenu sur les zones d’ombre qui entourent l’affaire de la mort d’une jeune parturiente en juillet dernier à Djelfa, dénonçant au passage « un précédent grave dans l’histoire de la justice et de la santé en Algérie », car ce qui s’est passé « n’est autre qu’une décision politique prise sous la pression de la rue et non une décision juridique ».

L’avocat du Dr Ouali, médecin spécialiste en gynécologie, en détention depuis le 6 août pour « négligence » et « non-assistance à personne en danger » estime que le dossier de sa cliente « est vide ». Selon lui, s’il y avait un procès équitable, « elle serait libérée par la force de la loi ». Et pour cause, on ne peut poursuivre quelqu’un pour non-assistance à personne en danger ou négligence « alors qu’elle ne se trouvait pas au même endroit », soutient-il. Le jour où la jeune parturiente s’est présentée à l’hôpital de Aïn Oussara, soit le 23 juillet, Dr Oulai, « se trouvait à Alger, à des milliers de kilomètres et elle a faxé un certificat d’arrêt de travail ». Sur la base de ce document, la direction de l’hôpital devait faire une réquisition d’un autre médecin. Mais, jusqu’à présent, dénonce l’avocat, « nous n’avons pas vu ni pu avoir cette réquisition ».

Ce n’est pas tout puisque le flou entoure la mort du bébé retrouvé dans la voiture dans laquelle a été transportée la maman « avec un cordon ombilical coupé et ligaturé ». « Qui a coupé le cordon et qui a effectué l’accouchement ? », se demande l’avocat qui réclame « une enquête approfondie et la libération immédiate de Dr Oulai ».