Interdiction d’importation depuis octobre 2016: Comment la banane se retrouve sur le marché.

Interdiction d’importation depuis octobre 2016: Comment la banane se retrouve sur le marché.

Des conteneurs de bananes ont été saisis, vendus aux enchères et rachetés par les mêmes importateurs.

Une source spécialisée proche des milieux de l’import- import vient de lever le voile sur les raisons de la flambée des prix de la banane. Cédée en 2016 à 180 DA le kilogramme, elle atteint ces derniers jours les sommets :

900-1 000 DA le kilogramme. Soit 500% de hausse en moins d’une année.

Une situation jamais vécue auparavant. À la source de cette brutale flambée des prix de ce produit les décisions du gouvernement et les dysfonctionnements des circuits de l’importation. Plus précisément, quand les pouvoirs publics ont décidé l’arrêt des importations en octobre 2016, ils ont ouvert la voie à la contrebande et au trafic sur ce produit.

En l’absence de ces importations, la satisfaction des besoins du marché a été couverte par la contrebande. Mais en partie. L’autre source a été la vente aux enchères.

Avec l’interdiction décidée d’importer la banane dans l’attente de l’institution des licences d’importation, une situation inédite s’est produite : les importateurs, certains avec de faux registres du commerce, ont débarqué des conteneurs de bananes. La douane a saisi ces marchandises et les a mises aux enchères. Les mêmes importateurs ont fait les meilleures offres et ont racheté les quantités de bananes. Ce tour de passe-passe ajouté à la rareté du produit sur le marché  en raison de l’arrêt des importations expliquent pourquoi  la banane aujourd’hui atteint les 1 000 DA.

Pour bien cerner ce trafic, il faut savoir qu’au mois de septembre 2015, en raison de la crise qui a affecté l’Algérie, le gouvernement a décidé l’institution d’une autorisation pour l’importation de la banane alors que l’opération était libre auparavant. Une centaine d’importateurs se sont manifestés et ont obtenu ces autorisations. Du “tout venant”, et bien sûr des non-professionnels. Avant les autorisations, 8 importateurs se partageaient le marché.  Des gros opérateurs qui avaient d’importants moyens de transport et de stockage.

Ces non-professionnels au lieu d’importer la banane par navires spécialisés, le faisaient par conteneurs, ce qui coûtait en fret 30% plus cher. Voici donc une autorisation administrative censée réguler le marché, mais qui renchérit nos importations, soit à l’inverse de l’objectif du gouvernement de rationaliser les importations.

Ces non-professionnels sont à l’origine de l’organisation de ventes aux enchères. Alertés sur ce trafic, les services de contrôle ont décidé, il y a quelques semaines, d’interdire la vente aux enchères. Ils ont donné instruction pour que les conteneurs de bananes ne soient pas débarqués et donc refoulés en attendant que les importations puissent être légalement effectuées via les licences d’importation qui vont sans doute être délivrées en mars, voire en avril 2016. Cette directive est-elle suivie ? En tout cas,  ce n’est pas le cas pour la pomme.

“30 conteneurs de pommes, soit plus de 600 tonnes, viennent de sortir du port d’Oran sous ce procédé”, confie un transitaire.

Ainsi, pendant que la plupart des Algériens subissent de plein fouet une érosion du pouvoir d’achat en raison de la crise, des importateurs et des contrebandiers ont amassé des fortunes illégalement sans que l’État puisse arrêter cette mafia des conteneurs.