Vacances scolaires: Où se situe la lecture dans leurs loisirs ?

Vacances scolaires:  Où se situe la lecture dans leurs loisirs ?

L’auteur Neil Gaiman, dans son plaidoyer hautement instructif “Pourquoi notre futur dépend des bibliothèques, de la lecture et de l’imagination” disait : “Nous avons besoin que nos enfants posent un pied sur l’échelle de la lecture : tout ce qu’ils aimeront lire les fera progresser vers le haut, un échelon après l’autre, vers l’instruction.” C’est la période des vacances scolaires, et de nombreuses manifestations à l’intention de nos enfants sont programmées çà et là. À Alger, à l’Office Riadh El-Feth (Oref), il y a du chant, des contes, des marionnettes, des clowns, de la magie, des pièces de théâtre, des ateliers de dessin, de mangas, et c’est tant mieux.

Au TNA également, des pièces de théâtre destinées aux enfants sont jouées pour les faire rire sans doute, mais surtout -il faut le dire- pour leur inculquer des valeurs capitales pour leur avenir, à savoir : le respect, la propreté, l’honnêteté, la politesse, l’amour de l’autre, la préservation de l’environnement… Au théâtre d’Oran sont également programmées des pièces théâtrales, à Constantine aussi où les responsables ont déclaré que pour aller vers de tels évènements et création, il fallait d’abord structurer les choses, professionnaliser l’écriture théâtrale, revoir son mode d’interprétation et prendre les choses au sérieux car “écrire avec créativité une pièce pour enfants est une tâche très ardue qui requiert de l’expérience et un vaste savoir au regard de spécificités de l’univers de l’enfant très différent de celui de l’adulte”, avait soutenu Sami Nasri, président de l’association Essitar edhahabi pour les arts et la culture.

Il ne croyait pas si bien dire, car l’écriture pour enfants n’est pas une mince affaire, et la production destinée à cette catégorie de lecteurs doit être une priorité absolue vu son importance, mais là s’ouvre un autre débat. Pour l’heure, il s’agit de “re”valoriser l’acte de lire, de redonner à la lecture sa noblesse et sa place d’antan. De faire revenir la lecture-loisir aussi bien à l’école que pendant les vacances. Mais selon beaucoup de parents interrogés à l’esplanade de Riadh El-Feth, “l’école leur fait tellement de bourrage de crâne que nos enfants ne veulent plus voir de livres pendant leurs vacances” ; “Non, ça ne me dérange pas qu’il ne soit pas question de lecture dans ce programme” ; “Non, ils sont là pour s’amuser et je ne veux pas leur faire subir des contraintes…” Ainsi en est-il advenu de la lecture chez nous, et rares sont les parents qui considèrent l’acte de lire comme un enseignement autant qu’un loisir.

En creusant un peu, il faut revenir au stage d’initiation : conter, chanter et lire aux plus petits dans les crèches, et pourquoi pas à la maison avant de dormir ; faire lire, puis raconter à son tour pour développer l’imaginaire de l’enfant ; créer des livres et des personnages à la mesure de chaque âge pour accompagner l’enfant et le suivre plus tard dans sa progression. Selon une étude faite par l’Association de recherche et de pratique sur le livre pour enfants en France, les petits “aimaient écouter des histoires, mais depuis l’apprentissage de la lecture, il y a ceux qui peinent à lire et ceux qui savent bien lire mais qui n’ont pas trouvé ce qui les intéresserait assez pour avoir envie de consacrer du temps à la lecture.”

Et là interviendrait le rôle du “médiateur” qui aura été formé justement pour gagner ce nombre d’enfants “en désamour de lire” en les accompagnant sur ce chemin de l’amour du livre par des outils, des techniques et des pistes qu’il aura à explorer lors d’ateliers de pratique initiés par ceux qui veilleraient réellement à ce que nos enfants évoluent pleinement et sainement. Et pour reprendre encore Gaiman, un auteur qui n’a de cesse de tirer la sonnette d’alarme : “Nous avons l’obligation de comprendre et de reconnaître qu’en tant qu’écrivains pour enfants, nous accomplissons un travail important parce que si nous ne le remplissons pas correctement et que nous écrivons des livres ennuyeux qui détourent les enfants de la lecture et des livres, nous amoindrissons notre avenir et diminuons le leur.” Mais où se situe la lecture chez nous et quel avenir donnons-nous à nos enfants aujourd’hui… ?